Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Questions des enfants

Madame Wood Allen, bien connue par ses écrits sur l'éducation, recommande expressément de répondre toujours avec franchise aux questions que posent les enfants au sujet de l'origine de la vie. Elle raconte les expériences que fit à ce sujet Miss Sullivan, l'institutrice d'Hélen Keller la jeune américaine aveugle, sourde et muette.

Jusqu'à l'âge de sept ans cette jeune fille ne reçut aucune instruction. Elle n'avait que des moyens de communication fort limités, ne connaissait rien du langage et par conséquent ne pouvait formuler ses pensées. Ce fut alors que Miss Sullivan se présenta pour être son institutrice. En quinze jours l'élève avait acquis l'idée que chaque objet avait un nom. Ensuite, ses progrès furent rapides. Aveugle, elle ne pouvait voir le monde matériel; sourde, elle ne pouvait entendre parler; elle fut donc complètement instruite par Miss Sullivan qui eut grand soin de ne lui inculquer que des idées saines et morales, écartant les sujets au-dessus de sa portée. Cependant quatre mois après son arrivée Miss Sullivan écrit: "Hélen a maintenant atteint l'âge des questions: c'est toujours avec elle : pourquoi ? quand ? comment surtout pourquoi, Comment le charpentier sait-il bâtir les maisons ? qui a mis les petits poulets dans les oeufs, etc., etc.

En août de la même année, l'institutrice s'écrie: Je voudrais réellement que les créatures cessassent de naître: petits chiens, petits veaux, petits enfants ! autant de sujets qui excitent la curiosité d'Hélen et ses questions brûlantes. L'arrivée d'un bébé chez sa tante fut l'occasion d'une explosion de questions sur la naissance du bébé et sur toutes les naissances en général. Où tante a-t-elle pris son bébé ? Comment le docteur savait-il où le trouver ? Leila lui a-t-elle dit d'en apporter un très petit, très joli ? Où le docteur trouve-t-il les petits chiens ? Pourquoi Elisabeth est-elle la soeur d'Evelyn ? Ces questions étaient quelque peu embarrassantes et je pensai que mon devoir était d'y répondre. S'il était naturel qu'Hélen demandât ces choses, mon devoir était de l'en instruire.

Je pense qu'on a grand tort de se débarrasser des questions des enfants par des mensonges ou de sottes inventions quand leur esprit d'observation ou leur curiosité est éveillée sur certains sujets.

J'avais pris l'habitude de répondre aux questions d'Hélen selon mon degré de connaissance et d'une manière aussi intelligible que possible. Pourquoi traiterais-je celle-ci différemment ? me demandai-je. Il n'y a aucune raison qui m'y oblige, excepté ma déplorable ignorance du sujet. Je ne connais personne à qui je puisse demander conseil; donc une seule chose me reste à faire, c'est d'aller de l'avant quitte à commettre quelque erreur que je rectifierai plus tard s'il y a lieu. Dans ce cas je ne crois pourtant pas m'être trompée. J'emmenai Hélen dans un bosquet où nous prenions ensemble la plupart de nos leçons, et armée de mon livre de botanique, je lui expliquai en termes très simples la structure de la plante et l'histoire de sa vie. Je lui rappelai les grains de blé et les pépins de melon qu'elle avait semés au printemps précédent, lui disant que le grand blé dans le champ et les melons dans le jardin potager étaient nés de ces graines. Je lui expliquai comment la terre les conserve au chaud et à l'humidité jusqu'à ce que les petites feuilles vertes soient assez fortes pour se frayer un chemin à l'air et à la lumière où elles peuvent respirer, croître, fructifier et produire d'autres graines d'où naîtrons d'autres plantes. Je tirai de ce fait une analogie entre la vie de la plante et la vie de l'animal, lui disant que pour ce dernier les semences sont des oeufs comme ceux de la poule et des petits oiseaux; que la mère-poule couve ses oeufs en leur communiquant sa chaleur jusqu'à ce que les poussins soient assez forts pour briser leur coquille et venir au jour. - "Toute vie" lui dis-je "sort d'un oeuf: la mère-poisson produit aussi des oeufs qu'elle dépose dans un endroit propice jusqu'à leur éclosion, de sorte que nous pouvons appeler l'oeuf le berceau de la vie. D'autres animaux et la créature humaine ne pondent point leurs oeufs, mais les gardent et les réchauffent dans leurs propres corps." Je n'eus pas de peine à lui faire comprendre que si les plantes et les animaux ne reproduisaient pas des êtres selon leur espèce ils cesseraient bientôt d'exister. Je passai ainsi légèrement sur les fonctions du sexe. Le sujet était délicat et mes connaissances imparfaites; cependant j'éprouvai une grande satisfaction de n'avoir pas reculé devant ce devoir car bien que mes explications eussent été données avec un peu de trouble et d'hésitation, elles firent vibrer des cordes sympatiques dans l'âme de ma petite élève et la promptitude avec laquelle elle comprit les grands faits de la vie physique me confirmèrent dans la pensée, que l'enfant possède à l'état latent toutes les expériences de la race.

Mme Wood Allen pense, que si cette enfant aveugle, sourde et muette commença à l'âge de sept ans à poser des questions sur le grand problème de la vie nous pouvons raisonnablement nous attendre à ce que ceux qui voient, parlent et entendent fassent plus jeune encore des questions sur ce sujet.

Elle admire beaucoup Miss Sullivan pour sa fidélité au devoir et se réjouit de l'effet qu'elle a produit sur son élève, dont on a pu dire lorsqu'elle eût atteint sa seizième année: "c'est l'âme la plus pure que l'on puisse rencontrer."

Aux mères qui ne veulent pas répondre aux questions indiscrètes de leurs enfants, de peur de souiller leur imagination, le rapport de Miss Sullivan prouvera que la simple vérité exposée judicieusement produit plutôt l'effet contraire et en satisfaisant la curiosité naturelle de l'enfant, devient un préservatif pour son innocence et sa pureté.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève