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Comment préparer l'enfant à être vraiment heureux

Les ennemis du bonheur sont nos défauts naturels ou acquis, qui nous entraînent au mal, aux privations, nous empêchent de faire le bien (source du bonheur); ainsi la paresse nous empêche de faire gaîment ce qui est à faire; le sot orgueil nous empêche de reconnaître nos torts; l'ambition nous fait négliger les devoirs de notre condition, nous crée des besoins que nous ne pouvons satisfaire; l'avarice nous empêche de jouir des biens que nous possédons; la colère nous fait faire des actes irréfléchis que nous regrettons; les mauvaises habitudes qui ne tardent pas à dégénérer en passions, telles que le jeu, l'intempérance, la prodigalité, nous enlèvent la santé, les biens, nous donnent le remord.

Le bonheur est fait de malheurs évités; donc l'enfant qui aura été affranchi de ses défauts naturels, dont l'âme connaissant le bien saura le vouloir, sera heureux si son énergie personnelle est suffisante pour persévérer.

On prépare l'enfant à être vraiment heureux par la culture de sa volonté qui doit être ferme et réfléchie. Un enfant colère, boudeur, paresseux, indiscipliné, etc., est un enfant malade de la volonté; un homme joueur, intempérant, avare, prodigue, etc., est un homme malade de la volonté.

Développer l'énergie personnelle doit être le but principal de l'éducation. A cet effet, il est bon d'habituer l'enfant à prendre lui-même une détermination, de l'encourager dans la voie qu'il a prise. Rien n'est plus pernicieux que l'indétermination, une volonté flottante. Il ne faut pas briser la volonté de l'enfant, mais seulement la diriger, la redresser. Le livrer quelquefois à sa propre initiative.

Congrès d'éducation, et de protection de l'enfance Liège 1905.


Un préjugé à extirper, dans les écoles rurales surtout, c'est l'envie, l'ambition qui porte le paysan à croire qu'on ne saurait être heureux au village. A cet effet, il faut faire le portrait de la misère des villes, prouver que le luxe est souvent menteur, qu'une gaîté affectée dissimule quelquefois un désespoir irrémédiable et que l'indépendance, la tranquillité des campagnes est préférable à tous les mirages des villes.

MARFAING et LABADIE.


Il ne faut pas trop de bien-être aux enfants; la satiété les empêche de le sentir quand ils l'ont, et centuple leur aptitude à le regretter quand ils ne l'ont plus. On leur crée ainsi la servitude des besoins factices, grave imprudence et péril non moins grave. C'est pitié de voir des enfants de dix ans qui ne savent plus rien désirer et chez lesquels, par un déplorable système de gâterie, on a tué du même coup l'appétit de l'estomac, la joie du coeur et la curiosité de l'esprit. Blaser ses enfants est le plus grand sévice qu'on puisse commettre à leur égard, et nous le commettons tous les jours...

Les garçons destinés aux luttes de la vie publique, ont besoin d'y être préparés par une éducation virile; mais les luttes ne sont pas toutes dans le forum, il y en a aussi dans la maison, et ce n'est pas en gâtant les filles qu'on leur donnera la force de les soutenir...

Une tendresse calme, prévoyante, comprenant bien le prix des sacrifices qu'elle impose, oubliant les satisfactions présentes et n'envisageant que le but à atteindre, est la condition d'une bonne éducation, et malheureusement ces qualités sont rares.









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