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Irritabilité

Il ne faut pas se désespérer quand on voit de l'irritabilité chez les enfants. Sous l'empire de la raison, cette susceptibilité à recevoir toutes les impressions, les rendra très propres à se sentir émus par le bien et révoltés par le mal. Mais il faut être sur ses gardes, afin qu'ils ne tombent pas dans l'exagération et dans une sensibilité blâmable et sans proportion avec l'objet qu'il exite.

La sensibilité en elle-même n'est pas un malheur, et certes les maîtres qui se fâchent quand ils voient leurs élèves sensibles aux réprimandes, montrent bien peu de discernement. Vaut-il donc mieux que les enfants n'en tiennent compte qu'à demi, et qu'ils se conduisent aussitôt comme si rien ne s'était passé ? Il faut, dit-on, que les enfants soient obéisssants et qu'ils reçoivent la répréhension avec reconnaissance. Si les grandes personnes ont tant de peine à leur donner l'exemple de cette vertu, et s'il faut avoir acquis un immense empire sur soi-même pour la posséder; peut-on, avec quelque raison, l'exiger de la part des enfants ? Si même on leur trouvait cette résignation, ne faudrait-il pas craindre que ce ne fût, de leur part, qu'un artifice et qu'une habile hypocrisie ? Il ne faut donc pas prendre trop en mauvaise part qu'ils s'irritent de la réprimande, il faut surtout avoir l'air de ne pas trop le remarquer: abandonné à lui-même, l'enfant se console ordinairement plus vite, il reconnaît plus facilement son tort, sent mieux combien la censure a été juste; alors, plus le blâme lui a été pénible, plus vous pourrez compter sur ses efforts pour se corriger.

Cependant il ne faut pas permettre aux enfants de faire la moue et de bouder; plus il sont grands, plus il faut être sévère à cet égard. Quand les jeunes élèves se fâchent, le meilleur moyen de les corriger est de ne faire aucune attention à eux; mais le même moyen ne fait qu'irriter ceux qui sont plus âgés, parce que par là on blesse leur vanité. Il faut leur parler franchement, et ils seront bien aise eux-mêmes de sortir d'une position désagréable, d'où ils ne savaient comment se tirer.









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