Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Mensonge. "Pour des motifs nobles?"

Si l'on a fait comprendre aux élèves combien il importe qu'ils atteignent dans leurs propos une exactitude qui inspire une confiance absolue, il ne sera pas très difficile de les convaincre que, en théorie du moins, toute espèce de mensonge, même le mieux intentionné, repose sur un calcul faux et dangereux. Celui qui ment, ébranle sa propre foi en la vérité, sans que celui qui est trompé trouve dans ce mensonge un secours véritable: par une compassion mal entendue, ou lui cache une réalité dans laquelle il faudra bien qu'il vive cependant et l'on ébranle sa confiance en l'absolue véracité de son prochain à un moment où elle lui serait particulièrement précieuse.

Pour proclamer le devoir de dire toujours toute la vérité, il suffirait de considérer combien nous sommes sollicités de toute part à altérer les faits pour une raison quelconque. On est perdu, si l'on commence à chercher des compromis et à approuver - ne fût-ce qu'une seule fois - une seule exception. A cet égard, il est essentiel pour la formation du caractère d'étudier avec la collaboration des élèves, tous les cas dans lesquels un mensonge semble être légitime et de leur montrer clairement que toute politique de mensonge est une politique à courte vue.

On justifie assez souvent à l'école le mensonge des élèves qui, en répondant à une enquête qu'ils ignorent tout, ou en disant n'importe quoi de contraire à la vérité, ont l'intention généreuse de sauver un condisciple. Mais ce que nous venons de dire s'applique aussi à ce mensonge là. Cette manière de faire - il faut l'indiquer - s'inspire du principe que la fin justifie les moyens; mais en fait, il n'y a pas de fins dans la vie auxquelles on puisse subordonner les fins morales. Ce que l'on obtient qu'en violant les lois de la conscience ne saurait être un bienfait pour personne: les facilités, les avantages acquis de la sorte ne le sont qu'au prix d'un tort grave, fait au caractère de tous ceux que cela concerne. Pour prévenir les manquements à la véracité, il est extrêmement important de parler en détail avec les enfants de certains conflits graves de la vie scolaire qui facilement peuvent y conduire et d'éclairer de cette façon leur jugement moral.

Il m'est arrivé de traiter avec des élèves des classes moyennes de "l'art de ne pas mentir". Il s'agissait d'utiliser pour la vérité, la faculté d'invention que les enfants mettent si facilement au service du mensonge: de trouver des moyens de dire la vérité dans des situations difficiles, sans pour cela porter inutilement atteinte à d'autres devoirs ou à d'autres considérations. Le cas classique que voici fut, par exemple, soumis à chacun des élèves: le maître trouve une caricature dessinée au tableau. Il demande: "Qui est-ce qui a fait cela ?" L'élève interrogé connaît le délinquant. Doit-il dire: "Je ne sais pas" ou bien trahir son camarade ? Qu'est-ce qui doit l'emporter de son affection, pour le coupable, ou de l'obéissance qu'il doit à son maître ?

Nous commençâmes par cette dernière question. A peu près tous les garçons voulaient qu'il déclare ne rien savoir; les filles presques sans exception étaient pour qu'il se soumît. Je leur fis remarquer que chacune des deux solutions était trop exclusive: les uns n'ont pensé qu'au maître, les autres qu'à l'élève ? On a résolu un problème de cet ordre, que quand on a réussi à tenir compte des deux points de vue. Si vous étiez vous-mêmes maîtres, vous sauriez que sans obéissance il n'y a pas d'enseignement possible. N'y a-t-il pas moyen de conciller ce qu'on doit à un maître et ce qu'on doit à un ami ? Un garçon répondit: "Il faut dire au maître qu'on le dira à condition qu'il ne fera rien au coupable." A cela j'objectai naturellement qu'un maître ne peut pas se contenter ainsi d'une soumission conditionnelle. Enfin quelqu'un proposa de répondre: "Je vous demande la permission de ne pas le nommer maintenant, mais je ferai en sorte qu'il se dénonce lui-même plus tard." A l'unanimité la classe se déclara satisfaire.

Un entretien familier comme celui-là est utile non seulement pour enseigner la véracité, mais encore pour faire naître de maître à élèves des rapports de confiance. Mieux vaut aider aux enfants à trouver eux-mêmes la bonne voie, la leur montrer, au besoin il et les y stimuler, que de prêcher ou d'enseigner théoriquement la conduite à suivre. Combien de jeunes coeurs qui s'aigrissent ou se désespèrent, parce que dans des conflits de ce genre, au lieu d'agir à la façon d'un homme qui a charge d'âmes, le maître a procédé en agent de police ! Un entretien sérieux ne témoigne-t-il pas plus de force morale qu'un recours à la discipline ?

A ne jamais aller jusqu'au fond des résistances qu'on rencontre, à ne marquer que de l'indifférence pour les conflits intimes de l'enfant, on tue en lui le désir de se mettre par la sympathie à la place de son maître.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève