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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURMères fortes . . . Puisqu'il y a des mères faibles, devenons des mères fortes; cela est d'autant plus nécessaire qu'aujourd'hui, trop souvent, c'est la force qui manque à notre jeunesse. . . Abandonner les traditions de sa famille: n'avoir pas d'heures fixes pour le travail; fumer beaucoup dès l'âge de quinze ans; lire des romans dans son lit; se lever tard; se repaître de journaux équivoques; adopter de préférence un langage vulgaire; boire volontiers de petits verres de liqueur: faiblesse que tout cela. Le mot de faiblesse même ne voile-t-il pas souvent d'un euphémisme trop significatif les plus tristes chutes morales. . . . Pour inspirer de l'énergie, il faut en avoir; comment y arriver ? Ce n'est pas en ayant moins de tendresse; il nous faut toujours plus de tendresse, de la vraie, de la bonne, de la sainte, de celle qui réside dans l'âme et non pas dans le système nerveux, et qui est quelquefois en raison inverse d'une certaine sensibilité. Il faut que notre amour pour notre enfant grandisse chaque jour, que nous l'aimions pour lui et pas pour nous. Si nous voulons être fortes soyons douces. . . . Celui qui fut, entres tous, doux et humble de coeur, le Christ, fut aussi le fort entre les forts, puisque le mal et la mort ont trouvé en lui leur vainqueur. L'énergie se traduit tantôt par l'action, tantôt, par l'attente: Il y a un temps pour parler et un temps pour se taire. (Ecc. 3, 8). Pour être fortes il faut aussi que nous espérions contre les apparences, contre vents et marées. Seule une immortelle espérance nous permettra de persévérer, quand nous avons la certitude de bien faire, malgré les contradictions, malgré les insuccès, malgré les dangers apparents. Souvent l'énergie nous fera renoncer à des préférences légitimes; elle nous enseignera à nous discipliner, à n'être pas nerveuses, à ne pas dépendre, pour rester de bonne humeur, d'une tasse de thé ou d'un rayon de soleil. L'empire sur soi-même s'accroit par l'exercice, et l'on peut dire en un sens que les meilleurs moyens sont ceux dont on fait usage. La conservation de l'énergie réside, pour chacun de nous, dans l'humble accomplissement de son devoir. Lorsque notre bon vieux Boileau écrivait: Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse, il croyait ne formuler qu'un précepte littéraire, mais il donnait en même temps un précepte moral. Que d'énergie il faut pour travailler à loisir! pour oublier, pendant qu'on s'acquitte d'un soin, la légion d'autres soins qui vous guettent; sinon la multiplicité des devoirs qui incombent à la plupart des femmes devient une sorte de condamnation aux travaux forcés. La méthode dans le travail prévient ce fâcheux surmenage; et si la méthode est affaire d'intelligence, elle est aussi, elle est beaucoup affaire de volonté. Nous avons en général d'excellents principes; ce qui nous manque c'est l'énergie nécessaire pour les appliquer. . . . La vie des grandes villes est dévorante mais la vie de tous ceux qui se dévouent l'est aussi. Il faudrait avoir assez d'empire sur soi-même pour n'être jamais pressé. C'est fort difficile et nous ne savons trop comment on pourrait y parvenir. Toutefois nous sentons bien que l'agitation tient à nous-mêmes beaucoup plus qu'aux circonstances. Pour dominer sa vie il faudrait la simplifier, en éliminer une foule de menuess besognes oiseuses qui finissent par consumer le plus clair de notre temps; il faudrait aussi ne pas mettre notre point d'honneur à tout faire sans aide, comme plus dune maîtresse de maison y est portée. Les mères chargées d'une nombreuse famille, obligées d'être presque toujours en mouvement, en viennent à oublier un art enviable, celui de s'asseoir. Je prétends qu'il faut de l'énergie pour savoir rester assise quand défile devant l'esprit toute une procession d'objets en détresse qui font de loin des signes désespérés; les vêtements de l'aîné, les cahiers du cadet, le livre de la grande, les jouets de la petite, les provisions à sortir, le carnet de la bonne à régler . . . Et pourtant le ménage, les enfants, les domestiques, se trouveront bien de la force d'âme que vous employerez à reprendre haleine: vous y puiserez une stabilité d'humeur qu'un genre de vie trop haletant tend constamment à détruire. Oui il faut beaucoup d'énergie pour traverser une vie de mère de famille sans faire faillite, soit pour le caractère, soit pour les facultés et les talents qu'on possédait à l'origine. . . . Pour faire des fils forts, il faut des mères fortes. Soyons ces mères-là. |
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