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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURLa mère La plupart des femmes passent, me semble-t-il en ce qui concerne la maternité, par trois phases bien caractérisées. Dans la première, pendant les années pleines d'illusions de la jeunesse, la maternité vue de loin apparaît sous un jour le plus séduisant, la future mère voit tout en rose. Avoir un bébé à soi, un bébé vivant , un bébé qui rie et qui crie ! quelle joie ! ... que dis-je ? qui crie ? Mais le bébé qu'elle aura sera une perfection, on n'en aura jamais vu de pareil, il ne criera jamais, il fera toujours la risette; il aura toutes les qualités et pas de défauts ! L'idéal entrevu est si beau, si parfait, qu'à l'horizon lointain le ciel est bleu, tout bleu, sans nuages. Puis quand l'enfant est né, dans les premières années, une transformation s'opère dans l'esprit de plus d'une mère, elle ne trouve plus si drôle d'avoir des enfants, il y a tant de soins à donner, tant de devoirs matériels à remplir, tant de petits ennuis à supporter, il faut renoncer à tant de plaisirs, de sorties et de soirées, l'enfant pleure et crie si souvent que la scène change complètement; le front de la jeune mère s'assombrit, la mauvaise humeur s'en mêle, l'horizon se couvre de nuages, tout apparaît triste et gris, et à l'occasion, on ne se gêne pas de faire des reproches au brave mari, qui n'y peut rien. Ah ! si l'on en restait là, la situation risquerait de devenir dangereuse, la comédie pourrait bien tourner à la tragédie. Heureusement qu'il n'en est pas toujours ainsi - du moins dans les ménages unis - la mère arrive peu à peu à une synthèse des deux points de vue. L'expérience lui apprend que dans la maternité, comme dans toutes autres choses, il y a à la fois du rose et du gris, presque en égales proportions; l'idéal réalisé est autre que l'idéal entrevu, cela est vrai, mais à certains égards, il ne lui est pas inférieur, au contraire. Si la mère est une femme de valeur morale, si elle a compris jusqu'au fond ses devoirs à l'égard de ses enfants, bientôt elle fera cette double expérience: son devoir de mère est à la fois bien plus beau et bien plus douloureux qu'elle ne se l'était imaginé. Bien plus beau: puisqu'elle est appelée, en l'accomplissant, non seulement à donner la vie à un être animal, mais encore et surtout à communiquer la vie supérieure à un être spirituel, formé à l'image de Dieu. Rien de plus élevé que sa tâche, rien de plus grand, rien qui donne à la créature humaine un sentiment plus net de ses hautes destinées. Bien plus douloureux d'autre part; car à mesure qu'elle avance dans l'accomplissement de sa tâche, à mesure aussi elle constate les abîmes du péché que son enfant côtoie en grandissant, elle passe par des heures de luttes, d'angoisse même, à côté desquelles l'enfantement physique n'était rien. C'est dans l'éducation de ses fils et de ses filles qu'elle connaît les vraies douleurs, et si tel d'entre eux tourne mal, sa douleur touche à l'infini, elle peut devenir du désespoir. Comme nous le disions pour le mariage, par la maternité, la femme ressent à la fois quelque chose des joies ineffables du ciel et des souffrances indicibles de l'enfer; car, pour peu qu'elle réfléchisse, elle se rend compte que le devoir qu'elle accomplit alors a une portée éternelle. En élevant des créatures humaines, c'est leur éternité qu'elle prépare. |
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