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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
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RETOURDe la Dignité chez les Enfants La dignité n'est pas par elle-même une vertu. C'est le résultat de plusieurs qualités, le reflet extérieur d'une certaine beauté intérieure. Inculquée de bonne heure aux enfants, ce sentiment devient dans la suite un stimulant au bien et un préservatif vis-à-vis de certaines tentations. Dans les toutes premières années, on ne peut guère l'enseigner aux enfants que sous la forme d'une propreté minutieuse et d'un ordre dans les vêtements qui donnent aux petits l'idée de ce respect du corps qui est une des bases de la dignité humaine. Avoir les mains propres, les cheveux bien peignés, porter un tablier où il n'y ait ni taches, ni déchirures doit devenir pour lui la caractéristique de l'enfant sage, de celui qu'on regarde avec plaisir, qu'on aime à embrasser. Ce petit-là ne baisse pas la tête à la vue d'un étranger. Comme il est bien accueilli par tous, il est souriant, heureux; un sentiment qu'il ne peut encore définir s'éveille en lui, c'est le commencement de l'estime de lui-même, de la dignité. Un penchant qu'il faut se hâter de réprimer est celui-ci: il y a des enfants naturellement bouffons. Ils excellent dans l'art de faire des grimaces, d'imiter les ridicules et de contrefaire les types qui les amusent. Il ne faudrait jamais tolérer cette disposition. J'ai vu des parents rire aux larmes en admirant leur petit garçon qui essayait d'imiter un pauvre camarade boiteux et infirme. J'en aurais pleuré tant je pensais que cette approbation était une offense à la dignité de l'enfant et un encouragement à son manque de coeur. La sincérité est un des éléments de la dignité chez les enfants aussi bien que chez les hommes. Un air sournois, un regard qui se dérobe, une langue qui bégaye pour chercher une excuse ne constitueront jamais un être digne qui inspire le respect et la confiance... J'ai connu un garçon qui avait traversé tous les grades de l'Université avec cette réputation: Il n'a jamais menti. Quel respect il inspirait à ses camarades ! Quel intérêt à ses maîtres. Le sentiment de ses droits est aussi un stimulant efficace à la dignité de l'enfant. L'enfant a-t-il des droits? Oui, dès son plus jeune âge. Il a droit aux jouets qu'il possède, aux sous qu'on lui a donnés; c'est sa possession que nul ne peut lui contester, ni lui prendre sans attenter à un droit sacré, sans nuire à sa dignité; tout petit, il doit sentir qu'il est propriétaire. A mesure qu'il grandit, les droits de la conscience s'ajouteront à ceux-là avec un certain droit à la liberté, et d'étape en étape, surgira un homme pur, honnête, viril, comprenant ce qu'il est et ce qu'il vaut et marchant dans ce monde sans chercher l'approbation de ces semblables, sans redouter leur blâme. C'est là l'essence même de la vraie dignité. La fâcheuse tendance qui consiste à attribuer de la dignité au rang et à la fortune, qui sont malheureusement trop souvent accompagnés de vulgarité morale, n'a rien à faire avec le sentiment qui nous occupe. La noblesse de caractère appartient au pauvre, au paysan, à l'ouvrier aussi bien qu'au riche et au puissant et aucune famille si modeste qu'elle soit ne doit se dispenser de l'inculquer à ses enfants. Mais dira-t-on si les enfants prennent conscience de leurs progrès ne risquent-ils pas de devenir orgueilleux ? La fillette si soigneuse ne deviendra-t-elle pas un peu coquette ou vaniteuse ? Le petit garçon poltron ne serat-il pas tout disposé à se croire un héros le jour où il cessera d'avoir peur dans l'obscurité ? Les droits de l'enfant s'ils sont trop affirmés n'engendrent-ils pas l'égoïsme? Non, si ces petites victoires ou ces exagérations dans un sens ou dans un autre sont contrôlés par une mère sérieuse et surtout chrétienne. C'est là votre rôle, mères de famille: comprendre et encourager le moindre succès obtenu; enrayer le mal qui commence à poindre, c'est votre tâche, une tâche où vous réussirez certainement si vous demandez à Dieu de vous aider et de rendre par votre moyen vos enfants sages et bons, nobles et généreux, accessibles à tous les sentiments qui constituent la vraie dignité humaine. |
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