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Coquetterie

Les mères ont généralement un grand tort: celui d'aimer leurs enfants plus pour elles que pour eux; et malheureusement elles ne s'en rendent pas compte....

Ainsi, quand elles habillent bébé avec l'élégance qui règne aujourd'hui pour les enfants elles ne se disent pas: c'est ma vanité maternelle que je flatte par cette toilette, car si je veux que mon enfant soit le plus beau entre tous, c'est pour moi et non pour lui: que lui fait cette élégance, à lui ?... elle le gêne, elle l'ennuie, le fatigue même puisqu'elle le force à se tenir tranquille pour éviter de salir ou de chiffonner ses habits, de déranger ses rubans etc. Le premier sentiment que la toilette inspire à l'enfant est donc de la répugnance et de l'ennui: mais hélas! à ce sentiment il en succède un bien plus fatal que vous avez semé, mères imprudentes ! et dont vous récolterez bientôt les fruits amers.

Ce sentiment est la coquetterie, qui est toujours accompagné de la vanité et de l'égoïsme.

Dès le berceau, vous aurez donc détruit cette charmante simplicité de l'enfance pour la remplacer par le plus dangereux de tous les défauts. Voyez une petite fille dans sa belle robe de soie, comme elle est fière ! Quand elle marche dans la rue elle promène ses regards autour d'elle pour voir si on la regarde, tant elle croit faire de l'effet; à la promenade s'il s'agit de jouer avec d'autres petites filles, elle repoussera avec mépris celles dont la toilette ne lui semble pas à l'unisson de la sienne. Or, comme les défauts qui sont entretenus au lieu d'être corrigés, augmenteront toujours, la pauvre mère sera effrayée un jour des mauvais sentiments de sa fille; elle cherchera à arrêter le mal; il sera trop tard, et elle souffrira bien cruellement si elle a la franchise de s'avouer que c'est elle qui est la première coupable. Pour montrer si belle toilette il faut tout naturellement produire son enfant dans le monde dès son plus bas âge; c'est pour cela qu'on a imaginé ces bals d'enfants, ces soirées enfantines, toutes choses perverses et qui enlèvent à jamais cette innocence qui fait le charme de l'enfance.

Quel est le désir, quelle est l'espérance d'une mère ? . . . c'est que sa fille sera un jour une femme pure, honorable et honorée . . . C'est le rêve même des femmes perdues, mais croyez-vous que la conduite que je viens de décrire ouvrira à la fillette cette vie pure; sera-t-elle ainsi préparée au combat? Car il faut apprendre de bonne heure à se vaincre soi-même si on veut rester toujours vainqueur de ces tentations qui, sous les plus douces et les plus belles apparences, conduisent fatalement à l'abîme.

Et votre fils ? Vous avez la prétention qu'il devienne un homme intelligent et fort, n'est-ce-pas ? et bien, est-ce en lui donnant l'habitude de se pomponner, de se bichonner, de s'adoniser enfin, que vous en ferez un homme comme vous rêvez qu'il soit un jour ? non, mille fois non ! Toutes ces toilettes de velours, ces cols brodés, toutes ces élégances ne préparent que des fats, ce qui est presque toujours synonyme de sots.

L'amour d'eux-mêmes que vous développez ainsi sans vous en douter les énerve et détruit le bon grain qui aurait pu germer dans leur âme.

Aujourd'hui un petit garçon, de quatre ans apprend à danser polka et mazurke pour faire danser les petites filles qu'il rencontrera dans les bals costumés ou non, qui seront donnés pour eux. Et les mères rient, trouvent cela chamant. . . Hélas! attendez la fin et ne vous plaignez pas si un jour votre fils devenu un élégant désoeuvré sacrifie tout, même son honneur, pour avoir l'argent nécessaire à ses plaisirs, car ce sera vous qui l'aurez fait être ce triste et odieux personnage.

Voilà le danger, et si vous voulez m'en croire, voici la direction sage que vous devez suivre.

N'habillez pas vos enfants avec luxe: c'est un tort, si votre position vous le permet, c'est un crime si elle vous le défend. Que leurs vêtements soient toujours simples, propres, sans recherche comme aussi sans négligence; car il ne faut pas non plus faire rougir un enfant de lui-même près des autres; cela le conduirait tout naturellement à un des pires défauts: l'envie. Ne lui dites jamais ta belle robe, ton bel habit, ton beau chapeau, etc.. . . Apprenez-lui de bonne heure que la propreté est la première élégance, et que le soin de ses effets est la seule coquetterie permise. Si vous surprenez son admiration pour la toilette de quelque camarade, trouvez le moyen de lui parler de cette toilette sans lui montrer que vous avez remarqué son admiration et montrez-lui en le côté défectueux. Si c'est une petite fille qui vous parle d'une autre petite fille plaignez la pauvre enfant d'être ainsi serrée dans une robe qui la gêne dans ses mouvements et pour laquelle tout est à éviter. Tandis que toi, ajoutez-vous, tu es libre dans tes jeux ce qui te rend bien plus heureuse.

Si c'est un petit garçon, montrez-lui qu'un habillement de velours donne l'air d'une poupée habillée, tandis que le drap est bien plus homme: d'autant plus qu'habillé ainsi on a bien moins de précautions à prendre.

Les enfants sont naturellement logiques; quand on leur montre la vérité des choses, ils la comprennent; en habituant ainsi les vôtres à voir le mauvais côté de la coquetterie, vous les en préservez à tout jamais.









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