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Le Regard

En matière d'éducation morale le regard a une grande supériorité sur la parole partout où il peut la suppléer. Le regard est le miroir de l'âme, la parole n'en est que l'interprète. Celle-ci exprime souvent mal un sentiment; elle l'exagère aisément et surtout elle peut le feindre et le remplacer. Le regard au contraire, exprime toujours juste, jamais il ne dévoilera l'affection, la tendresse de l'admiration si l'âme est indifférente. Pour être valable, la parole devrait toujours être pesée dans la balance de l'équité et du jugement, à défaut de quoi elle est fréquemment inconsidérée. Le regard ne l'est jamais complètement car son action a quelque chose de vague et d'indécis que n'a pas la parole qui frappe très fort, surtout quand c'est à faux.

Vous croyez un enfant coupable: par la parole vous le menez immédiatement dans l'alternative ou de protester de son innocence, ou d'avouer, ou de mentir. Vous avez un un trouble effrayant dans une âme et si elle n'est pas coupable, vous lui avez fait un grand tort, car vous lui avez fait nettement entendre que vous la croyiez capable de cette mauvaise action.

Substituez au contraire en pareil cas le regard à la parole: cherchez plusieurs fois de suite celui de l'enfant et vous verrez bien tôt l'enfant se troubler, s'il est coupable, et chercher à vous échapper. Son regard ne se lèvera sur vous qu'à la dérobée et ne s'y arrêtera pas un instant; il craindra trop d'y découvrir que vous savez tout.

Alors, c'est le moment d'interroger affirmativement afin d'éviter le mensonge. Si, au contraire, l'enfant il n'est pas coupable, si sa conscience est paisible, notre regard scrutateur l'étonnera; il vous le rendra et vous vous sentirez observée à votre tour. Pour peu qu'il y ait d'intimité entre lui et vous, il finira par vous adresser cette question candide: "Mais qu'est-ce que tu as donc à me regarder ainsi ?" et si vous répondez je cherche à voir si tu as été réellement sage, vous aurez toute facilité de constater son innocence ou sa culpabilité. Un regard de confiance lui rendra sa tranquillité et un sourire sa joie, cet autre élément de sa vie. Que n'aurez-vous pas évité en procédant ainsi !

Savez-vous le mal incalculable que peut faire à un enfant une fausse accusation ? . . . Etre accusé faussement d'une action basse par sa mère surtout! Ah ! Croyez-le, pour un coeur noble, c'est le commencement de ces grandes douleurs que le temps ne guérit jamais. C'est montrer brusquement à l'enfant l'abîme au fond duquel il peut rouler. Au lieu d'une méchanceté, s'agit-il d'une action louable ? Là encore le langage du regard doit avoir la préférence. Vous avez vu votre enfant se réserver la plus petite portion d'une friandise, ou donner à son ami la plus belle part des jouets. Appelez-le et dites-lui: "C'est très sage, c'est très gentil, c'est très bien à toi !" L'enfant se redressera de toute sa petite hauteur et la fierté brillera dans son regard. Je me trompe fort, ou il ira raconter à quelqu'un les termes mêmes dont vous vous serez servie pour louer sa conduite. Il en fera une affaire dont il sera le héros, et la conséquence finale sera qu'il eût mieux valu pour lui-même qu'il eût agi sans délicatesse. Mais si au lieu d'exprimer votre satisfaction par la parole vous l'exprimez par le regard, l'enfant verra qu'il a été pour vous une joie, mais il ne saura exprimer ce qu'il sentira; dès lors il restera humble et continuera ses jeux plus joyeusement . . .

Une mère qui parle continuellement avec son enfant en fera un être agité, fatiguant et curieux et ce qu'il y a de singulier, c'est qu'elle restera, malgré tous ses discours, très étrangère à son enfant.

Par contre, une mère silencieuse dans sa sérénité qui saura travailler une demi-heure sans causer avec lui, mais qui malgré son travail aura toujours l'oeil sur lui et répondra par un sourire, toutes les fois que les yeux de l'enfant chercheront les siens, cette mère-là sera véritablement aimée du son enfant, de quelque âge qu'il soit; elle connaîtra le vrai, le grand bonheur de la vie. . .

J'ai constaté qu'un enfant, qui durant ses trois premières années a lu dans le regard de sa mère, a acquis une connaissance des impressions de celle-ci qui le met à même de ne pas s'y tromper, de les distinguer parfaitement entre elles, et d'en prendre sa part. Dès lors l'enfant n'est plus égoïste puisqu'il sait être un ami. Je ne sais rien de plus divin sous le soleil que cette sympathie du petit enfant, qui sait consoler sa mère en partager sa joie, sans comprendre la cause du ses émotions contraires. Avec de tels commencements l'éducation est facile: l'enfant obéit non parce qu'il craint mais parce qu'il aime sa mère. S'il désobéissait, ce regard limpide et doux se troublerait, il exprimerait la tristesse et la sévérité, et c'est ce changement qu'il ne veut pas affronter. St-Pierre lisait si bien dans le regard de Jésus qu'au moment de sa chute ce regard seul suffit pour briser son coeur et l'humilier à jamais aux pieds du son Dieu.









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