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L'Ordre

II.

Il a été question le mois passé de l'ordre dans les idées, aujourd'hui nous nous occuperons de l'ordre dans l'espace.

Quel espace ? Celui que nous offre notre demeure. Que ce soit une maison, un appartement, un logement de deux pièces ou seulement une chambre, l'ordre y doit régner. De même que l'ordre dans les dépenses est d'autant plus nécessaire qu'on est moins fortuné, l'ordre dans le ménage l'est d'autant plus qu'on est logé plus étroitement.

Votre enfant vient vers vous avec sa boîte de bois de construction: "Maman ma boîte est toute pleine et j'ai encore plusieurs morceaux de bois à mettre; comment faire ?" Vous renversez le tout puis donnant à chaque morceau la place qui lui convient de manière à ne laisser aucun espace inoccupé vous les faites aisément entrer tous dans la boite. L'enfant qui ne vous a pas quittée des yeux vous trouve bien habile et demain essaiera de faire "comme maman".

La chambre ou les chambres dans lesquelles nous vivons sont assez semblables à cette boîte. Tout y trouvera sa place et rien n'y sera une cause de désordre si avec méthode nous assignons à chaque objet la place qu'il doit occuper et si avec persévérance nous l'y remettons soigneusement.

Il faut de la méthode, car l'ordre véritable ne consiste pas à débarrasser une table des objets de tous genres qui l'encombrent pour les serrer pêle-mêle dans une armoire, ni à empiler sur une étagère des papiers ou des livres sans tenir compte de l'usage de chacun d'eux.

Il faut aussi du soin et de la persévérance car l'ordre véritable ne consiste pas à faire de temps à autre la revue d'un placard ou d'une chambre pour y remettre en ordre ce qui, pendant des jours ou des semaines y a été dans un sens dessus dessous toujours grandissant.

La méthode dans la place donnée aux choses viendra souvent en aide à notre mémoire. Je ne me rappelle peut-être pas où j'ai mis telle étoffe mais je sais qu'elle doit être à telle place parce que c'est là que je mets d'habitude ce genre d'étoffe. La méthode nous aidera aussi à maintenir l'ordre. Si chaque objet a sa place bien appropriée à l'usage qu'on en fait, on l'y remettra tout naturellement. Si les enfants peuvent facilement atteindre les choses dont ils doivent se servir eux-mêmes, ils apprendront à ne pas les laisser traîner sur les meubles ou à terre.

Quelle perte de temps occasionne le désordre! "Jean, va vite me faire une commission", dit la mère. Jean se lève aussitôt, croit mettre la main sur son bonnet, ne le trouve pas, cherche ailleurs, cherche partout et récrimine: "Où a-t-on fourré mon bonnet, il n'est nulle part !" Un autre jour, au moment de partir pour l'école il découvre qu'on a fait disparaître son manteau ou qu'on a pris son cahier, caché son sac: il tempête, le temps passe, il arrive tard à l'école et voilà une journée mal commencée.

La fillette a fait sauter une maille en mettant son bas hier matin; ce n'était rien, cela ne valait pas la peine d'en parler; mais aujourdhui quand elle l'enfile de nouveau la maille à coulé presque jusqu'au talon et la maman aura bien de la peine à remettre ce bas en bon état. Un point fait à temps en épargne sept, dit le dicton, et c'est bien vrai.

Enseignez donc à vos enfants à toujours mettre leurs livres et leurs cahiers sur le coin d'étagère que vous leur avez assigné et il n'y aura plus de récriminations au moment de partir pour l'école. Qu'ils aient aussi un endroit spécial pour leurs jouets, et la petite ne viendra plus vous tirer par votre robe tandis que vous écrivez, balayez ou repassez pour vous dire: "Où elle est ma balle; dis maman ?" Elle saura la retrouver à la place habituelle et ce coin des jouets lui deviendra précieux.

Dès qu'elle sera assez grande, enseignez à cette fillette à vous signaler et plus tard à réparer elle-même tout désordre dans ses vêtements. Qu'elle sente qu'elle en est en grande partie responsable et qu'il n'est pas naturel que vous ayez toute la peine.


Si le désordre est une perte de temps il est encore une perte d'argent. Tout objet hors de sa place risque d'être cassé, déchiré, sali. Le cahier laissé sur le bord de la table sera bientôt saisi par le bébé et traîné dans tous les coins de la chambre; il faudra le remplacer. Que dire s'il s'agit de l'encrier qui, posé où nul ne s'attend à le trouver, tombe en abîmant vêtements ou meubles !

Des accidents plus graves ont fréquemment pour cause le désordre; c'est ainsi qu'une lampe, des allumettes, laissées à portée de tout jeunes enfants ont occasionné maintes brûlures et incendies.

Enfin le désordre moral d'une famille provient trop souvent d'un désordre matériel au logis, et c'est la mère qui dans la plupart des cas en est responsable. Le père qui rentre fatigué de sa journée d'atelier ou de bureau doit avoir le plaisir de trouver un souper prêt, dans une chambre bien balayée, et servi par sa femme proprement coiffée et habillée. Faute de quoi il y aura mécontentement, reproches, querelles peut-être et bientôt le café voisin aura pour le père plus d'attrait que le cercle de famille.

Il en est de même de l'enfant, du garçon surtout. En rentrant de l'école il doit trouver un bout de table propre où il puisse écrire ses devoirs; sinon il sera tenté d'aller rôder avec des camarades qui l'entraîneront où sa mère ne voudrait pas le voir.

Et ne dites pas qu'il est impossible d'avoir de l'ordre dans une famille pauvre et nombreuse. Je visite de temps à autre une mère qui a sept enfants. Elle n'a qu'une chambre et une petite cuisine. Eh ! bien, chaque fois que j'y suis allée, et cela sans être attendue, l'ordre régnait dans ce modeste logis. Chaque lit était propre et bien fait, chaque chose à sa place. C'est plaisir que de voir cette mère, pourtant faible de santé, occupée à préparer le lait du bébé, à laver ou à raccommoder. Quoique cette pauvre femme ait souvent de la peine à nouer les deux bouts, tout respire la paix dans cette demeure.

La paix ! Si, comme nous l'avons vu, elle risque d'être troublée par le désordre de la mère, elle peut aussi être compromise par un amour excessif pour l'ordre. "Combien d'excellentes ménagères, lisions-nous récemment, seraient étonnées si on leur disait qu'elles mettent leur amour de l'ordre au-dessus du bonheur individuel de ceux qui les entourent! Une chaise hors de sa place est pour elle un sujet de mécontentement exprimé par un regard sévère, une parole irritée. Un crayon ou un papier sont-ils jetés à terre par négligence, la mère se lève aussitôt avec un air de martyr pour les ramasser; ou bien le coupable fortement réprimandé reçoit l'ordre péremptoire de réparer sa faute.

Il n'y a que trop de gens qui adoptent un idéal de moralité, d'habitudes, de tempérament et sont résolus à conduire au même idéal tous ceux qui doivent subir leur influence. Leur vie de reproches continuels est un supplice pour ceux-ci."

Tout en pratiquant et enseignant l'ordre n'oublions donc pas qu'il ne doit jamais devenir une cause d'esclavage, de tyrannie et par conséquent de tristesse, mais qu'il doit au contraire faciliter et embellir toute notre vie domestique.









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