Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Tendresse mal entendue

Je visitais un jour une femme très malade, et je lui demandai, la trouvant toute seule, si elle n'avait point de parents.

- Mon mari est mort depuis longtemps, me répondit-elle, et je n'ai qu'une fille.

- Ne sait-elle pas que vous êtes malade ?

- Ça lui est bien égal! dit la femme en fondant en larmes.

- Ça lui est égal ? repris-je, croyant avoir mal entendu.

- Hélas! oui, madame.

Puis, peu à peu, j'appris de la bouche même de cette pauvre mère combien elle avait élevé sa fille d'une manière peu judicieuse. Elle s'était privée de tout pour lui permettre de s'habiller élégamment; elle l'avait habituée à se nourrir délicatement et à ne faire que ce qui lui plaisait, tandis que sa mère se tuait à la peine et ne prenait pas même une nourriture suffisante. Et maintenant qu'elle était dans une bonne place et gagnait de gros gages, elle ne voulait absolument rien envoyer à sa mère, disant qu'elle n'avait rien de trop pour se vêtir convenablement. Bien plus, quoiqu'elle ne fût qu'à une demi-heure de distance, il y avait des mois qu'elle n'était pas venue voir sa mère!

- Ah! madame, reprit la pauvre femme, je vois bien maintenant combien j'ai eu tort. Ma fillette était si jolie que j'en étais toute fière et je le lui laissais voir. Je le lui disais même constamment, et je me privais de tout pour pouvoir lui acheter de jolis habits. . . . Elle acceptait tout cela comme si ce ne pouvait être autrement; elle ne pensait qu'à elle-même, ne voulait me rendre aucun service, et je n'insistais pas, de peur qu'elle salît ses beaux vêtements. Quand j'avais le plus à faire, elle partait pour s'amuser avec des compagnes, et moi je jouissais de la voir si contente et si jolie. Mais voilà comment cela a fini! Quand elle a été grande et que je n'ai plus pu gagner pour deux, au lieu de rester avec moi pour m'aider, elle a voulu entrer dans une place comme femme de chambre. Elle s'est bien vite placée, parce qu'elle a très bonne façon, et elle gagne beaucoup; mais elle est perdue pour moi! . . .

Voilà une des plus poignantes douleurs pour des parents. On se consacre aux enfants, on fait tout pour eux, mais si on ne les élève pas chrétiennement en leur laissant porter
le joug dès leur jeunesse, il y a grand danger qu'ils ne deviennent ingrats et impies.

Grâce à Dieu, il n'en est pas toujours ainsi; il y a des familles dans lesquelles "les enfants sages réjouissent leurs parents."

J'ai connu un couple laborieux qui a élevé une belle famille de neuf enfants. Le père était jardinier et la mère repasseuse. Quand je fis leur connaissance, les deux filles aînées, de dix-huit et dix-neuf ans, avaient fait un apprentissage de couturières et commençaient à gagner leur vie; mais bientôt après leur mère tomba dangereusement malade. Dès que j'appris ce qui était arrivé, j'allai les voir et j'exprimai à la malade mon regret de la trouver si souffrante, mais elle me dit:

- Oh! madame, j'ai bien des raisons d'être reconnaissante envers Dieu. Quand je suis tombée malade, tout me paraissait bien sombre. Je tremblais en pensant à mes pauvres petits que je ne pourrais plus soigner. Mais Dieu a été bien miséricordieux à mon égard: ma fille Marie, sans exprimer le moindre regret, a renoncé à toute sa clientèle et s'est mise à soigner les enfants si bien, que je les sens parfaitement heureux, et vous compteriez quel soulagement c'est pour moi! Je sais que je ne pourrais pas faire mieux qu'elle.

- Vous êtes, en effet, bénie en vos enfants, car votre fille aînée me parait aussi charmante.

Les yeux de la mère se remplirent de larmes de reconnaissance, et elle me dit:

- Oh ! madame, je ne pourrais vous dire tout ce que Susanne est pour moi ! Certainement Dieu la bénira ! Elle travaillait beaucoup, parce qu'elle devait se marier avec un très brave garçon dès qu'ils auraient amassé assez pour s'établir convenablement; mais dès que je suis tombée malade elle a tout quitté pour rester à mort chevet, disant qu'elle ne voulait pas que sa mère fût soignée par des mains étrangères.

La mère fut longtemps malade, mais la tendresse de ses enfants ne se démentit pas un seul instant, et elle sentait que si Dieu l'enlevait, ses filles la remplaceraient et continueraient ce qu'elle avait commencé.

Voilà le résultat d'une sage éducation.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève