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Le Respect
Si je suis père, où est l'honneur qui m'est du? Mal. 1,6
L'importance du respect dans la formation du caractère est telle qu'il ne sera peut-être pas superflu de revenir sur ce sujet, bien qu'il ait été déjà traité dans deux remarquables articles à la fin de l'année dernière (p. 81 et 93.)
A quoi tient le respect? comment avoir des enfants respectueux ?
Remarquons que c'est un sentiment naturel, inné en tout enfant. Il se manifeste d'abord par une sorte d'admiration inconsciente et naïve et par la confiance la plus entière à l'égard des parents. Insensiblement, pour peu qu'on ne fasse rien qui soit de nature à ébranler ces sentiments instinctifs, mais qu'on cherche simplement s'en montrer toujours dignes, cette confiance et cette admiration prennent tout naturellement la forme du respect. C'est-à-dire qu'à l'attachement de l'enfant pour ses parents se mêle ce sentiment complexe en vertu duquel il craint de leur faire de la peine, de leur désobéir, il reconnaît plus ou moins consciemment le bon droit de leur autorité et s'y soumet implicitement.
Originairement, le mot respect signifie simplement regard redoublé ou prolongé. A force de regarder ses parents, et à mesure qu'il les a mieux regardés, en faisant des comparaisons, l'enfant a reconnu ou a senti qu'il leur devait, cette confiance et cet amour qu'il leur témoignait. On peut donc dire que, ce qui crée, ou développe le respect, c'est la dignité.
Et qu'est-ce que la dignité? et d'où provient-elle? C'est tout d'abord le fruit du respect de soi-même. Elle naît du sentiment de notre valeur éternelle; de notre grandeur de la grandeur de notre tâche et de notre responsabilité. Rien ne la développe en nous comme la vie de communion constante avec Dieu. C'est ce sentiment perpétuel de la divine présence qui nous fait voir toutes choses sous leur vrai jour. Nous avons alors «pour ceinture de nos reins la vérité », nous vivons dans le vrai, et nous sommes préservés ainsi à la fois de l'orgueil et de la fausse humilité. Nous sachant créés à l'image de Dieu, nous voyons avant tout dans les précieux trésors qui nous sont confiés, d'autres créatures destinées à devenir comme nous participantes de la nature divine. Nous discernons en elles aussi l'image de Dieu. Nous éprouvons à leur égard je ne sais quel saint respect mêlé à l'attendrissement instinctif de notre coeur maternel ou paternel. Il y aura ainsi souvent dans notre regard, dans le son de notre voix, dans toute
notre manière d'être quelque chose de saint, de divin, qui inspirera à nos enfants un respect instinctif et grandissant, non seulement pour nous, mais aussi pour le Dieu dont
nous sommes auprès d'eux les représentants.
Ainsi, avant d'enseigner le respect, et pour pouvoir l'enseigner, il s'agit de l'inspirer. Si le raisonnement peut le développer, il ne saurait le créer là où il n'existe plus.
Et c'est une fleur bien délicate et qui ne se flétrit que trop facilement. Ou, comme disent les Russes, « c'est un soulier de verre avec lequel il ne faut marcher qu'avec
circonspection » Et quand il est brisé, comment le raccommoder? Et qui dira toutes les conséquences, funestes de ce malheur? C'est en effet là respect pour les parents qui est à la base de la crainte de Dieu. C' est en apprenant à respecter ses parents que l'enfant apprend à respecter tout ce qui est respectable. Là où manque la notion du respect, voilà que disparaît bientôt le dernier rempart de la moralité, le respect de soi-même, le fondement de la dignité, de la grandeur, de la noblesse du caractère. On se demande alors ce qui reste de l'image de Dieu, ce qui reste de l'homme, chez celui qui a méprisé son premier titre de gloire.
Surveillons donc avec soin tous les dangers qui menacent dans le coeur de nos enfants cette fleur que le Créateur y a semée, et tout d'abord prenons garde à nous-mêmes. Affirmons ou établissons notre autorité; croyons à l'autorité que Dieu nous a conférée, et apprenons à nos enfants à y croire et à respecter, c'est-à-dire à nous
obéir sans demander pourquoi, sans discuter nos ordres.« Que ta volonté soit faite sur la terre, » dans nos maisons, par nos enfants, « comme elle est faite au ciel ! » Ne
permettons pas à nos enfants une familiarité exagérée. Veillons sur nos manières, qui ont bien plus d'importance qu'il ne paraît à première vue. Vivons constamment dans
la présence de nôtre Dieu, nous rappelant que « l'Esprit de gloire repose sur nous, » (1 Pi. 4,14) ; et il imprimera à toute notre manière d'être et d'agir le cachet céleste, une dignité, une noblesse, une douceur telles qu'en dépit de toutes les influences contraires, nos enfants, subiront l'ascendant de notre caractère et respecteront notre autorité.
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