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Monique

Monique, la mère d'Augustin, était née de parents chrétiens, à Tagasta, en Numidie. Son fils nous a laissé le récit de sa vie.

Elle avait été élevée en chrétienne, mais cette éducation était due moins à ses parents qu'à une pauvre et vieille servante. Cette femme avait déjà porté dans ses bras le père de Monique; elle avait élevé le père et elle élevait les filles.

Pour apprendre à ses enfants à détester la gourmandise et à ne jamais être trop indulgentes envers elles-mêmes, elle leur défendait de prendre aucune nourriture ou même un verre d'eau, entre leurs repas: "Vous buvez de l'eau, maintenant, disait-elle, mais quand vous serez mariées et que vous aurez la clef du cellier, vous pourriez être tentées de prendre du vin." Elle leur parlait avec une pieuse et intelligente sévérité et montrait toujours la même prudence. Elle les habitua ainsi à être patientes et à se gouverner elles-mêmes, ce qui leur conserva la santé du corps et de l'âme.

Toute sa vie, Monique se rappela avec reconnaissance cette sage et affectueuse contrainte; elle en parla à son fils, et la pauvre et fidèle servante a sa place d'honneur dans notre histoire chrétienne.

Monique fut mariée de bonne heure; elle eut trois enfants, deux fils et une fille. Sa vie n'était guère heureuse; son mari, homme d'un caractère emporté, se conduisait mal. Sa violence était connue de tous. Souvent des dames de la ville disaient devant Monique du mal de leurs maris et se plaignaient de leur dureté, mais jamais la mère d'Augustin ne put les entendre parler ainsi sans leur reprocher ces paroles qu'elle considérait comme une infidélité.

Elle ne racontait à personne ce que son mari avait pu lui dire dans sa colère, jamais elle ne se plaignait de lui aux autres; elle attendait doucement que la colère fût passée, et cherchait alors à lui expliquer sa conduite. Elle conquit ainsi son respect et son amour. L'affectueuse douceur de sa femme le rendit doux et affectueux avec elle, et sous cette influence bénie, il vécut de la vie croyante, heureuse et pure, d'un vrai chrétien.

Les faux rapports et les bavardages de quelques servantes avaient au début de son mariage vivement irrité sa belle-mère contre Monique mais elle sut gagner son coeur à force d'égards et d'affection. La mère vint d'elle-même dénoncer à son fils les mauvais propos des servantes et lui demanda de les punir. Les rapports de la belle-fille et de la belle-mère furent depuis lors constamment affectueux et tendres.

Mais c'est à la tendresse de son amour pour son fils, le grand Augustin, qu'elle doit surtout la place qu'elle occupe dans notre histoire chrétienne: "Elle enfantait de nouveau ses enfants", écrit son fils, "chaque fois qu'elle les voyait s'éloigner de Dieu."

Augustin, le plus richement doué de tous, fut aussi celui qui lui causa les plus profonds chagrins.

Peut-être s'était-elle trompée au début; son fils avait voulu se marier de bonne heure; ce mariage aurait pu être pour lui une force contre la tentation, Monique l'en détourna. Dans son ambition pour son fils, elle voulut lui conserver le temps et la liberté de prendre une grande place dans le monde. Si elle s'est trompée, elle a bien cruellement expié son erreur. Augustin s'enfonçait toujours plus avant dans le mal, sa raison et son coeur s'égaraient. La fausseté de sa croyance et les erreurs de son esprit contribuaient à lui faire commettre des fautes, et les fautes qu'il commettait le plongeaient plus profondément encore dans l'erreur. Monique aimait bien tendrement son fils, mais il arrivait si souvent à Augustin de parler sans respect de Dieu et du devoir, qu'elle en vint à redouter sa présence à table, à côté d'elle. Elle resta pourtant toujours douce et
tendre avec lui, elle l'accueillait avec amour. Il garda ainsi sa confiance en elle; il lui avoua ses fautes les plus graves, comme il vint plus tard parler avec elle de son relèvement.

Elle priait nuit et jour pour lui; la mort de l'âme de son fils plongé dans l'obscurité du péché lui faisait verser plus de larmes que bien des mères n'en ont versé après la mort matérielle de leurs enfants.

Une nuit, un rêve vint lui redonner du courage et la consoler. "Elle vit, écrit son fils, un être radieux et divin, et l'apparition lui demanda pourquoi elle pleurait. Ma mère pleurait dans son rêve et répondit que c'était à cause de moi. L'apparition divine lui ordonna de ne plus se mettre en peine et lui dit que là où elle se tenait je me tiendrais aussi. Ma mère regarda de nouveau et m'aperçut. Je me tenais tout près d'elle sur le droit chemin."

Son fils, lorsqu'elle lui raconta son rêve, ne parut pas y faire attention. Il fit même de nombreuses objections; mais il n'oublia jamais la promesse contenue dans le songe de sa mère, ni la tendre affection, la sagesse et la modération qu'elle avait mises dans sa réponse.

Neuf longues et douloureuses années s'écoulèrent avant que le rêve put s'accomplir. Mais l'espoir donnait des forces à Monique. Soutenue par la promesse divine, elle priait sans cesse pour son fils. Elle pleurait en priant, et nuit et jour elle adressait à Dieu la même demande sans désespérer jamais; et pourtant, Augustin semblait s'éloigner de plus en plus de sa mère et s'enfoncer plus avant dans l'obscurité de l'erreur.

Elle alla trouver un sage et savant évêque versé dans la connaissance des Ecritures, et lui demanda de parler à son fils et de lui donner des conseils.

Mais l'évêque connaissait aussi le coeur des hommes. Il refusa en disant que l'heure n'était pas encore venue pour Augustin d'entendre la vérité. Il savait que notre âme humaine doit livrer seule son propre combat, et que ce n'est pas en déchirant un bouton qu'on en fait sortir une fleur. La suite de la vie d'Augustin prouva que le savant évêque avait raison: "Laissez-le en repos quelque temps", dit-il à Monique, "il lira et découvrira de lui-même son erreur."

Mais Monique pleurait en pensant à chacune des précieuses années de la vie de son fils qui se perdaient ainsi, aux dons magnifiques qu'il avait reçus de Dieu et qui ne lui servaient qu'à faire du mal à lui-même et aux autres.

"Allez un paix", lui dit l'évêque, "et que Dieu vous bénisse. Il est impossible que le fils de ces larmes puisse périr."

Elle raconta bien souvent plus tard à Augustin qu'elle avait écouté la réponse du l'évêque comme une parole venue du ciel.

Les années s'écoulaient, et le fils s'écartait de plus en plus de toutes les choses que la mère croyait bonnes et vraies.

(A suivre).









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