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Correspondance
Il est une faute fréquente de l'éducation contre laquelle nous voudrions mettre en garde vos lectrices, c'est celle qui consiste à laisser se transformer au gré des enfants l'appartement tout entier en vaste bazar à jouets variés.
Toutes les mères ont observé que les menus objets destinés aux enfants: chats en caoutchouc, ours en laine ou lapins en drap, plots ou boîtes à musique, sitôt que l'attrait de la nouveauté est passé, perdent le don de plaire aux petits; il leur faut autre chose, il leur faut des jouets plus inédits, plus imprévus... moins "puérils", pourrait-on presque dire ! Or ces jouets nouveaux où les trouvent-ils si on les laisse faire ? Tout naturellement dans les tiroirs de la table à ouvrage de maman, sur le secrétaire de papa, jusque dans l'armoir de la cuisine ! Bientôt plus rien ne leur est sacré, clés, pelotons, coupe-papier, râpe à fromage, tout est devenu jouet; on traîne un ustensile de ménage dans les corridors; on disperse les bobines; on écure le plancher avec la brosse à cheveux.
Père et mère se désolent bien un peu: le désordre règne et si on ôte au cher petit son précieux trousseau de clés il grognera ou poussera des cris aigus, mieux vaut lui laisser son innocent plaisir !
Eh bien ! non; sans donner à ce principe une absolue rigueur, prenons la décision ferme d'obliger nos enfants pour leur bien et pour notre repos - dans le présent et encore dans l'avenir - à distinguer nettement leurs trésors des notres; qu'ils sachent que ce qui est à eux est à eux, mais que ce qui est à leurs parents est sacré tant que papa ou maman n'a pas jugé bon de donner ou de prêter un moment l'objet convoité.
Ne sera-ce pas les préparer sagement à la vie où il est urgent de distinguer le mien du tien ? Ne sera-ce pas épargner aux parents l'ennui des instruments égarés ou des bibelots cassés avant le temps ?
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