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Monique (suite)

. . . . Augustin se décida enfin à quitter Monique et à traverser la mer pour se rendre à Rome. Il allait y vivre au milieu de ses pires ennemis.

La mère d'Augustin comprenait bien à quels dangers l'âme de son fils allait être exposée. Elle le suivit jusqu'au rivage, le suppliant de ne pas la quitter ainsi. Il méprisa ses larmes, lui dit de l'attendre dans un oratoire pendant qu'il irait rendre visite à l'un de ses amis sur le navire, et lui promit de revenir.

Mais le lendemain matin, lorsque Monique revint au bord de la mer, le navire était parti, emportant son fils. Folle de douleur, seule sur le rivage désert, elle gémit et pleura devant Dieu. La perte de son fils brisait son âme.

Mais le manque de coeur d'Augustin, sa trahison, et surtout la pensée des dangers auxquels il courait, la désespéraient plus encore.

Bien des années plus tard, après la mort de sa mère, Augustin se rappela sa cruauté: "J'ai menti à ma mère," dit-il, "et à quelle mère !"

Augustin tomba dangereusement malade à Rome, loin de sa mère. Il guérit, mais aucun changement ne s'était encore fait dans sa vie et dans ses pensées. Cependant les prières de sa mère continuaient à s'élever jour et nuit vers le ciel, toujours plus confiantes et plus calmes.

Monique priait toujours, et lentement Augustin revenait à Dieu. Le spectacle de la conversion et de la mort de quelques-uns de ses amis, le sentiment du peu d'élévation morale des docteurs hérétiques, la lecture des Ecritures, agissaient petit à petit sur son âme; mais il était surtout fortifié, il le dit lui-même, par les prières de Monique et par l'impérissable souvenir de sa bonté et de ses premières leçons. Il fut enfin baptisé dans la grande église de Milan et devint l'un de nos plus grands docteurs chrétiens.

Monique avait suivi son fils en Europe. Augustin, après le changement qui s'était opéré dans sa vie et dans ses croyances, avait pris, avec quelques-uns de ses amis, pensant comme lui, la résolution de vivre en communauté. Ils devaient adorer Dieu ensemble, aider et servir les pauvres et tous ceux qui pourraient avoir besoin d'eux.

Monique vivait avec eux. Elle administrait les affaires de la communauté. "Elle prenait soin de nous", écrit son fils, "comme si elle avait été notre mère à tous, elle nous servait comme si elle avait été notre enfant." Ils se décidèrent enfin tous à se rendre dans le pays natal d'Augustin, en Afrique, pour y vivre ensemble. Ils partirent et arrivèrent à Ostie, sur la côte italienne. Ils s'y reposaient et faisaient leurs derniers préparatifs, sans pouvoir se douter que Monique devait être conviée à un bien plus long voyage, et qu'elle allait laisser son fils tout en larmes sur les rivages de ce monde, comme il l'avait laissée autrefois tout en larmes sur les rivages de l'Afrique.

La mère et le fils étaient seuls, ils s'appuyaient tous deux sur le bord d'une fenêtre d'où la vue s'étendait sur un jardin. La ressemblance et l'union de leurs âmes étaient alors vraiment merveilleuses. Ils parlaient entre eux, Augustin s'en souvint ensuite, de Dieu et de sa vérité, du monde éternel où la vie n'a pas de fin, de ce monde où les saints de Dieu habitent en sa présence. Ils s'entretenaient d'une façon si intime que leurs paroles semblaient des soupirs; ils se disaient que l'âme peut à peine concevoir la distance qui sépare les joies d'ici-bas de l'ineffable douceur de l'autre vie. La mère et le fils vécurent un instant par la pensée de cette vie divine et de là leurs âmes unies s'élevèrent jusqu'à Dieu lui-même. Et Monique dit: "Mon fils, pour moi, je ne crois pas qu'il y ait plus rien en cette vie qui puisse me plaire, et je ne sais pas ce que je fais ici-bas, ni pourquoi j'y demeure plus longtemps, maintenant que toutes mes espérances en ce monde sont remplies. Une seule chose me faisait désirer vivre encore quelque temps de cette vie de la terre: je voulais te voir chrétien avant ma mort. Dieu a fait plus encore qu'exaucer mes prières, il t'a fait son serviteur. Que fais-je donc ici maintenant ?"

Cinq jours après, elle tomba malade de la fièvre, puis fut prise d'une faiblesse. Tous se pressèrent autour d'elle, mais la connaissance lui revint bientôt et elle dit: "Où étais-je ?". Et regardant fixement ceux que venait de frapper une aussi terrible douleur, elle ajouta: "C'est ici que vous enterrerez votre mère."

Un instant après elle dit encore: "Mettez ce corps où vous voudrez. Je ne vous demande qu'une chose, c'est de vous souvenir de moi à l'autel du Seigneur, en quelque lieu que vous soyez."

Le mal redoubla alors, et Monique ne prononça plus une seule parole.

Augustin apprit quelque temps après que, pendant un moment où il avait quitté sa mère, un de ses amis lui avait demandé si elle ne redoutait pas d'être enterrée si loin de son pays, et qu'elle avait répondu: "Il n'y a pas d'endroit qui soit loin de Dieu, et je n'ai pas à craindre qu'à la fin du monde le Seigneur ne sache pas retrouver mon corps pour le ressusciter."

"Bientôt après", écrit Augustin, "le neuvième jour de la maladie de ma mère, dans la cinquante-sixième année de son âge et dans la trente-troisième du mien, son âme religieuse et sainte fut affranchie des liens du corps."









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