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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURBonnes manières On a dit que les bonnes manières viennent, par ordre d'importance, immédiatement après la vertu, et, doivent passer avant la science. Il est certain qu'il n'y a pas de meilleur passeport dans le monde, rien qui rende la vertu plus aimable et qui permette mieux d'utiliser les qualités morales. Le désir d'obliger, de faire plaisir est à la base des bonnes manières; car si la loi de la bienveillance est écrite dans un coeur, elle se montrera par le renoncement à soi-même, au sujet des plus petites choses, aussi bien que des plus grandes. Si nous pouvons inspirer à nos enfants cette bonté du coeur, nous aurons, par ce fait, le meilleur moyen de les rendre agréables. Nous devrions leur apprendre de bonne heure ce précepte: "Honorez tous les hommes", leur faire comprendre que des égards sont dûs à tout le monde, tandis que des façons hautaines et méprisantes, sont non seulement le signe d'une mauvaise éducation, mais la preuve que le christianisme fait défaut. La conduite de chacun de nos enfants envers les domestiques devra être surveillée à ce point de vue, afin que nul ne manque de bonté envers ceux dont les services demandent une affectueuse reconnaissance. Réprimons chez nos jeunes élèves toute tendance aux manières rudes, aux habitudes vulgaires, ne leur permettons pas d'élever la voix, de rire bruyamment, de se servir d'exclamations ni d'expressions exagérées, comme par exemple: "c'est horrible, épouvantable, monstrueux, dégoûtant !" Ne tolérons pas non plus leur langage enfantin au-delà d'un certain moment, qui doit être hâté et non différé. Les mots estropiés, les phrases embrouillées ou inachevées d'un bébé, sont désagréables sur les lèvres d'un enfant qui devrait parler correctement, et qui le pourrait si l'on ne s'était pas laissé aller autour de lui, à encourager ce langage en l'adoptant soi-même pour lui parler. De très bonne heure, les enfants doivent apprendre à s'exprimer correctement. N'employons jamais la raillerie ou l'ironie comme moyen éducatif, réprimons chez nos enfants toute disposition à s'en servir. Ne leur permettons ni de se moquer de quelqu'un, ni de le tourner en ridicule, ni de le contrefaire. La mimique peut être très amusante, mais elle a une fâcheuse influence sur celui qui la cultive et sur ceux qu'elle égaie; elle développe chez tous un tour d'esprit fort désagréable et absolument contraire au respect que nous devons au prochain. Des enfants bien dirigés sauront se conduire convenablement aux repas. C'est à ce moment que mille occasions se présenteront de les obliger à avoir une bonne tenue. Ils devront venir à table, s'asseoir, puis quitter leurs places non les uns après les autres, mais tous ensemble. Chacun devra attendre en silence son tour d'être servi. On ne leur permettra ni bruit, ni conversation, et s'ils prennent leurs repas avec leurs parents ils sauront voir sur la table des mets qui ne leur sont pas destinés, sans en demander. Savoir se taire est une partie importante des bonnes manières. Interrompre une lecture, une conversation, contredire, parler à tort et à travers sont choses que nous ne souffrirons pas. Ce manque d'égards indique de la présomption, le désir de s'imposer, et ne peut que déplaire. D'autres détails encore ont leur importance. A mesure que les enfants grandissent, on les voit souvent devenir timides et gauches; ils ont l'air embarrassé et malheureux dès qu'ils se trouvent en présence de personnes plus âgées, surtout en présence d'étrangers. Cela vient de ce qu'on ne leur a pas appris dès leurs premières années comment il faut se comporter en société, entrer, sortir, s'asseoir tranquillement, sans attirer l'attention, sans déranger personne, et répondre à une question, à une marque d'intérêt. Ces bonnes habitudes ont bien leur valeur, mais ne seront pas toujours faciles à obtenir. Il faudra beaucoup de temps pour que certaines natures adoptent des manières tout à fait correctes de sorte qu'elles deviennent absolument naturelles. Usons de beaucoup de support, de patience, sachons, tout en maintenant nos exigences ne pas rendre malheureux les enfants dont nous nous occupons. Surtout, rappelons-nous que ce ne sont pas les réprimandes, les remontrances, qui auront le plus d'effet sur eux, mais bien notre exemple et celui de notre entourage. C'est cet exemple qu'ils suivront quelles que soit d'ailleurs nos exhortations. Il va sans dire que nos efforts pour obtenir de bonnes manières, ne devront pas encourager l'affectation. Il vaut mille fois mieux que les enfants soient étourdis et turbulents, que guindés, compassés et préoccupés de chacun de leurs mouvements. |
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