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La joie

Vive la joie ! vers la joie !

Que Jacques soit joyeux pleinement et qu'il rie à gorge déployée ! Il me le faut "de belle humeur", comme on disait à Port-Royal.

L'enfant morose est malade physiquement ou moralement. La joie c'est la droiture, l'équilibre, la santé, la confiance et la simplicité: Que Jacques s'épanouisse donc ! C'est l'âge de la joie.

La joie est bonne; la joie est créatrice; la joie est jeune; elle est française.

Il y a là une habitude d'esprit à prendre dès l'enfance et où il faut s'obstiner à persévérer. Certaines gens se font un manteau de tristesse; on dirait qu'ils se plaisent dans leur mine renfrognée; coups de boutoir à droite et coups de boutoir à gauche. D'autres s'accoutument à recevoir la joie et à la donner; sans prétention ils en font l'hôte de leur foyer. On respire mieux dans cette atmosphère. Ainsi seront tués dans leur germe tous ces petits chagrins, toutes ces aigreurs inavouées, impatience, envie, susceptibilité, découragement, qui sont les parasites de tant d'existences, où on finit par se complaire, sur lesquels on se replie par l'effet d'une seconde nature, qu'on exagère encore en les ressassant et en les analysant, et qui, par leurs piqûres d'épingle qu'on envenime à part soi en y portant la main, empoisonnent beaucoup de vies. Pour l'homme joyeux, et parce qu'il a pris l'habitude de la simplicité, les taupinières deviennent rarement des montagnes...

Concevez-vous quoique ce soit au monde de plus lamentable que ce monstre que serait un enfant qui ne saurait pas rire? Mais connaissez-vous quoi que ce soit de meilleur qu'un enfant joyeux ? Ah ! les bons regards que rien ne remplace et qui font chaud !

Faisons donc aux petits des existences joyeuses. Etant les premières et toutes virginales, pour ainsi dire, les joies de l'enfant sont les plus franches, et celles vers lesquelles l'homme se reportera le plus volontiers: roses parfumées qui n'ont pas d'épines. Je ris encore aux larmes en me rappelant certains rires de mon enfance et certaines joies dont l'écho cristallin retentit dans mon âme comme aux jours d'été les ruisseaux bruissent sur leurs berges ensoleillées, et j'aimerais avoir le talent de faire rire Jacques une heure au moins chaque jour; les matinées ont besoin de lumière. Ma mère sut beaucoup rire avec moi, non seulement pour moi mais bien certainement aussi pour elle; son rire demeure dans mes oreilles, dans mes yeux, dans mon coeur; sa vie passa dans un sourire. Parfois, dans la rue, je m'arrête, songeant à elle, pour entendre rire un enfant.

Que Jacques rie au soleil, ce grand rieur; qu'il rie aux plantes; qu'il rie aux fleurs épanouies dans un éclat de rire de l'aurore malicieuse; qu'il rie aux bêtes, aux hommes; qu'il chante et qu'il gambade, et qu'il sache rire ainsi et chanter le plus longtemps possible dans sa vie. Ne dit-on pas de l'homme heureux qu'il rit comme un enfant ? Je me fais fort, le laissant rire de lui apprendre pourtant le sérieux des choses: les heures amères viendront elles-mêmes armées du fouet et du caveçon et scelleront le rire de ses lèvres avec le rire de son âme. Les âmes très pures et les chrétiennes sont celles qui savent être vraiment joyeuses jusqu'aux portes du tombeau.

J'aime le rire de Jacques, parce qu'il sonne juste, parce qu'il est transparent et limpide. Il montre son coeur tout au travers. Il ne rit pas rien que pour rire, ce qui serait assez niais, mais bien parce qu'il est joyeux. Ce n'est ni un geste convenu, ni une attitude cherchée, mais bien plutôt une expression toute spontanée. Il n'a pas besoin d'effort; il rit avant même d'y penser, et très naturellement fort à propos. Je lui veux des compagnons qui sachent rire du même rire que lui. Quand Jacques ne rira plus devant moi, je commencerai de m'inquiéter.









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