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CORRESPONDANCE
Réponses à la question de Mme Robert: Le système est-il bon ? (n° 2, page 110) :
Je n'aime pas le mot de système en éducation, car je trouve qu'il n'est pas possible (comme on le croit facilement lorsqu'on n'a pas d'enfant) de s'en tenir à un système. En effet ce qui est applicable à certaines natures, ne l'est pas à d'autres, et ce qui convient dans certaines conditions, ne peut pas être admis dans d'autres circonstances. J'ai 4 enfants qui ont chacun un caractère très différent, et les excellents systèmes que j'avais admis ont dû être depuis longtemps subordonnés à ce qu'exigeait la nature de chacun d'eux. Mais pour cette fois-ci gardons le mot de système pour répondre à la question de Mme Robert. - Le système dont elle parle me parait très bon jusqu'à un certain point. Certainement en grondant constamment un enfant pour la moindre bagatelle, nous usons notre autorité, et les enfants faisant peu la différence entre les petites et les grandes fautes n'écouteront plus les observations que nous aurons à leur faire sur des sujets importants, parce qu'ils auront pris l'habitude de traiter à la légère toutes nos remontrances. Pour d'autres natures, cela aura le danger de la dissimulation; on cachera les petites fautes pour ne pas être "toujours grondé". Certainement les enfants élevés avec beaucoup de liberté sont en général plus francs, plus ouverts et plus gais que ceux sur lesquels s'exerce une contrainte perpétuelle. Mais dans le récit que nous fait Mme Robert, la liberté dépasse décidément les limites permises. A mon avis, la mère aurait dû habituer ses enfants à laisser à de certains moments leurs goûts un peu trop tapageurs, à respecter le sommeil de leur grand mère et la tranquillité des personnes en visite chez eux. Ensuite ce système n'est applicable que dans certaines conditions. Dites en effet à une mère de famille dans une position gênée, obligée peut-être de suffire elle même à tous les soins du ménage, de raccommoder les vêtements, etc., occupant un appartement très restreint, de permettre une entière liberté à ses enfants . . . . elle vous répondra naturellement que la chose est impossible et qu'il faudrait pour cela les laisser courir dans la rue. Cette mère-là sera bien plus sage de les garder auprès d'elle, et de contenir leur vivacité, plutôt que de les laisser devenir de petits vagabonds. Non, n'allons pas trop loin dans ce système. Si notre demeure et les conditions dans lesquelles nous vivons nous le permettent, laissons à nos enfants le plus de liberté possible; surtout ne les contraignons pas quand ce n'est pas nécessaire, par de continuelles recommandations qui les fatiguent sans aucun résultat. Supportons à l'occasion un trou à un vêtement ou un parquet un peu moins brillant. Habillons-les pour cela très simplement, afin qu'ils soient très à leur aise dans leurs vêtements. Mais avec cela apprenons-leur à penser aux autres, à s'arrêter dans leurs ébats quand on le leur demande et à respecter les personnes qui pourraient être fatiguées de leur bruyante vivacité. La chose n'est pas facile assurément et nous poussons souvent plus d'un soupir en voyant que les résultats obtenus sont encore loin de ceux que nous aimerions atteindre.
Une abonnée, Genève
Le système est-il bon? demande Mme Robert. Il me paraît mauvais:
1° en ce qu'il est un système, chose presque incompatible avec une bonne éducation; 2° en ce qu'il consiste, dit la mère elle-même, à ne reprendre que la désobéissance, les querelles, le mensonge.
Disons punir au lieu de reprendre et faisons de cela non pas un système mais une règle générale de conduite susceptible de beaucoup d'exceptions selon enfants et circonstances et nous arriverons à un meilleur résultat que la mère en question.
Je trouve comme elle qu'il faut que les enfants s'amusent; et je crois même que pour leur procurer une jeunesse vraiment heureuse les parents grands parents et domestiques devront quelquefois renoncer à leur repos, leurs habitudes et leurs aises. Mais si nous réclamons la liberté pour les enfants nous réprouvons la licence.
L. C.
Une autre correspondante nous écrit dans le même sens que les précédentes et termine ainsi:
Entre trop et trop peu de sévérité il s'agit de trouver la ligne de démarcation. Et lorsque comme cela nous arrive souvent, il nous est difficile de le faire, rappelons-nous que les devoirs, les responsabilités de la mère, sont, plus que toute autre chose, d'origine divine et ne peuvent par conséquent se mesurer qu'auprès de Dieu. C'est donc à genoux que nous mères trouverons la solution à toutes ces questions. Et Dieu lui-même sanctifiant notre intelligence la rendra plus clairvoyante.
Lucy THOUMAIAN.
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