Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Au village... et ailleurs

Depuis vingt ans j'habite les environs d'un village populeux; les enfants y fourmillent, j'allais dire qu'ils y grouillent. S'ils ne faisaient que cela, ils useraient d'un droit légitime que personne ne songerait à leur contester, mais ces enfants forment, collectivement, la horde la plus sauvage qu'il soit possible de rencontrer.

Par ci par là, quelque garçon un peu moins grossier, quelque fillette un peu plus réservée témoignent de l'influence d'une brave mère, d'un père strict et ferme. Hélas! ce ne sont que de rares exceptions.

Dimanche après dimanche, la horde envahit les vergers, pille les arbres à fruits, jonche le sol de leurs rameaux brisés, puis, fière de ces beaux exploits, va s'accroupir en un fossé, le long de la route poudreuse, ricanant aux passants, avec force vilaines manières et force vilains mots. La nuit venue, notre escouade regagne le village et chaque gamin son logis, où l'attend quelque grognée paternelle, parfois, quelque volée de bois vert sur le dos. Volée ou non, il rentrera un peu plus tard dimanche prochain.

Mais que font les villageois pendant que leur progéniture se livre à ces gracieux ébats? Ce qu'ils font? Les pères jouent aux quilles, arrosant la partie de maintes bouteilles de petit-blanc; les mères aiguisent leurs langues, siégeant en conclave dans les cuisines, passant le prochain au laminoir. Que d'ouvrages n'abattraient-elles pas durant les six jours de la semaine, si l'aiguille marchait aussi vite que vont les propos !

Pour ces bonnes mères quel débarras! Voici enfin un jour de liberté, les enfants courent où il leur plaît, font ce qu'il leur convient; plus de nez à moucher, plus de larmes à essuyer, plus de sottises à corriger; la grande route, un fossé se chargent de la besogne maternelle! Quelle chance! on ne les reverra pas de sitôt, ces fatigants marmots!

Ce soir, ils rentreront, les joues couvertes d'égratinures, le front bosselé de coups de pierres, les habits déchirés, de sales propos plein la bouche. Bah ! une bonne fouettée racommodera tout.

Qu'est-ce que cela, d'ailleurs, en comparaison des friands commérages, des savoureuses médisances qu'on a dégustées au frais, entre soi...

Et l'on se demande pourquoi l'esprit de famille est si rare aujourd'hui! La grande cause, la cause primordiale nous venons de le voir: c'est l'égoïsme. Egoïsme chez la mère: il est si doux de babiller entre voisines, il est si doux d'envoyer promener les enfants, ces ingrats, ces mal élevés, ces polissons! Egoïsme chez le père: il est si doux de s'asseoir entre amis de bouteille, au cabaret, sans se gêner pour personne ni pour rien, et là de boire à gosier que veux-tu ! Egoïsme chez les enfants: il est si doux de planter là ses parents, de courir avec les camarades, si doux de dire de gros mots, de crier des sottises aux passants, de marauder, de ne plus entendre la mère qui gronde, de ne plus sentir la patte du père, qui frappe dur quand il est de mauvaise humeur!

A bas les chaînes qui nous lient ! à bas les devoirs qui nous obligent! à bas les égards qui tissent des fils ténus mais solides entre parents et enfants ! Le grand but de la vie n'est-il pas de s'amuser? le grand moyen de s'amuser n'est-il pas d'éloigner ce qui nous ennuie ? Plus tard, quand nous serons vieux, nos enfants nous mépriseront peut-être: vivant à l'étranger, au milieu de l'aisance, ils nous laisseront peut-être mourir de faim dans nos taudis. Bah ! n'y pensons pas. Chacun pour soi, demain n'est pas là de sitôt.

Ne nous semble-t-il pas voir un pauvre corps attaqué de la gangrène? Le corps, c'est la famille. La gangrène c'est cet affreux égoïsme qui envahit les grands, puis les petits, jusqu'à ce qu'il ait imprimé sur tous, en une ineffaçable empreinte, son sceau de misère et de condamnation.

Père buveur et paresseux, voyez ce fils ivrogne et débauché ! Mères insouciantes et bavardes, voyez ces filles perdues à seize ans Pères et mères, sondez vos plaies, menez deuil et pleurez! Vous avez conservé et cultivé l'égoïsme: l'égoïsme de vos enfants vous brisera le coeur.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève