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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Le désir de Raoul

Mme Perceval est assise dans son salon. C'est une femme du monde, douce, instruite et distinguée. Ses lèvres conservent encore le sourire avec lequel elle vient d'accompagner ses derniers visiteurs, car aujourd'hui est son jour de réception.

Tout à coup la porte s'ouvre et un beau garçon de dix ans entre avec la vivacité d'un écolier enchanté d'avoir terminé ses leçons.

- Chère maman ! s'écrie-t-il en l'entourant de ses bras, quel bonheur de te trouver seule !

- Si tu étais venu il y a seulement trois minutes ... commence Mme Perceval en riant.

- Oui, je sais! répond Raoul, j'ai attendu dans l'antichambre jusqu' à ce que tout ce monde fût parti; puis j'ai guetté par la fenêtre pour les voir monter en voiture. Ah ! quels magnifiques chevaux !

En parlant ainsi, l'enfant s'était étendu sur le tapis du foyer et avait l'air de concentrer toute son attention sur un gros chat noir qui y était confortablement installé. Quelque chose cependant dans son excitation, dans son langage rapide et entrecoupé ainsi que dans sa manière plutôt brusque de caresser le chat de la maison indiquait que son esprit était préoccupé d'une idée particulière. Sa mère s'en aperçut et comme il était plutôt timide et réservé, elle essaya de le mettre à son aise en lui disant:

- Qu'est-ce qu'il y a, mon garçon ?

- Rien, maman, répondit-il vivement, seulement je suis terriblement content de te trouver seule !

- Je n'attends plus grand monde aujourd'hui, Raoul, dit-elle en regardant la pendule.

- Ah! tant mieux, mais . . . Raoul s'arrêta; il était très rouge et embarrassé.

- Eh bien ? Voyons, raconte moi un peu ce qui t'arrive ! demanda Mme Perceval avec tendresse.

Raoul se mit à caresser la main de sa mère dont il s'était rapproché, y appuya sa joue brûlante et tout en ayant l'air de regarder du côté du jardin par la fenêtre en face de laquelle sa mère était assise, il commença enfin en mots saccadés:

- Nous n'avons pas eu de leçons ce matin. On nous a donné congé à cause d'un Monsieur étranger qui était venu pour nous faire un discours. Oh ! c'était si intéressant Et vois-tu, tout ce qu'il a dit me fait désirer . . . désirer . . .

- Désirer quoi, Raoul?

- D'être sage, réellement sage, répondit le jeune garçon parlant très vite; puis, hésitant un peu, - maman, il nous a dit que le seul moyen d'être toujours sage, c'était de devenir un vrai chrétien. Oh ! je désire tellement en devenir un ! Veux-tu me conduire vers Lui, je veux dire vers Jésus, qui permettait aux mères de lui amener leurs enfants ?

Ces derniers mots furent dits à voix basse et l'enfant ayant caché sa tête sur les genoux de sa mère, celle-ci sentit bientôt se mouiller de larmes la main qu'il caressait.

- Mon pauvre chéri ! répondit-elle avec une Profonde émotion, si je pouvais seulement t'aider ! mais, Raoul, j'ai bien peur de ne pas savoir moi-même le chemin !

Quelques personnes blâmeront peut-être cette confession faite par une mère à son enfant; mais nous racontons un fait. Du reste, il eût été impossible, l'aurait-elle voulu, de donner le change au petit Raoul dont toute la personne respirait la sincérité. Mais quand elle eut constaté l'effet produit sur son fils par ces paroles, quand elle vit sur son visage cette ombre de surprise, de désappointement et de douleur que ses yeux pleins de larmes accentuaient encore, elle se sentit très malheureuse.

Il y eut un moment de silence. La porte s'ouvrit; Raoul quitta le salon et entourée de ses quatre plus jeunes enfants qui se disputaient une place sur ses genoux, Mme Perceval oublia pour un moment la petite scène qui venait d'avoir lieu.

Comment aurait-elle pu l'oublier longtemps? Comment l'appel suppliant de son fils et son amer désappointement ne se seraient-ils pas gravés dans sa mémoire en caractères ineffaçables ? Elle comprit pour la première fois qu'une mère ne peut être pour ses enfants que ce qu'elle est en réalité et non pas ce qu'elle paraît être. Essayer de communiquer ce qu'elle ne posséderait pas elle-même serait un effort inutile.

Nous n'avons pas l'intention de continuer l'histoire de Mme Perceval. Qu'il nous suffise de dire que sa vie fut bientôt entièrement transformée; son mari et ses enfants constatèrent que celle qu'ils avaient toujours aimée et honorée était devenue plus joyeuse, plus aimable encore et qu'une lumière nouvelle brillait dans ses yeux. Le culte de famille avait été introduit dans la maison et les dimanches étaient devenus pour les enfants les plus heureux jours de leur vie. Quant à Raoul ses amis de collège le reconnaissaient comme "un chrétien de la bonne espèce, un garçon qui vous force à croire à la religion". Et Mme Perceval se demandait souvent comment il serait possible pour des parents de bien élever leur famille s'ils n'avaient une foi vivante et pratique dans les enseignements de Jésus-Christ.

La question de Raoul: "Veux-tu me conduire à Jésus ?" ne pouvait en effet être posée que dans une maison où le christianisme n'était qu'une forme au lieu d'en être la vie. Raoul n'avait jamais appris à s'agenouiller avec sa mère pour implorer le pardon ou la bénédiction de Dieu. Il n'avait jamais entendu dire qu'il avait besoin d'un Sauveur et ne connaissait de la Bible que ce qu'il en avait entendu d'une oreille distraite le dimanche au temple.

. . . Une note douloureuse, mais consolante aussi, doit être ajoutée à ce récit. Deux mères inconnues l'une à l'autre habitant le même faubourg d'une grande ville reçurent
communication de la mort de leur fils. Un certain jour, à quelques heures de distance la fièvre avait fait son oeuvre de destruction et le câble transatlantique en apportait le message. Comment ces pauvres mères supportèrent-elles leur épreuve? L'une en fut complètement terrassée. Son fils l'avait quittée quelques mois auparavant, obligé de fuir la maison paternelle qu'il avait déshonorée et de chercher ailleurs une autre existence. "Pourquoi, se demandait-elle avec larmes, mon pauvre garçon a-t-il été si léger, si inconstant, quand tant d'autres enfants sont la joie et l'orgueil de leurs parents? Le luxe qui l'entourait lui a-t-il été en piège ? N'est-ce pas faute d'avoir un but dans la vie qu'il a tout sacrifié pour ses plaisirs ?" Ah ! si elle avait su qu'au milieu même de sa vie du débauche son malheureux garçon soupirait après quelque chose de meilleur ! Ah ! si elle avait pu retourner en arrière de quelques années et l'élever pour Dieu et non pour le monde ! Elle voyait clairement en ce moment, mais avec une profonde amertume, que ses enfants n'avaient pas été armés pour les luttes de la vie et que c'était sa faute, la faute de sa mondanité.

L'autre mère, Perceval, remerciait Dieu à travers ses larmes. Son fils avait été absent plusieurs années, mais leurs relations avaient été bien douces durant cette longue séparation et leur souvenir éclairait les sombres heures qu'elle traversait maintenant. Elle savait que son fils bien-aimé était entré dans la maison du Père; elle pouvait se réjouir en pensant à ce jour où le désir de l'enfant de devenir chrétien "pour être toujours sage" l'avait aidée à planter dans sa maison l'étendard de la vérité.









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