Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

L'Ordre

III.

Il y a un temps pour toute chose et pour toute oeuvre. Ecclésiaste 3

Le temps est une valeur, valeur dans l'emploi de laquelle nous devrions être d'autant plus judicieux que nous n'en connaissons pas le montant. Nous ne savons pas combien d'années, de jours, d'heures seulement peut-être, nous avons encore à notre disposition, mais nous savons une chose: le temps prépare l'éternité. Vérité solennelle qui devrait être constamment présente à nos esprits comme un sérieux avertissement et comme un puissant encouragement.

Et ici la pensée qui a inspiré les précédentes réflexions sur l'ordre dans les idées et l'ordre dans l'espace, se retrouve devant nous : Il faut un temps pour chaque chose et chaque chose en son temps.

César, dit-on, était toujours à temps et jamais pressé. Toujours pressées, jamais à temps pourrait-on dire de plus d'une mère de famille. A ce triste état de choses, l'ordre est encore une fois le remède. "Le moment de la plus grande complication des devoirs est celui où la nécessité de les ordonner est la plus évidente", dit Me Necker de Saussure et ce qu'elle exprime à ce sujet nous paraît si juste que nous le transcrivons ici en abrégeant.

"La mère devrait se former l'idée de la juste subordination des devoirs et leur distribuer les moments en raison de leur importance. Mais tout en conseillant une règle de conduite nous n'oserions conseiller de répartir les occupations heure par heure sans le moindre intervalle. Qui peut, en effet, prévoir l'imprévu ? Comment se soumettre à exécuter toujours les mêmes choses aux mêmes instants quand tout change si vite dans les circonstances ? Il faut si souvent sacrifier le devoir habituel pour courir au plus pressé. Le bon samaritain se demanda-t-il si bander les plaies du pauvre étranger meurtri était son premier devoir ? L'urgence plaidait pour la charité, il ne vit pas autre chose. Quelle admirable leçon nous donne cet exemple! Oui, quand il s'agit d'éloigner les dangers ou d'adoucir les douleurs du prochain, il est des mouvements de coeur victorieux, irrésistibles qui brisent la règle imposée aux journées. L'urgence élève alors la charité universelle au rang de premier devoir mais convenons que les femmes, bien souvent, attachent l'idée d'urgence à des bagatelles et que le moment présent prend généralement trop d'empire sur leur esprit. Si la nécessité de courir au plus pressé leur est imposée, le cours habituel de leur vie ne devrait pas être troublé pour quelques interruptions. La règle qu'elles s'imposent doit être ferme et flexible à la fois . . . Quant à la subordination de nos devoirs, remarquons que certaines actions d'un ordre très inférieur ont besoin d'être exécutées à heure fixe tandis que d'autres bien plus importantes et de l'ordre le plus élevé ne sont pas soumises à la loi du temps. Voilà ce qui trompe souvent les femmes. Entraînées par l'idée de la chose pressée, elles négligent la chose importante et ne songent pas assez à garantir de tout accident les devoirs qu'il faut accomplir quoi qu'il arrive.

C'est ainsi que le plus saint de tous, le devoir religieux, est fréquemment sacrifié. On a toujours autre chose à faire que d'adorer Dieu: il est présent partout, à tous les instants, lui seul se trouvera toujours. Salutaire ou funeste pensée selon qu'elle favorise ou met obstacle au recours à Dieu."

Qui travaille prie, dit-on souvent, et l'on s'excuse ainsi de ne plus prier du tout. Dès lors le travail que la prière dit facilité devient un lourd fardeau. "Je n'ai pas le temps d'aller à la messe, me disait une mère de famille catholique; du reste je n'en ai pas besoin, je fais bien assez pénitence comme ça puisque je travaille jour et dimanche pour élever mes enfants!" Combien différente la pensée de cet homme de Dieu qui s'écriait: "J'ai tellement d'ouvrage ces jours-ci que pour pouvoir l'exécuter il me faut consacrer deux fois plus de temps à la prière que je ne le fais d'habitude." Quant à nous, si nous ne pouvons réserver à la prière que quelques minutes, que ce soit au moment le plus tranquille de notre journée; et n'oublions pas qu'aux supplications nous sommes appelées à joindre l'action de grâce. C'est dans ces moments de communion avec Dieu que nous trouverons le secret du meilleur emploi de notre temps.

"D'autres moments encore, dit Me Necker, doivent être mis autant que possible à l'abri des envahissements. Ce sont ceux que nous consacrons à nos devoirs d'épouse et de mère. L'intimité conjugale ne doit pas être sacrifiée aux soins maternels pas plus qu'elle ne doit empêcher de les remplir. Nous ne pouvons entrer ici dans le détail de cet équilibre indispensable au foyer. Mais remarquons qu'en réservant des heures régulières pour l'éducation de nos enfants et en les faisant hériter des moments dont nous pourrions disposer encore, il nous faut beaucoup de sagesse et de discernement. Une mère qui ne voudrait jamais perdre de vue ses enfants, négligerait d'autres devoirs et nuirait à ses enfants même. Ils prendraient une idée trop haute de leur importance et trop basse de la vocation humaine; tandis qu'ils seront d'autant plus aptes à remplir plus tard leurs devoirs envers l'humanité qu'ils auront vu leur mère les remplir tout d'abord. C'est ainsi que les devoirs les plus étrangers à la vocation maternelle s'y trouvent intimément liés quand on sait intéresser les enfants à leur accomplissement. C'est là pour eux la vraie éducation morale.

Nous avons parlé du temps à accorder à Dieu, à notre famille, à notre prochain mais nous le savons toutes, il est un autre devoir important et quotidien qui nous incombe. C'est celui de l'administration domestique. Le ménage est une roue qui tourne sans cesse, et la vie entière pourrait y passer. Le temps qu'il y faut consacrer varie selon les situations et il est essentiel de l'évaluer. Cette occupation devient parfois une sorte d'entraînement. Qui ne sait que dans le temps des grands embarras domestiques telle femme est sujette à négliger mari et enfants ? Telle autre met un intérêt si âpre à des vétilles que son caractère s'en aigrit. Dans la classe opulente ce sont les torts de négligence qui se font plutôt remarquer.

Quelle que soit notre position sociale, reconnaissons humblement notre légéreté naturelle et au lieu de nous fier entièrement à nous-mêmes, imposons-nous certaines lois. Les devoirs qui reviennent tous les jours se prêtent ordinairement à une distribution à heure fixe tandis que les autres trouvent leur place dans un reste de temps plus ou moins long et tous ont également besoin d'être défendus contre la négligence et les fantaisies."

A ces remarques générales ajoutons quelques réflexions pratiques.

Pour assigner un moment convenable à nos occupations journalières il est nécessaire de connaître aussi exactement que possible le temps que chacune d'elle réclame. Et cette évaluation est utile non seulement pour la mère qui s'occupe elle-même des moindres détails de son ménage mais aussi pour celle qui doit distribuer l'ouvrage à des aides. Faute de savoir le temps exact nécessité par tel ou tel travail on risque de laisser sa tâche inachevée, d'exiger l'impossible de ceux qui nous servent, ou bien, pour terminer l'ouvrage commencé au mauvais moment, d'empiéter sur le temps réservé à un autre devoir. Il en peut résulter des désagrément continuels pour notre entourage et la santé de toute une famille peut subir les fâcheux effets de notre négligence à cet égard. Pour tous la régularité dans l'heure des repas est une des principales conditions de santé. Mais pour les enfants, les bébés, cette régularité est de la première importance. Et pourtant combien de mères changent le moment du repas de leur bébé pour une visite qu'elles ont à faire ou à recevoir, une invitation ou un plaisir qu'elles ne veulent pas sacrifier, une robe à essayer ou seulement par pure négligence. Trop souvent aussi le repas sera donné beaucoup plus tôt qu'il ne le devrait, parce que bébé pleure et que ces pleurs ne peuvent être motivés, semble-t-il, que par un besoin de nourriture. Fatale erreur qui a contribué à gâter plus d'un estomac et plus d'un caractère sans compter l'ennui; la fatigue et la perte de temps ainsi occasionnés à la mère. Et pourtant il est très facile de maintenir avec les bébés des heures fixes pour leur toilette et leur repas à condition que la mère soit résolue à régler sa propre vie et ne cède ni à ses fantaisies personnelles, ni aux caprices de son enfant.

S'il s'agit des leçons en dehors de l'école, il sera utile aussi de savoir le temps que l'enfant met à chaque devoir ou leçon qui revient le plus fréquemment, et de l'habituer à se rendre compte lui-même de la meilleure manière d'employer les heures consacrées à l'étude.

Perdre son temps, ce temps dont nous avons constaté la valeur inappréciable, n'est rien moins qu'un péché. Nous avouons aisément qu'une telle habitude est déplorable lorsque, la découvrant chez nos employés ou nos enfants, nous en subissons les tristes conséquences. Mais ceux qui nous entourent n'ont-ils peut-être pas à nous reprocher d'avoir abusé de notre supériorité pour leur avoir fait, bien malgré eux parfois, perdre leur temps. L'exactitude est la politesse des rois, dit-on. Elle devrait aussi être celle de tout chef de famille, de toute maîtresse de maison. Faire attendre inutilement une domestique ou un enfant, sous prétexte que le temps de la servante est, en définitive, le nôtre et que celui de l'enfant n'a que peu ou point de valeur, est non seulement un fort mauvais exemple donné à nos subordonnés mais contribue à semer dans nos demeures le mécontement, l'aigreur et même le désordre. Si le temps perdu se retrouve, ce ne peut être, en effet, qu'au détriment de la qualité du travail.

Que dire des bavardages, des conversations oiseuses?. . .

Deux personnes au moins y perdent de précieux instants alors que plus d'un devoir est en souffrance à leur foyer sans compter que parmi ce flot de paroles inutiles la médisance trouve bien vite sa place. En théorie nous sommes toutes d'accord sur ce point n'est-ce-pas ? Pour la pratique les bonnes résolutions ne suffissent pas. Seul l'Esprit de Dieu, peut nous faire triompher des tentations; lorsque nos coeurs en seront remplis, tout naturellement aussi nos pensées et notre temps seront occupés d'une manière conforme à la volonté de Dieu et nos paroles seront accompagnées de grâce.

Le sujet que nous avons abordé aujourd'hui est si vaste que nous n'avons pu qu'effleurer quelques-unes des idées qu'il suggère. Nous espérons que plusieurs de nos lectrices voudront bien nous faire part de leurs expériences sur cette importante question de l'ordre dans le temps.

Nous terminerons par la même observation que nous faisions a propos de l'ordre dans l'espace. L'ordre doit rendre notre vie plus utile, plus facile, par conséquent plus belle. Du moment où le programme de nos journées deviendrait un fardeau pour nous ou notre entourage il cesserait de nous répondre à son but: il devrait subir une transformation.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève