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Pureté et délicatesse des sentiments

Il n'y a pas beaucoup à dire sur ce sujet, car ceux-là seuls qui possèdent des sentiments élevés et délicats, ceux qui se détournent instinctivement de tout ce qui est grossier ou impur, sont à même d'apprécier une disposition semblable chez leurs enfants, et de la cultiver comme on cultive une plante rare exigeant beaucoup de soins. Un enfant peut être tenté de bien des manières, il peut tomber dans mainte faute, sans que nous perdions l'espoir de réveiller sa conscience, et de le ramener dans le bon chemin. Mais s'il a perdu la pureté des sentiments, si son regard s'est arrêté complaisamment sur ce qui est malséant, grossier, sa conduite extérieure aura beau être satisfaisante, il lui manquera un grand charme, une beauté que rien ne remplace, et nous ne sentirons plus à son égard cette parfaite sécurité qui exclut tout soupçon, toute arrière-pensée.

La nécessité d'inculquer aux enfants de bons principes est généralement admise, mais on ne comprend pas toujours combien il est urgent, d'élever leurs goûts, de diriger leurs aspirations. Si nous trouvions constamment chez eux ce sens moral qui a soif de pureté, ce nous serait un grand secours pour leur inculquer des principes religieux. Ce serait en tout cas une sauvegarde contre l'invasion de pensées mauvaises, même dans des coeurs non encore gagnés à l'influence de la piété.

Le dégoût de tout ce qui est malséant est si loin d'être répandu dans le monde, que nous ne saurions le conserver chez nos enfants sans une très grande vigilance. C'est pourquoi il est de toute importance que nous choisissions avec soin leurs camarades, que nous les préservions d'un entourage vulgaire et que nous soyons très prudentes quand il s'agit de nous faire aider par d'autres, dans les soins physiques et moraux à leur donner.

Pendant les dix premières années de la vie d'un garçon ou d'une fillette, le caractère est formé surtout par des influences féminines, et ces influences doivent tendre à préserver l'innocence des enfants de tout contact fâcheux. Malheureusement, dans toutes les classes de la société, beaucoup de femmes traitent ces questions-là fort légèrement. Elles semblent même ne s'en préoccuper d'aucune façon, si l'on en juge par leurs conversations, les lectures qu'elles se permettent, et même l'intérêt avec lequel elles écoutent des récits, qui devraient faire naître chez elles de dégoût et la honte, plutôt que le sourire de la curiosité satisfaite. Ne voyons-nous pas sur toutes les tables et entre les mains des enfants et des bonnes, des journaux dont certains faits divers ne devraient jamais être lus dans une famille jalouse d'entretenir le souffle élevé qui doit animer tous ses membres !

De très jeunes enfants sont quelquefois tentés de se servir entre eux d'expressions douteuses, prêtant à l'équivoque, ou positivement malpropres, et d'en rire ensemble. Soyons sévères à cet égard. Réprouvons toute parole, tout regard, tout acte qui ne serait pas parfaitement convenable et que jamais non plus un sourire n'effleure nos lèvres, si nous sommes témoins d'une chose blâmable, quelque drôle et piquante que la situation puisse sembler parfois. Les enfants ne voient pas la portée de ce dont ils se font un jeu, à nous plus avisées, de blâmer sévèrement celui qui s'est permis une inconvenance, de même que celui qui l'aurait trouvée amusante; nous devons repousser le mal avant qu'il ait pris possession de notre enfant. Le tact, le comme il faut, les principes des bonnes ont ici une grande importance. Si elles sont consciencieuses dans leur surveillance, et toujours parfaitement correctes, leurs élèves profiteront d'un pareil exemple et prendront des habitudes convenables. Si devant eux on ne dit rien qui puisse exciter une curiosité malsaine, provoquer des questions qu'il vaudrait mieux éviter; si l'on se garde d'ouvrir leurs yeux sur les précautions dont ils sont les objets et qu'ils doivent ignorer, on aura agi sagement, et avec toute chance d'obtenir un bon résultat.

Une activité soutenue, des occupations suivies, sont un préservatif contre l'impureté. Un esprit indolent, abandonné aux vagues rêveries est, au contraire, fort exposé aux impressions fâcheuses et aux pensées impures.

Quant nos enfants nous posent des questions embarrassantes, ne les trompons jamais, ne les laissons pas dans l'ignorance en employant pour cela des détours et des contes. Tout naturellement, sans gaucherie, sans confusion, sans prendre des airs mystérieux, disons-leur clairement ce qu'ils peuvent apprendre de la vérité. Ce n'est pas le sujet à traiter qui est dangereux, c'est la manière dont on le traite. Il est infiniment préférable, en tous cas, que l'esprit d'un enfant soit tranquillisé par une explication rationnelle franche, à sa portée, faite par sa mère, plutôt que de risquer des questions faites a des étrangères incapables de traiter convenablement des sujets graves, lesquels ne devraient jamais être abordés autrement qu'avec simplicité et sérieux.









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