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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Un système

Il y a quelques années, raconte une dame chrétienne, je voyageais en France et j'arrivai dans une petite ville où demeurait une amie que j'avais comme jeune fille. Elle avait épousé un homme distingué par son talent et sa piété, et était maintenant mère de famille. J'allai la voir et je fus reçue par une jeune bonne qui me précéda dans l'escalier.

J'avais à peine gravi quatre ou cinq marches que je faillis être renversée par deux petits garçons de sept à huit ans qui se poursuivaient à cheval sur la rampe, ce qui m'impressionna désagréablement, car j'étais un peu nerveuse. A ma grande surprise, la domestique ne leur dit pas un mot et continua tranquillement à me précéder jusqu'à la porte du salon où elle m'introduisit.

La jeune dame était étendue sur une chaise longue, et sa belle-mère occupait un fauteuil tout près d'elle. Elles vivaient ensemble, et dans la plus grande intimité.

Nous causâmes de beaucoup de choses, du passé surtout; c'était si agréable pour toutes deux de se revoir et de parler ensemble des dispensations miséricordieuses de notre Père céleste !

Il est vrai que le bruit qui se faisait au second étage (dans la chambre des enfants, sans doute) nous obligeant à élever la voix ôtait à notre conversation tout cachet d'intimité.

- Il faut que vous fassiez la connaissance de mes garçons, me dit mon amie au cours de la conversation, et elle sonna pour les appeler.

C'était vraiment une jolie famille: cinq garçons de quatre à huit ans. Les deux aînés, je les avais déjà vus, et ils me regardèrent en riant; les petits vinrent me rendre leurs bonnes joues roses pour recevoir un baiser que je leur donnai de bon coeur. Ils n'étaient pas au salon depuis trois minutes qu'avec les tabourets qu'ils avaient dénichés sous les fauteuils, ils commençaient une bataille en règle. L'aîné, lui, avait grimpé sur la console, au grand détriment des beaux livres qui la garnissaient et s'exerçait aux positions les plus comiques. Je les regardais avec un certain effroi, et ne suivais plus la conversation de ces darnes qui ne paraissaient pas se douter que la conduite des enfants fût peu convenable, du moins devant une étrangère.

- Enfants, vous pouvez sortir, dit enfin la mère, allez vous amuser ailleurs. D'un bond, le petit grimpeur sauta sur le tapis, et tout en se bousculant, ils quittèrent tous le salon qu'ils laissaient dans un affreux désordre.

- Ce n'est rien, me dit mon amie, en me voyant ramasser un des plus beaux livres de la console, l'enfant n'avait pas de mauvaise intention, et nous ne reprenons que ce qui est vraiment mal: la désobéissance, les querelles, le mensonge, etc. Pour le reste, nous laissons faire, il faut bien que les enfants s'amusent !

- Mais, objectai-je, il doit arriver souvent des accidents, surtout aux plus jeunes.

- Quelquefois, mais plus rarement que vous ne le pensez, du reste, ces accidents servent à les rendre plus adroits.

- Mais les objets cassés ou avariés doivent être légion.

- Oh! leur salle d'étude qui sert aussi pour leurs jeux ne renferme guère que des choses qui leur appartiennent. Dernièrement, j'ai fait remplacer les chaises cassées par de solides bancs de bois.

- Ne craignez-vous pas que lorsqu'ils iront au lycée, ils aient beaucoup de peine à observer la discipline ?

- Mon mari les instruira lui-même aussi longtemps que possible, et d'ici-là, la raison sera venue.

- Vous me paraissez délicate. Ce laisser-faire ne vous occasionne-t-il pas beaucoup de fatigue ?

- A dire vrai, quand nous nous sommes arrêtés à ce système d'éducation j'étais plus forte. Il y a seulement un an, qu'après la naissance d'un sixième enfant qui n'a pas vécu, le suis restée faible et maladive. Mais voilà nous obtenions de si bons résultats ! Nos garçons toujours joyeux et bien portants, les aînés francs comme l'or, obéissant au moindre signe, justement parce que nous ne multiplions ni les ordres, ni les défenses; bref, le système nous paraissait bon, et nous nous y sommes tenus.

- Et la grand-mère, demandai-je en me tournant vers la vieille dame, est-elle contente aussi du système ?

- Maintenant j'y suis habituée, me dit-elle. Au début les cris des enfants me troublaient; il me semblait toujours qu'ils se cassaient bras et jambes. Aujourd'hui, je ne tremble plus autant. Il y a une seule chose qui me fatigue beaucoup, ce sont les batailles d'oreillers presque au point du jour, au moment où après une nuit d'insomnie, comme j'en ai souvent. Je commence à m'endormir. Ma chambre est assez loin de celle des enfants, malgré cela, leurs cris parviennent jusqu'à moi; mais qu' importe ? Quand ils sont eu promenade je fais une bonne sieste, et tout s'arrange ainsi: leur plaisir et mon bien-être.

- Et les domestiques ?

- Oh ! reprit mon amie, voilà le point noir. Les bonnes d'enfants sont tellement habituées à reprendre à tort et à travers: "Ne faites pas ça, "ne touchez pas ça", "tenez-vous tranquille", etc., qu'elles ne comprennent pas que toutes ces expressions soient prohibées. Aussi à l'exception de la cuisinière qui est ma nourrice et se jetterait au feu pour me faire plaisir, les autres domestiques, y compris les femmes de chambre que le désordre des garçons exaspère, il ne restent guère à la maison plus de cinq à six mois.

Ainsi, la mère de famille manquait du repos qui lui était nécessaire; la grand-mère était troublée dans son sommeil et souvent fatiguée par le bruit; les domestiques refusaient de rester dans cette maison où les enfants étaient insupportables; les étrangers en visite n'étaient même pas à l'abri des conséquences de ce système. D'un autre côté, les enfants étaient forts et se sentaient heureux, grandissant ainsi sans contrainte et sans discipline; et n'étant point instruits des égards qu'on doit aux autres, ils agissaient selon leur volonté et accomplissaient touts leurs caprices. Le système est-il bon ?









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