
|
|
Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
CORRESPONDANCE
Permettez-moi de glisser dans votre boîte aux lettres quelques lignes, qui me sont suggérées par Une autre Cloche. Surtout ne craignez rien je ne suis pas aussi éloquent que votre "abonnée"; je n'allumerai aucun incendie dans le journal, et ne provoquerai pas, en outrant les pensées d'autrui, vos points d'exclamation, si discrets soient-ils d'ailleurs.
Votre correspondante a raison de dire que l'Evangile a "renouvelé l'éducation". La mère juive mettait son enfant sous la loi: "Si tu es sage, tu sera béni de Dieu et de nous; si tu n'es pas sage, tu seras châtié par Dieu et par nous, et finalement maudit." Ces principes étant à cette époque la règle des relations entre l'homme et Dieu, la mère juive ne pouvait rien concevoir au-dessus. - Mais la mère chrétienne, qui connait la grâce de Dieu, et qui vit sous la nouvelle économie de la grâce, doit mettre son enfant sous la grâce, c'est-à-dire que, se souvenant des paroles de Jésus: "Le royaume des cieux est pour de tels", elle doit traiter son enfant comme un enfant de Dieu: "Dieu t'aime, et a préparé pour toi son beau ciel; sois donc sage, sinon, tu lui ferais trop de peine. Jésus est mort pour toi, tu dois l'aimer en retour, et lui obéir; ce serait un crime que d'offenser un tel bienfaiteur."
Voilà le principe de l'éducation nouvelle. Mais son application nécessite chez l'enfant un certain nombre de notions qui doivent naître à peu d'intervalle les unes des autres, et se développer parallèlement. Il ne saura jamais ce qu'est le salut sans savoir d'abord ce qu'est le péché, et il ne croîtra dans l'appréciation du salut que dans la mesure où il croîtra dans l'appréciation du péché. Or, le rôle des réprimandes et des châtiments est d'abord de faire éclore chez lui la distinction entre le bien et le mal, et ensuite, de l'aider, conjointement avec notre enseignement sur la grâce, à éviter et à haïr le péché.
Maintenant, que doivent être ces châtiments ? Dans le n° 6, vous nous dites votre sentiment sur une dizaine de manières de punir; vous trouvez les unes bonnes les autres mauvaises, et vous conseillez "de réserver la verge pour les cas d'une gravité particulière." Votre correspondante reconnaît aussi "la nécessité des châtiments", et admet sans doute la plupart des moyens préconisés par vous, puisqu'elle ne blâme que l'un d'eux. Son silence au sujet des autres est une adhésion. Reste la verge, "qui ne doit être que rarement employée," lisons-nous à la fin du n° 8, mais que votre correspondante veut résolument proscrire comme contraire à l'Evangile.
Ici, elle me semble avoir tort. Un passage de l'épitre aux Hébreux (XII, 4-11) est instructif à ce sujet. Il se résume en ces versets: "Le Seigneur châtie celui qu'il aime, et frappe de ses verges tous ceux qu'il reconnaît pour ses fils. Si vous endurez le châtiment, Dieu se présente à vous comme à des fils, car quel est le fils que son père ne châtie pas ?" Les mots dont l'apôtre se sert (paideuo châtier, mastigô battre de verges) ont leur importance: le premier n'exclut pas les châtiments corporels, car il est employé par Luc pour la flagellation de Jésus (XXIII, 16,22); le second les implique absolument.
Le verset où se trouve celui-ci est, il est vrai, cité de l'Ancien Testament; mais l'apôtre ne fait cette citation que parce qu'il y voit une vérité permanente, et un des principes fondamentaux de l'action éducatrice actuelle de Dieu. Et qu'on n'objecte pas que si Dieu frappe de ses verges ses enfants bien-aimés, ce n'est pas un motif pour que nous l'imitions; car dans le raisonnement de l'apôtre, c'est Dieu qui est représenté comme imitant, et par conséquent approuvant, les pères qui flagellent leurs enfants pour les rendre sages, et son action est justifiée par leur exemple.
Donc le Nouveau Testament n'exclut pas la verge de l'éducation des enfants. Maintenant, tant mieux pour les parents qui réussissent à s'en passer. Quant aux autres, je suis comme vous, tout à fait d'avis qu'ils doivent "l'employer rarement", la "laisser de côté (n° 8)" le plus tôt possible, et la "réserver pour les cas d'une gravité particulière (n° 6)".
|
|
|