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Mon amie Madame Blanc. (Suite de «Les petits ennuis» (1))

L'autre jour, en lisant les quelques lignes intitulées «Les petits ennuis», Mme Blanc s'est écriée : « Elle a la berlue, Mme A***, sûrement c'est quelqu'un qui n'a jamais vu les choses de près. Elle s'imagine qu'on fait les enfants comme on veut les avoir. Le Rhône remontera à sa source avant que Victor vienne me dire tendrement, même s'il a percé trois paires de culottes et toutes ses blouses, comme c'est arrivé la semaine passée : « Je suis bien, fâché de t'avoir donné tant de peine, chère maman ». Est-ce que jamais un garçon y réfléchit, à la peine qu'il donne? il s'en soucie comme d'une guigne ! Et quant à me parler tendrement, cela arrive à la semaine des trois jeudis, pas plus souvent. D'ailleurs, pourvu qu'il marche à peu près droit, je ne lui demande pas de tendresse, moi, je suis déjà bien contente comme ça. »

Mais elle n'en avait pas l'air, Mme Blanc, elle poussa même un gros soupir. Et je me dis tout bas qu'en effet, elle n'avait pas l'existence bien commode, avec ses cinq enfants et son mari si souvent le soir au café, dans ce rendez-vous de perdition, attablé avec d'autres maris, en dépit des maigres gains, des petits là-bas au logis, et de l'épouse qu'ils avaient promis de chérir. Serment souvent vite oublié.

Et je me dis aussi qu'un peu de tendresse serait un baume bien efficace sur les douloureuses blessures du coeur de Jeanne Blanc. Seulement, voilà, elle n'y avait pas accoutumé ses enfants, à la tendresse !

Quand ils étaient tout petits, oui, alors je l'entendais souvent, installée derrière les liserons grimpants de mon vieux balcon. Elle leur faisait des grâces : « Viens, mon colinet, viens vers maman, tu l'aimes tant, n'est-ce pas? mon petit trésor, mon chéri ! »

Niché très haut sur les bras maternels, il riait, l'enfant, et son doux gazouillement de plaisir montait jusqu'à moi. Alors, presque un peu mélancolique, - puisqu'il est entendu que je n'ai jamais vu les choses de près, que je n'ai donc jamais eu d'enfants - l'avouerai-je? un tout petit brin envieuse même, je songeais qu'il n'y a rien, rien sur cette terre, égoïste, cruelle, sans pitié, rien qui soit si près d'un morceau du ciel que cet admirable, ce sublime amour maternel.

Seulement, quand ses enfants devinrent un peu plus grands, Mme Blanc changea de méthode. Peut-être s'imaginait-elle que la provision de caresses, de baisers, de tendres paroles, suffirait pour tout l'avenir. Je n'en sais rien, mais, ce qui est certain, le voilà : A mesure que diminuaient les sourires, les gronderies augmentaient.

Et maintenant, voilà à peu près ce que j'entends toute la journée : « Qu'est-ce que tu fais là, Louise, veux-tu bien te tenir tranquille. Tu m'as déjà cassé un couteau hier, je vois bien que tu as envie de finir la douzaine aujourd'hui. »

« Mais promène donc la petite soeur, Auguste, n'entends-tu pas comme elle pleure? Tu es sourd, il me semble, on peut te le dire cent fois, monsieur n'écoute, pas ! »

« Bon, voilà que Victor a encore oublié de me fendre du bois. Eh ! mais quel train vous faites, c'est à réveiller les morts, allez donc vous amuser sous la galerie, vous avez juré de me rendre folle. »

Et les enfants, sont-ils plus aimables, eux? Non, au contraire, ils maugréent, et une expression d'éternelle bouderie envahit de plus en plus leurs physionomies.

Elle se complique vraiment la vie, Mme Blanc, à mesure qu'elle s'éloigne davantage de son ancien système.

Je le lui dirais qu'elle ne me croirait pas, pourtant ça me perce le coeur de la voir s'éreinter comme elle le fait, sans répit ; tandis qu'une goutte d'huile ferait si fameusement bien dans les rouages desséchés de sa tâche, qui recommence chaque matin et qui n'est pas finie le soir, témoin leur fenêtre éclairée si souvent tout d'un coup la nuit.

Oui, oui, il faudrait graisser tout, que ça marche facilement, une fois la bonne impulsion donnée. Là, où il n'y a pas d'autres richesses surtout, on a si besoin de celle du coeur. Sans cela, le bonheur s'enfuit vite par la fenêtre, croyez-moi. Là où c'est nu, frugal, étroit, il faut tout dorer par l'amour. Pensez-vous le vilipender en le traduisant par un sourire ou par une bonne parole ?

Quand Auguste rentre, au lieu de le gronder tout de suite, dites-lui donc plutôt : « Ah ! te voilà, bonjour, chéri, tu as été bien sage à l'école, n'est-ce pas? oui, oui, je sais bien que tu veux faire plaisir à maman. »

Et le soir, quand vous voyez arriver l'heure à laquelle votre mari repense au « café » l'heure de la tentation, il ne s'y rendra pas, bien sûr, si l'attraction du chez lui est la plus forte. Eh ! oui, voilà tout le secret, il s'agit que ce soit plus doux, plus tendre, c'est simplement une rivalité entre votre intérieur, vous même, et la grande salle de l'autre côté de la rue. Qui triomphera, le bien ou le mal? Vous, votre amour, votre tendresse, ou bien les camarades la bouteille, les scabreuses conversations?

Chère amie! L'enjeu est très haut, il y va de toute votre existence, temporelle et éternelle. De celle de votre mari aussi, celui que vous aimez tant que le coeur vous en
déborde; de celle de vos enfants dont vous avez charge d'âmes, que vous avez reçus pour les amener jusqu'à Christ. Et vous ne feriez pas tout pour cela? Vous ne vous
efforceriez pas par tous les moyens. Ah ! répandez votre amour, non, faites plus, inondez-en leur vie! Vos sourires, votre affection, vos caresses, seront les chaînes qui les riveront solidement au bien. Les vôtres sont en danger, Satan les guette à chaque coin de rue, ne les laissez pas, sortir sans les avoir enveloppés de votre tendresse comme d'un manteau qui les préservera. Ma soeur, tu peux, comme Christ, ton Sauveur, te donner aux tiens pour leur salut. Fais-le, ne te rebute pas, ne désespère pas. Oui, ta tâche est bien lourde, mais la victoire est au bout. Ton Père Céleste te tient par la main, jamais il ne te lâchera, appuie-toi sur Lui avec confiance. Et tu arriveras au but. Un jour, regardant en arrière, tu béniras, avec des larmes de reconnaissance, pour les grâces, les dons, les félicités dont tu as été comblée. Et tu diras : L'amour, l'amour a tout fait, c'est le levier qui soulève le monde.

(1) Voir le numéro précédent









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