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Qui aime bien, châtie bien.
Il est, de nos jours, peu d'enfants qui soient châtiés selon la parole de Dieu.
Un grand nombre de parents estiment avoir accompli leurs devoirs quand ils ont nourri, vêtu et établi leurs enfants, et n'ont aucune idée de l'éducation chrétienne même la plus élémentaire. Mais d'autres essaient de justifier leur négligence et leur lâcheté par de faux raisonnements.
Quelques-uns, lorsqu'on leur signale les fautes de leurs enfants, répondent ouvertement: je ne m'en tourmente pas, je n'aime pas les attrister. L'âge les corrigera.
De tels parents font erreur. Le temps qui s'écoule n'a pas pour effet d'affaiblir les mauvaises dispositions auxquelles les enfants s'abandonnent, mais au contraire de les fortifier. L'âge rendra les enfants habiles à cacher leurs fautes, à les commettre sans encourir de blâme et de jugements humains; mais bien loin d'atténuer le mal, il ne fait qu'apporter de nouvelles forces au péché.
D'autres parents, croyant faire preuve de spiritualité, disent: "C'est Dieu qui convertit, sans Lui on ne peut rien; quand Dieu aura converti mon enfant, tout sera changé en lui." Et dans cette vague espérance, ils n'agissent par aucun des moyens ordonnés de Dieu. Ils oublient que nous devons être ouvriers avec Dieu (I Cor. 3, 9), soit dans notre propre salut, auquel nous devons travailler avec crainte et tremblement (Philip. 2, 1), soit dans le salut des enfants que Dieu nous a confiés. C'est donc une insinuation de l'ennemi des âmes, et non un conseil divin qui autorise ce laisser-aller de tant de parents ayant pourtant de la piété.
Enfin il y a des parents qui savent très bien qu'ils devraient punir leurs enfants, mais qui manquent de courage pour le faire. Ils ont peur des cris et des luttes, et essayent par des détours et des raisonnements d'incliner la volonté de leurs enfants rebelles; mais en réalité ils abandonnent toute autorité, et sacrifient ainsi le bonheur éternel de leurs enfants à l'égoïste repos de l'heure présente.
Avant de dire quelles sont les conséquences de ces diverses manières d'agir aboutissant toutes au même résultat, je crois nécessaire d'expliquer ce que j'entends par châtier.
Châtier, ce n'est pas se venger du dommage que cause l'étourderie d'un enfant en le frappant avec colère pour chaque objet brisé, chaque vêtement sali ou déchiré. Non! ce dangereux mouvement de l'âme indignée rend incapable de garder la mesure entre la faute commise et le châtiment qui doit la punir. La colère risque toujours d'affaiblir l'affection ou au moins de la voiler aux yeux des enfants; ceux qui sont sensibles et craintifs s'effrayeront et deviendront menteurs, et ceux dont le caractère est plus rude seront encouragés dans la brusquerie et la réplique par la colère de leurs parents.
Châtier, c'est infliger à un enfant reconnu coupable une punition en rapport avec la faute qu'il a commise. Il faut prendre l'enfant à part, le regarder avec amour et tristesse, lui parler d'une voix ferme et douce du mal qu'il a fait à son allié, lui rappeler que Dieu le voit et l'entend partout, appeler par son nom le péché qu'il a commis, et enfin infliger la correction qui paraît la meilleure. Quand la punition a été infligée, il ne faut pas se conduire avec l'enfant de manière à ce qu'il puisse croire qu'on regrette de l'avoir puni, et cela en le caressant et en lui parlant immédiatement après de toute autre chose. Il ne faut pas non plus tomber dans l'extrême opposé, en montrant tout le jour un visage sévère au jeune coupable ou en luttant avec lui jusqu'à ce qu'il avoue qu'on a bien fait de le punir et jusqu'à ce qu'il ait demandé pardon dans la forme désirée. Cela ne ferait que l'irriter et l'enraciner dans sa révolte, sans que l'autorité de l'éducateur en soit fortifiée. Le châtiment suffit.
C'est lorsqu'un enfant est sage et heureux, c'est lorsqu'il recherche l'affection de ses parents, que ceux-ci, en y répondant par de douces caresses ou d'affectueux regards, ont l'occasion de lui dire qu'il est toujours tendrement aimé, soit qu'on doive le punir, soit qu'on puisse lui accorder les plaisirs qu'il sollicite. Quand un enfant est persuadé qu'il est aimé, c'est alors qu'on peut lui faire comprendre que les châtiments employés pour le corriger coûtent plus à son père et à sa mère qu'à lui. C'est le moment de lui dire que Dieu, qui ordonne au père et à la mère de châtier leur enfant quand il est désobéissant, l'aime plus que personne au monde ne peut l'aimer.
Il faut châtier..., mais on demandera: Quelles punitions faut-il employer ? La Bible parle souvent de la verge; sans doute ce mot symbolise l'idée générale de châtiment, et il est d'autres punitions très convenables et très utile; cependant, soyons sûrs que la verge n'est pas indiquée pour rien, et qu'elle est un des châtiments les plus salutaires. Quand on l'emploie dès les premières résistances de l'enfant, il se soumet de bonne heure, et à sept ans le règne de la verge peut être un temps tout à fait passé.
J'invite tous les parents à examiner les défauts spéciaux de chacun de leurs enfants, afin de choisir eux-mêmes les punitions les plus appropriées à chaque caractère. Quelques exemples suffiront pour faire comprendre ma pensée. Priver un petit gourmand de tel mets préféré, ou en d'autres cas le forcer par l'absence de nourriture à accepter finalement celle qu'on lui offre, est une punition efficace. Attachez avec une courroie les pieds ou les mains d'un enafnt qui en a frappé un autre, et laissez-le spectateur immobile des jeux de ses frères et soeurs pendant un nombre de minutes déterminé d'avance et strictement observé: vous verrez qu'il s'en souviendra longtemps. Une maîtresse d'école fit une impression ineffaçable sur un enfant en lui lavant soigneusement les lèvres et la bouche avec de l'eau de savon, pour lui faire comprendre qu'il les avait souillées par les paroles malhonnêtes qu'il avait prononcées. Elle lui dit que Jésus laverait son âme, mais qu'elle voulait laver sa bouche. L'enfant fut corrigé pour toujours. Il est bon de cacher quelque temps le jouet qui devient une cause de dispute; après cela, les enfants sauront s'en amuser sans renouveler leurs querelles. Enfin la privation d'un plaisir, d'une promenade, d'un livre aimé, sont encore des moyens de discipline qui permettent de réserver la verge pour les cas d'une gravité particulière.
Les punitions qui débarrassent momentanément les parents de la présence de leur enfant coupable doivent être rangées au nombre des mauvaises punitions. Il faut que l'enfant se sente tout entouré d'amour pour qu'il accepte le châtiment avec courage et soumission. S'il peut penser que son père et sa mère sont aises de l'éloigner d'eux, l'effet de la punition est manqué. Laisser un enfant au lit comme punition offre plus de danger pour sa moralité que d'action réellement profitable sur sa conscience. L'emprisonnement dans l'obscurité a les mêmes inconvénients, et offre en plus de réels dangers pour les petits enfants et même pour de plus grands, ayant les nerfs faibles. Le travail ne doit pas être donné comme punition: il faut lui laisser son caractère attrayant et le faire considérer toujours comme un noble privilège. Enfin, il ne faut pas faire honte à un enfant devant des personnes qui n'ont pas été témoins de sa faute; cette manière de punir a pour effet d'apprendre aux enfants à craindre davantage la désapprobation des hommes que celle de Dieu et de la conscience; puis de risquer de faire perdre à l'enfant le sentiment légitime du respect de soi-même et de briser ou d'affaiblir le ressort de la volonté. (A suivre.)
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