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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURTact maternel On pressent mieux qu'on ne saurait le définir ce tact propre aux mères, qui saisit au premier abord, comme l'oeil du médecin habile, les points vulnérables, les instants où il faut agir ou s'abstenir, les circonstances où il faut se taire ou parler; et, dans ses ingénieuses ressources, trouve instantanément l'étincelle qui réchauffe, le rayon qui éclaire, le baume qui guérit, le sourire qui console. Rien ne saurait remplacer ce judicieux discernement, ni la science, ni le talent, ni le génie. C'est un don: il se développe de soi-même; il semble inné dans les coeurs matérnels qui ont l'intelligence de leur mission et la conscience de leurs devoirs. Son siège est dans les fibres intimes du coeur; et son action, presque imperceptible, s'exerce bien plus par le silence que par la parole. Il voit tout sans regarder; il devine les pensées, il répond sans interroger, il a des inventions infinies. Toujours cependant il est accompagné de patience et de prudence; son art consiste à attendre le temps favorable, et son triomphe est moins l'effet de ses combinaisons adroites que de son bonheur d'arriver au moment opportun. Les mères qui manquent de ce tact ou négligent ces impulsions spontanées, échouent dans leurs sollicitudes, malgré leur piété et leur bonne volonté. Présumant trop alors de leur jugement, qui n'est pas toujours solide, elles compromettent les meilleures causes, soit par des démarches intempestives, soit par une humeur capricieuse, soit par les défaillances d'une nature abattue. Le principal mobile du tact maternel c'est un sens droit; il est toujours droit quand il se maintient dans la ligne de la simple vérité. La mère dont l'esprit s'appuie sur les fondements de la foi, et, qui envisage toutes les choses de la vie au point de vue de leurs fins ultérieures, n'a point à craindre les écarts de l'imagination, ni les déviations de la conduite, ni les éblouissements de la vanité... Chaque âge, chaque saison, chaque situation a ses exigences. Le tact saisit ces diverses conjonctures et marque la mesure des sollicitudes. Il sait prodiguer à chaque fleur du parterre les soins qu'elle réclame; il affermit les tiges qui chancellent, il émonde les rameaux qui se nouent, préserve le lis timide, arrose le calice qui s'ouvre en exhalant son premier parfum ... Ce discernement, fruit d'une intelligente charité, exerce sur les esprits des charmes ravissants, et captive d'une main sûre même les plus rebelles. Quoi de plus avantageux, de plus désirable pour les mères que de posséder la confiance de leurs enfants ? Vainement en cherchera-t-elle les accès, si elle manque de tact. On ne force pas la confiance, pas plus qu'on n'impose l'amour; ces sentiments ne répondent qu'à de délicates prévenances... Il est une pratique recommandée qui concourt plus que toutes les théories à perfectionner le tact des mères. Cette pratique, c'est l'examen de conscience. Un coup d'oeil jeté chaque soir sur la conduite générale de la journée; une réflexion particulière sur la faute habituelle; une étude attentive des points faibles de notre caractère et des causes ordinaires de nos chutes. . . A mesure que nous nous connaîtrons mieux, nous prendrons aussi, avec une expérience plus mûre, des résolutions plus parfaites; et si nous sommes fidèles à nous amender, nous serons plus aptes à corriger les autres, à les perfectionner, à les diriger avec tact, circonspection et bonheur. |
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