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Point de mensonges!

- Je hais le mensonge! disait un jour ma soeur.

- Tu as bien raison; car les lèvres menteuses sont en abomination à l'Eternel.

- Ceux qui mentent sont inexcusables !

- Trouves-tu ? Il me semble qu'on est pourtant quelquefois excusé de mentir. Par exemple lorsqu'on a affaire avec des gens qui, se mêlant de ce qui ne les regarde pas, vous posent des questions indiscrètes. Ainsi tu te souviens de Mme M . . . te demandant si tu étais fiancée dans le temps où la famille seule était dans le secret; et tu te rappelles ta réponse ?

- Oui, j'ai menti, dit ma soeur en rougissant.

- Et tu as bien fait, Emilie.

- Non, j'avais tort. Si c'était à recommencer je suis sûre que je m'en tirerais sans mensonge Je m'efforce de dire la vérité en tous temps et depuis que j'ai des enfants j'attache encore plus d'importance à une parfaite droiture. Leurs manquements à cet égard me font tant de peine!

Je ne pus m'empêcher de sourire en pensant aux dermères inventions du petit Frank.

- Jeanne te donne-t-elle autant de mal que son frère ?

- Oh! ce n'est pas la même chose. Frank cherche à me tromper pour obtenir quelque faveur, surtout au bénéfice de son estomac. Jeanne, elle, mentira par crainte ou par
honte pour cacher une faute mais j'arrive à lui faire dire la vérité en lui montrant que sa sincérité à beaucoup plus d'importance pour moi que l'acte lui-même. Mais ce n'est pas toujours facile et parfois il me faut lui arracher ses aveux. Cependant, je ne la laisse jamais aller qu'elle ne m'ait dit toute la vérité.

- Frank et Jeanne ont tous deux une bonne dose d'imagination; il faut aussi en tenir compte.

- Certainement, mais il ne faut pas non plus s'y laisser prendre. Quelquefois ils me racontent des évènements que je sais parfaitement n'être pas arrivés; j'écoute sans sourciller puis quand ils ont fini je leur dis: "C'est une petite histoire pour rire n'est-ce- pas ?" et généralement ils l'admettent sans peine.

- Ne crois-tu pas que leurs rêves deviennent parfois dans leur esprit une réalité?

- Sans doute, mais il est aisé de les détromper.

- Ce qui doit bien faciliter ta tâche, c'est cette confiance absolue qu'ils te témoignent.

- Oui, c'est pour moi une grande joie et une récompense aussi car j'ai toujours fait mon possible pour mériter cette confiance en ne leur disant jamais l'ombre d'un mensonge et en ne leur manquant jamais de parole. Comment pourrais-je exiger d'eux la sincérité si je ne la pratiquais moi-même !

Ce soir-là, tandis que les enfants prenaient leur souper et que ma soeur et moi causions dans la pièce voisine, Frank cria: "Maman, Jeanne a repris de la confiture."

- Je viens, dit Emilie en se levant.

Et je l'entendis demander gaîment: "Vous avez bientôt fini, enfants ?" Un peu curieuse, j' entrouvris la porte. Ma soeur était debout près de la petite table et caressait les cheveux de sa fillette.

- Jeanne a repris de la confiture, commença Frank.

- Tu n'as pas besoin de me raconter cela. Jeanne saura bien me le dire. Voyons, Jeanne as-tu pris de la confiture

- Oui, maman, un peu.

- N'en avais-tu pas assez ? Veux-tu que je t'en donne encore un peu ?

Puis Emilie embrassa la fillette en disant: "Je suis bien contente que tu m'aies dit la vérité mais une autre fois il ne faudra pas te servir toi-même." Et elle commença immédiatement à parler d'autre chose.

Plus tard en causant avec moi de ce petit incident, ma soeur me disait:

"Il va sans dire que l'important était que Jeanne avouât la vérité. La confiture était pour moi bien secondaire; c'est la véracité de mon enfant qui me préoccupait."

Quand, à notre tour, nous allâmes souper nous vîmes la poupée de Jeanne à la salle à manger.

Fais-moi penser, dit Emilie, que j'ai promis à Jeanne de monter sa poupée dans sa chambre avant d'aller me coucher. Mais quand nous nous séparâmes pour la nuit, ni l'une ni l'autre ne songea à la poupée. J'étais encore dans mon premier sommeil quand un bruit de pas légers dans le corridor me réveilla en sursaut. J'entrouvris ma porte et vis ma soeur qui entrait dans la chambre des enfants.

- Quelqu'un est-il malade? Demandai-je.

- Oh ! non, seulement j'avais oublié la poupée.

- Quelle heure est-il?

- Minuit et demie.

A déjeuner Emilie s'excusa de m'avoir réveillée.

Je ne pouvais me résoudre à manquer de parole à Jeanne. Une grande personne excuserait mon oubli, mais à cinq ans on n'accepte pas facilement les circonstances atténuantes et j'aurais risqué de perdre la confiance de Jeanne. Les enfants sont de terribles observateurs. Jeanne avait une fois battu Frank, je la menaçai de la punir si elle recommençait. Cela arriva bientôt mais comme je déteste punir je tachai de m'en tirer d'une manière honorable. Je lui dis que si elle demandait pardon à son petit frère en lui assurant qu'elle ne le ferait plus, je ne la punirais pas. Elle obéit et l'affaire semblait heureusement terminée. Mais quelque temps après tandis que je parlais aux enfants du devoir de ne jamais manquer à sa parole Jeanne fit cette remarque: "Tu y as manqué une fois n'est-ce-pas, maman ?" En la questionnant j'appris que la petite rusée m'avait donné un mauvais point pour mon indulgence de ce jour-là. La leçon a été bonne et m'a profité.

Par une belle après-midi ma soeur et moi nous allâmes faire une promenade avec les enfants.

Tout-à-coup Frank s'aperçut qu'il avait oublié son sifflet.

- Si tu y tiens, retourne le chercher, dit sa mère.

- M'attendras-tu ? Oui, je t'attendrai ici même.

Le petit garçon partit en courant. Il ne se retourna pas, comme l'eussent fait la plupart des enfants, pour voir si sa mère était encore à la même place; il ne lui venait pas à la pensée qu'elle eût pu s'éloigner. Comme le soleil dardait en plein à cet endroit je proposais à ma soeur de traverser la route et d'attendre sous un arbre. " Vas-y avec Jeanne, répondit-t-elle. Moi, je reste ici, Frank est si petit qu'il pourrait croire que je manque à ma parole si je m'éloignais de quelques mètres". Et traçant gaîment un cercle autour d'elle avec son parasol, elle attendit le retour de son garçon. Ce ne fut pas long. "Tu vois que maman a bien tenu sa promesse dis-je à l'enfant."

- Bien sûr qu'elle l'a tenue! me répondit-il un peu étonné.

Tant que dura mon séjour chez ma soeur, je la surveillai attentivement sans jamais surprendre le moindre manque de droiture soit dans ses actes, soit dans ses paroles. Il n'en est malheureusement pas toujours ainsi. Que de familles dans lesquelles on n'attache que peu d'importance aux mensonges des enfants, et même des parents et où les promesses ne sont qu'un vain mot.

J'ai entendu des mères dire à leur enfant: "Si tu recommences tu n'auras pas de bonbons et, bien que le petit homme n'ait tenu aucun compte de l'avertissement, la boîte de bonbons était apportée et il en avait sa part.

Quel qu'en doive être le résultat, disait souvent ma soeur, point de mensonges, point de mensonges!

Un jour nous regardions par la fenêtre les enfants qui jouaient avec des camarades et une discussions étant élevée nous entendîmes l'un de ceux-ci qui disait: "Demandons-le à ta mère, je sais qu'elle ne nous trompera pas."

Comme son Maître, ma soeur ne tirait-elle pas sa louange de la bouche des enfants ?









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