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L'Enfant et la solitude

I.

"Il faut que les enfants aient leur Paradis, comme les premiers parents qui étaient aussi les premiers enfants" !

Ce mot de J.-P. Richter renferme une vérité qu'il est bon de considérer sous tous ses aspects. Pour l'heure nous ne nous arrêterons qu'à celui qui se rapporte au titre de ces lignes, car la solitude peut jouer un rôle éducatif important.

Certains enfants fuient la solitude, ils sont craintifs peureux, c'est une souffrance pour eux que de rester seuls et ils ont sans cesse besoin du voisinage des grandes personnes.

D'autres, au contraire, la recherchent et l'aiment.

Dans l'un et l'autre cas, il est nécessaire d'observer attentivement l'enfant et de comprendre pourquoi l'un fuit la solitude avec une telle persistance, tandis que l'autre, au contraire, s' y complait si volontiers.

- Dans le premier cas, cette crainte a-t-elle peut-être une cause naturelle dans la timidité de l'enfant, ou bien a-t-elle été provoquée, - chez un enfant nerveux par exemple, - par un choc, une frayeur ou bien par un récit qui a surexcité son imagination? Il y a là une tendance maladive qu'il faudra combattre avec persévérance, par le raisonnement ou la distraction, mais sans jamais brusquer l'enfant qui souffre de cette façon-là.

- Dans le second cas, il faut sans qu'il s'en doute, surveiller l'enfant et se rendre un compte exact de l'usage qu'il fait de sa retraite.

- Serait-ce l'égoïsme, ou quelque autre motif plus grave, - quelque mauvaise habitude - qui le pousse à rechercher la solitude et le fait préférer de s'en aller jouer tout seul plutôt que de partager les occupations des autres enfants ou de supporter la présence des grandes personnes ?

- Mais surtout que l'enfant ne se sente pas soupçonné, ce serait lui faire plus de mal que de bien et peut-être même lui apprendre ce qu'il ignore.

- Aussitôt son mobile découvert, si ce mobile est mauvais, agissons sans tarder et luttons de pied ferme jusqu'à ce que le mal soit terrassé. Si au contraire nous voyons que l'enfant ne profite pas de ce qu'il est seul pour mal faire, respectons sa solitude chaque fois qu'elle est compatible avec son devoir et qu'il ne néglige pas celui-ci pour se réfugier dans son petit paradis. - Là, il se sentira indépendant et libre. Il apprendra certainement beaucoup en se créant lui-même ses occupations et ses jeux et il donnera ainsi toute sa mesure.

S'il ne dépend que de lui, et sait qu'il ne peut demander sans cesse aide et conseil en face de la moindre difficulté, il se donnera plus de peine pour bien faire. Il acquerra bien plus d'adresse, de perfection dans son travail ou son jeu et plus de réflexion s'il est parvenu à vaincre seul les obstacles rencontrés sur la route. Il montrera tout ce dont il est capable et un beau jour nous verrons poindre en lui des facultés jusqu'alors ignorées qui détermineront sa vocation future et peut-être orienteront sa vie tout autrement que nous ne l'aurions cru.

En notre temps où la vie est si remplie, et où, par conséquent le cerveau de l'enfant reçoit des impressions, si multiples, si rapides et souvent si intenses, ces moments de répit sont salutaires et même hygyéniques.

L'enfant se repose, il coordonne ses impressions, s'en forme de nouvelles, ce que ses questions prouveront ensuite.

On ne doit cependant pas l'abandonner complétementent à lui-même dans ces moments-là. Rendons lui quelque fois visite dans son petit domaine - dont il ne devra jamais fermer la porte à clé -, faisons le causer, intéressons-nous à ce qui l'intéresse, louons-le si ce qu'il a fait le mérite. Bien que tant de gens soient heureux sitôt qu'un jeu ou telle autre chose les débarasse de la présence des enfants, ne faisons pas croire au nôtre que nous admettons son absence momentanée parce qu'elle est un soulagement pour ses alentours.

Loin de se sentir mis à l'écart, l'enfant doit savoir que si l'on respecte sa solitude la vie commune n'en subsiste pas moins. - Si on l'appelle parce qu'il y a un service à rendre ou un devoir à remplir, qu'il ne s'esquive pas, en égoïste, mais qu'il apprenne à quitter pour un moment, sans rechigner sa douce retraite, et à faire de bonne grâce ce que l'on demande de lui en cet instant. -

En passant, disons encore que l'enfant qui apprécie ainsi sa retraite sera tout disposé à comprendre que ses alentours ont aussi besoin de la leur et il respectera de lui-même le moment de repos de sa mère.

Dans un intéressant ouvrage (1), nous lisons ce qui suit au sujet de la solitude:

"C'est là seulement (dans la solitude) que l'âme apprend à tamiser ses impressions, clarifier ses sentiments; là qu'elle prend conscience de sa force, qu'elle s'entraîne au mouvement intérieur d'examen, de discussion qu'elle sent ses ailes, les essaie, les déploie. Respecter la liberté de l'enfant, faire le silence autour de lui, laisser le papillon éclore... Sage pédagogie que beaucoup approuvent sans la pratiquer. Jamais nous n'estimons intervenir assez dans la vie de l'écolier (2). Ordonner, imposer nos vues, nos goûts, contrarier les siens, c'est notre règle . Quel profit pour lui si maîtres et parents prenaient sur eux de respecter cette intelligence, de la laisser mûrir en paix, s'orienter à son gré, se replier sur elle-même puis s'élancer!" Et plus loin:

"Est-ce que je m'abuse ? Le lieu où l'enfant profitera le mieux c'est, je crois celui où il sera seul avec lui-même. Le meilleur maître de l'enfant c'est l'enfant. Ayons la modestie de le reconnaître. L'enfant possède en lui-même et les germes et la chaleur qu'il faut à la germination, la force qu'il faut à la croissance."

Nous ne voudrions pas cependant, que de ce qui précède on infère que l'enfant ne fait rien de bon, n'étudie bien que seul. Non, à part les moments privilégiés de détente et de plaisir, il est bon, en général, que l'enfant apprenne à travailler au milieu des autres membres de la famille, sans se laisser distraire par un rien. Il faut qu'il apprenne à s'isoler au milieu du bruit, et cela lui sera d'autant plus facile que son cerveau se sera équilibré dans ses heures de solitude. S'il ne s'habitue pas à travailler au milieu du va et vient de la vie de famille, il risque de devenir un petit tyran. On peut, sans qu'il s'en doute lui enseigner à bien travailler avec méthode et cela, la mère peut le faire tout en vaquant à ses occupations. Il est bon pour lui de prendre cette habitude de bonne heure; plus tard, lorsque le jeune homme et la jeune fille parviendront aux études avancées, il faudra autant que possible les laisser travailler à part, dans le calme.

(1) L'Enseignement de la morale et le collège, par Ferdinand GACHE.

(2) de l'enfant, ajouterons-nous.









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