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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Education et discipline

"La vie n'est pas une fête, elle n'est pas une musique ni un jeu, une oeuvre d' art désintéressée; elle est surtout discipline, conquête de soi par soi, installation en soi de l'ordre et de l'harmonie (1)".

C'est l'oeuvre des parents d'enseigner à l'enfant la conquête de lui-même, et, pour y parvenir de l'aider à se connaître, à se dominer, à "installer en soi l'ordre et l'harmonie"; mais combien peu envisagent sous cet angle-là l'éducation de leurs enfants ?

Il faut l'avouer, cette tâche demande de la part des parents une volonté ferme et éclairée, un courage et une patience inaltérables, un effort constant et soutenu, effort qui doit commencer dès le début de la vie de l'enfant.

Trop souvent l'on regarde un bébé comme un délicieux jouet. On rit de ses colères, de ses malices, de son despotisme même; on les raconte en sa présence comme des hauts faits.

Mais, tôt ou tard, un jour vient où l'on s'aperçoit que ces caprices ne sont que des défauts naissants contre lesquels il va falloir sévir. On dit en soupirant, quoique sans grande conviction encore:

Ah! vraiment je crois qu'il faudra bientôt commencer à le punir !

On attend encore et puis il faut bien gronder, fouetter, châtier.

Cependant la tâche n'en est pas facilitée.

L'enfant est trop avisé pour ne pas sentir l'injustice du procédé, il se rebiffe et cela ne fait qu'aggraver la situation.

Voyons, a-t-il complètement tort ?

On a ri si longtemps de ses petits caprices, de ses humeurs, on les a trouvés si gentils ou si comiques et maintenant on lui dit qu'il est méchant, désobéissant et le reste; on le punit un beau jour parce qu'il fait ce qu'on l'avait regardé faire si longtemps avec des yeux indulgents.

N'est-il pas plus logique que ses parents ?

Punir n'est qu'un mauvais remède; n'aurait-il pas été plus sage de prévoir à temps que de sévir trop tard ? Prévenir vaut mieux que guérir et punition en général n'est pas guérison.

- Il faudrait plutôt penser à discipliner qu'à punir, à former l'esprit de l'enfant qu'à le redresser une fois faussé.

"La discipline c'est l'écorce de l'arbre qui retient la sève et la force de monter au coeur (2)".

De très bonne heure l'esprit de l'enfant s'éveille, or l'esprit ne moud pas à vide; il faut lui fournir un bon grain à moudre, en dirigeant son activité.

"A vrai dire, ce n'est pas en pensant, c'est en prenant la direction de sa pensée qu'on devient homme, faute d'y parvenir on n'est qu'un animal supérieur (3)".

Cette éducation-là ne se commencera jamais trop tôt, elle sera un meilleur moyen que les punitions pour redresser les défauts inhérents, - hélas ! - à tout coeur humain.

Mais pour que ce système soit efficace, les parents doivent tout d'abord avoir acquis la maîtrise de soi-même sans laquelle il n'y a pas de bon éducateur.

- L'enfant copie ce qu'il voit faire autour de lui. Comment corrigera-t-on ses défauts s'il les voit journellement dans ses proches ?

Comment l'empêcher de mentir s'il entend sa mère faire sans hésiter des mensonges dits de politesse ?

Comment réprimera-t-on ses colères ou sa mauvaise humeur s'il voit son père se fâcher à tout propos ?

Combien y a-t-il de parents qui ont appris à respecter la loi divine et à lui obéir avant d'exiger de leurs enfants la stricte obéissance à leurs ordres ?

Sachons bien que les enfants ne laissent rien passer inaperçu.

Pour éviter de punir inutilement, évitons de donner des ordres superflus ou contradictoires. Il est bien certain, que le long d'un jour les occasions ne manqueront pas de répéter à un enfant: "Il faut" ou "tu dois", "fais ceci" ou "fais cela". Mais si nous nous observions, nous verrions que nous pourrions nous dispenser de le dire aussi souvent. Nous harassons parfois les enfants avec ces ordres qu'on leur donne et répète sans leur laisser le temps de penser par eux-mêmes; - de cette fatigue naît souvent la désobéissance.

Ou bien il nous arrive de donner un ordre à un enfant sans nous être assuré auparavant qu'il peut l'exécuter et que le moment est favorable pour cela.

- En voici un exemple typique entendu récemment....

Une jeune mère, très élégante, tient par la main une toute petite fillette fort bien mise aussi.

Elles attendent le tram. Le tram arrive, s'arrête.

Monte, monte vite ! dit la mère sans regarder devant elle.

L'enfant ne bouge pas, car elle a levé son petit minois et elle a vu qu'un voyageur, s'apprêtant à descendre, barre le passage.

- Monte donc ! reprend la mère, impatiente.

L'enfant, pour obéir, fait un pas en avant et recule aussitôt puisque le chemin n'est pas libre.

Pendant ce temps, d'une seule haleine, la mère répète: - Monte... et ajoute : Non, ne monte pas ! Car elle a enfin regardé et à son tour vu l'obstacle.

Tout cela se passe en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, mais cependant, on a pu lire sur la figure expressive de l'enfant et dans ses beaux yeux tendres levés vers sa mère l'angoisse de ne pas pouvoir obéir immédiatement.

- Mettons-nous à la place d'un enfant qui, en un jour, recevrait plusieurs fois des ordres aussi intempestifs, donnés en outre avec impatience, et demandons nous si cela ne nous donnerait pas justement l'envie de désobéir et d'agir selon notre bon sens puisque les grandes personnes en montrent parfois si peu ?

Ne laissons pas l'habitude de la fantaisie, du caprice, du laisser-aller avoir prise sur nous, car c'est une habitude qui s'opposera à la formation du caractère et à la croissance morale de ceux que nous devons élever.

- Quand, dès le plus jeune âge, on aura préparé l'enfant à l'obéissance en le disciplinant avec bon sens et sagesse, le mot de punition s'entendra moins souvent; il aura une portée bien plus haute, bien plus morale et toute l'atmosphère qui entoure l'enfant en sera changée pour son bien physique et moral.

Il y a pourtant des enfants incorrigibles, direz-vous ?

Oui, peut-être, mais pour la plupart le seraient-ils devenus si le mal avait été prévenu à temps ?

En outre, il y a des enfants réputés difficiles qui sont simplement des enfants nerveux et agités, par conséquent malades. Sur eux les menaces et les punitions n'iraient qu'à fin contraire, mieux vaudrait les soigner sérieusement. Avec la santé, le calme et l'obéissance viendraient d'eux-mêmes.

- S'il faut punir faites-le, mais le moins souvent possible et évitez de menacer l'enfant de le punir si vous n'avez pas la ferme intention de le faire.

- Lorsqu'une punition est vraiment nécessaire, qu'elle suive de près, chaque fois que faire se peut, la faute qui l'attire, qu'elle en soit comme la conséquence.

L'enfant doit le comprendre, car il faut que toute punition renferme une leçon à sa portée sans quoi elle n'est qu'une torture inutile. Surtout que l'enfant n'ait jamais le sentiment qu'une punition est une sorte de vengeance du fort sur le faible; qu'il sente, au contraire, combien il est douloureux au coeur des parents d'infliger cette peine à leur enfant. Peut-être cela seul réveillera-t-il la conscience du délinquant plus que la punition elle-même.

- S'il vous a fallu sévir, mères, ne passez pas légèrement sur la punition que vous. avez donnée. Regardez-la à la lumière de la vérité et discutez-en avec le père de famille qui doit être renseigné sur ce que font ses enfants; du reste, il n'est pas normal de le décharger de cette préoccupation et de vous priver de son appui et de ses conseils.

Il est bon pour l'enfant de se sentir dirigé par un père et une mère, qui sont d'accord et s'entr'aident dans la tâche.

- Suivant le caractère de l'enfant, il peut être salutaire pour lui que sa mère parle calmement avec lui de la faute commise et de la punition qui l'a suivie, et qu'ensuite,
ensemble encore, ils disent tout au père à son retour à la maison.

- Quelques enfants ont la conscience assez développée pour s'appliquer eux-mêmes la punition que leur faute mérite,

Nous lisions récemment le cas d'une petite fille de deux ans qui avait la mauvaise habitude de frapper et répondait aux caresses par des coups. D'elle-même un jour, l'enfant demanda qu'on "mit ses mains en punition" ! On les lui enferma dans de longs bas qu'on fixa sur ses épaules. Elle les garda ainsi une bonne partie de la journée. Enfin elle déclara que "ses mains voulaient être sages maintenant".

Dès lors, à mainte reprise, les petites mains trop lestes se levèrent encore pour frapper, mais, spontanément, retombèrent au souvenir de la punition que l'enfant s'était infligée à elle-même.

- Il en est de la discipline et des punitions comme de tout: - tout dépend du premier pas, et ce premier pas... commence avec nous-mêmes.

Celui qui veut savoir commander doit savoir obéir, c'est la loi de la vie; et les parents qui sentent leur incessante responsabilité, doivent tout d'abord avoir acquis la maîtrise d'eux-mêmes. Leur exemple sera plus profitable à leurs enfants que toute l'éducation qu'ils leur donneront.

(1) Quinze ans d'éducation par Félix Pécaut.

(2) F. Pécaut. Ibid.

(3) Ibid.









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