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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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Premières Années

Dans les premières années, c'est en soignant le corps qu'on prépare une âme saine. Ce qui fait du mal à la santé en fait généralement aussi au caractère, donc au moral.

Ainsi il est évident que si, à un enfant tout petit (de quatre ou six mois), vous donnez un objet parce qu'il crie pour l'avoir, il emploiera cet argument chaque fois qu'il aura envie de quelque chose; et si vous ne pouvez positivement pas lui donner un jour ce qu'il désire, il criera jusqu'à s'en rendre malade, à en perdre la voix, le sommeil, l'appétit; sa petite figure sera toute bouleversée par la colère et la violence, et son système nerveux surexcité développera le mauvais côté de sa nature morale, toute naissante qu'elle soit. Si, au contraire, après avoir dit non à un enfant, vous ne cédez jamais sur ce point, il comprendra très vite (vous seriez étonnées de voir avec quelle rapidité, l'inutilité de ses cris, parce que la puissance représentée pour lui par vous, ne change jamais d'idée. D'ailleurs, avec la mobilité extrême de l'enfance, il est bien facile de détourner son attention d'un objet convoité, mais toujours à la condition de l'avoir habitué à ce que jamais on ne cède à ses caprices; sans cela sa persistance à vouloir l'impossible est vraiment remarquable et très précoce. Si on lui cède, on fausse ses premières notions de morale, et il ne sent pas en vous l'autorité nécessaire pour son repos. J'ai cité cet exemple pour vous prouver que l'éducation commence réellement dès le berceau et sous tous les rapports à la fois. . . . De même il est aisé d'accoutumer le petit enfant à une prompte obéissance d'autant plus indispensable qu'il ne peut se rendre aucunement compte des dangers qui l'entourent; lui exposer les raisons de vos défenses avant un certain âge est donc parfaitement inutile. Cette obéissance doit être absolument passive de sa part jusqu'à ce que son esprit se soit assez développé pour saisir lui-même la raison d'un ordre. Généralement la désobéissance se développe par la faute de ceux qui dirigent l'enfant. Ou bien on l'arrête à chaque instant à tort et à travers dans ce qu'il fait, ou bien on rit et on laisse passer une désobéissance formelle. Cela brouille ses idées. Lorsque vous avez exigé quelque chose, persistez jusqu'au bout, mais avant de l' exiger, rendez-vous bien compte si ce que vous demandez est indispensable pour lui. Un jour permettre une chose, le lendemain la défendre, ne peut inspirer à l'enfant qu'une médiocre confiance en vous. J'ai été frappée de la façon dont, à un âge aussi tendre, il comprend le ton ou le regard de la personne qui le dirige; il sait merveilleusement bien si elle-même veut sérieusement ce qu'elle exige; il saisit les moindres nuances; il comprend le sens des puériles comédies jouées devant lui. Il surprend le rire déguisé et le regard admiratif, que souvent on lui jette à la dérobée au moment où il veut commettre une petite iniquité, prendre quelque objet interdit grimper là d'où on vient de le faire descendre, etc. Ces inconséquences compromettent l'éducation. Il arrive parfois que des enfants très jeunes font la remarque suivante: "Oh! aujourd'hui maman, ou papa, ou ma bonne sont de mauvaise humeur; nous attendrons que cela soit passé pour leur demander telle ou telle chose." Ou bien c'est le contraire "papa ou maman sont de bonne humeur, nous pouvons faire du bruit, aller à l'office, manger les confitures enfermées dans l'armoire - etc !" Et notez bien que ces remarques sont absolument vraies et basées sur une parfaite connaissance de leurs aînés. Comment voulez-vous qu'ils prennent au sérieux des ordres ou des défenses qui proviennent de l'humeur changeante de ceux qui les gouvernent, dans lesquels ils n'ont plus cette confiance sans bornes qui, je n'hésite pas à le dire, n'est jamais refusée là où elle est méritée, et qui est certainement le plus puissant des moyens d'éducation ? Si vous montrez par une douce persistance que vous voulez fermement ce que vous dites, si vous ne vous laissez pas entraîner par votre propre état de nerfs à changer d'idée, à passer de l'irascibilité, à la faiblesse, de la sévérité à la gâterie l'enfant vous donnera cette confiance illimitée qu'inspire toujours un être juste. Tout en leur laissant la plus large part de liberté compatible avec leur santé et leur sécurité, je dénonce donc comme un crime commis à l'égard des enfants de les traiter en joujoux et de leur laisser suivre tous leurs penchants, alors que la discipline est leur seule sauvegarde.

On ne saurait assez tôt inculquer à l'enfant l'habitude de respecter la volonté ou la propriété des autres; on le prépare ainsi à comprendre sa solidarité avec ceux qui l'entourent. Tout enfant se figure être le monde entier, et l'idée que d'autres y aient une place au moins aussi importante que la sienne ne se développe pas d'elle-même en bas âge.

Une des grandes leçons de la vie doit donc être d'enseigner à l'enfant à prendre en considération ce qui peut être agréable ou désagréable aux autres et ceci est assez facile à inculquer. Si soi-même on n'a pas la faiblesse de craindre de "faire de la peine" à l'enfant. Ce n'est pas du tout un malheur pour lui que de ne pouvoir faire tout ce qui lui plaît. Mieux vaut pour lui apprendre cette leçon tandis qu'on peut la lui enseigner avec douceur que de l'apprendre plus tard à ses dépens. Son bonheur, pas plus que celui une grande personne ne consiste à le chercher aux dépens de ceux qui vivent avec lui.

Casser, briser tout ce qui lui appartient n'est nécessaire ni à sa santé, ni à son repos, et, pour commencer, il faut éloigner de lui ce qui le tenterait, mais si on ne le peut pas, il convient de lui défendre d'y toucher, et de l'occuper à autre chose. On est assez disposé à trouver tout gentil dans un très petit enfant, et on lui laisse prendre des habitudes qui plus tard feront frémir d'horreur et demanderont une répréhension énergique. Un jour il tourmente une mouche ou un chien, une autre fois il donnera des coups à sa bonne ou même à sa mère. Il est excellent de lui démontrer que ces jeux si amusants pour lui ne lui paraîtraient pas du tout drôles si c'était lui qui servait de joujou.

On peut facilement éveiller ses bons sentiments en lui faisant comprendre le plaisir de vaincre sa propre fantaisie pour rendre service aux autres. Si sa mère ou sa bonne sont souffrantes, il faut l'habituer à ne pas faire de bruit dans la chambre où elles se trouvent, et j'ai moi-même vu l'air fier et heureux d'un petit enfant auquel sa mère disait: "j'ai bien dormi, et ma tête ne me fait plus mal parce que tu m'as bien soignée en me faisant pas de tapage." Il ne l'oubliera pas facilement, et sa satisfaction, même à cet âge en sera autrement grande que n'eût été celle d'un jeu de trompette insensé comme j'en ai entendu faire à un autre bébé assis sur le lit de sa mère malade, qui ne pouvait se décider à empêcher son cher bijou de lui faire endurer ce martyre.

C'est surtout pour l'enfant unique que le danger est grand et il faut redoubler de vigilance pour développer en lui la préoccupation des autres, en commençant par ses plus proches, car s'il est traité pendant son enfance comme une personnalité importante, il risque fort de devenir insupportable toute sa vie, comme fils, mari, père, citoyen, etc.

Quand il y a plusieurs enfants, la tâche est bien plus facile. Les aînés cèdent aux cadets, et on peut les amener à tâcher de ne pas les contrarier; mais ils sont trop jeunes eux-mêmes pour se sacrifier complètement, comme le font les grandes personnes, aux exigences des petits; et ceci est un avantage pour ces derniers. Les plus grands tiennent à leurs joujoux, à leurs livres et ne veulent pas que bébé détruise tout à sa fantaisie, , et bébé à son tour est obligé de céder. Comme ce petit monde est bien l'image du grand où il entrera un jour. Chacun de ses membres cherche un "modus vivendi" et fait ainsi son éducation, et le mieux est de les laisser s'arranger entre eux, ce qui sera d'autant plus facile si les aînés ont déjà été dirigés dans la voie des petites concessions et des petits soins.

J'espère bien que jamais si vous aviez plusieurs enfants à soigner, vous ne montreriez ces désastreuses prédilections qui font de leur objet un parfait égoïste, et des autres qui remarquent cette préférence, des caractères jaloux et souvent haineux.

Il est quelquefois difficile de ne pas éprouver une plus forte sympathie pour un enfant que pour l'autre, mais tous ont droit aux mêmes soins de toute nature et les cadets, étant les plus faibles, doivent être protégés dans la république enfantine, où "la raison du plus fort" est généralement "la meilleure."

Ainsi la première éducation consiste à donner de bonnes habitudes: habitudes de docilité, de bons procédés, au point qu'il soit impossible aux enfants d'être satisfaits si on ne l'est pas autour d'eux. On a mille fois raison de dire que l'habitude est une seconde nature.









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