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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURSouvenirs de J.-R. Jolberg Notre Dieu a pour chacune de ses créatures un dessein particulier. C'est à nous d'y concourir avec obéissance. Ainsi, la semence jetée en moi dès l'âge le plus tendre, il l'a conservée: au milieu de tous les orages, elle s'est développée et épanouie. Aucune parole ne saurait exprimer la fidélité de Dieu envers mon âme. Il l'a fait passer de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière, et toute ma carrière se résume en ce mot: Grâce ! Je naquis au sein d'Israël, le peuple de l'ancienne alliance ..... La culture intellectuelle, un esprit de sévère moralité, de cordiales affections réciproques, régnaient dans la maison paternelle où nous jouissions de la plus grande liberté; nos parents mettaient en oeuvre toutes leurs ressources pour notre éducation, et s'ils ont manqué à notre égard, c'est par une trop grande indulgence. Mon premier chagrin fut la mort de ma petite soeur Julie, âgée de dix-huit mois; elle fut atteinte d'affreuses convulsions, et seule j'eus la force d'assister à sa fin. Quelques années après, mon frère Salomon mourut aussi, et nous le pleurâmes tous amèrement. Ainsi j'apprenais toute jeune à connaître la douleur et la mort, et ces événements laissèrent dans mon âme de profondes empreintes, et y firent naître plus d'une pensée et plus d'un pressentiment mystérieux. Parmi les émotions auxquelles l'enfance est sujette, une des plus fréquentes est la peur. Je l'éprouvai bien vive dans un temps où l'on m'envoyait à une école de couture, que des maîtresses catholiques tenaient dans un couvent; là, de grands escaliers, de longs corridors, des légendes qui circulaient sur un «Oiseau de la mort», sur des nonnes murées vivantes, des moines errant à certaines heures autour du cloître, nous glaçaient d'épouvante. On ménage trop peu l'imagination enfantine, cet instrument aux cordes délicates: un son qu'on y fait vibrer, résonne longtemps encore après que la cause en a disparu. Il faudrait aussi remercier Dieu plus souvent de ce qu'il nous a délivrés de toute frayeur, lui qui nous a dit: «Je suis toujours avec vous, jusqu'à la fin du monde», lui qui met à nos côtés ses anges gardiens. ..... La bénédiction de Dieu reposait d'une manière visible sur notre maison; mais, tandis que nous avions tout en abondance, il nous manquait la seule chose nécessaire. Cependant Dieu, qui connaît les besoins intimes de tous ses enfants, mit au coeur de mes parents de m'envoyer, à l'âge de treize ans, dans une pension chrétienne; je n'y passais que la journée ..... C'était l'institution de Mme Dapping; dans sa maison, s'éveilla en moi une vie toute nouvelle. Les dimanches, les solennités religieuses m'impressionnaient vivement; j'aimais par dessus tout la délicieuse fête de Noël, qui s'ouvrait aux sons de ce beau cantique: Voici la journée que Dieu a faite, etc. Puis c'était l'arbre étincelant de lumière, les tableaux représentant la naissance du Christ, les bergers, l'étoile mystérieuse. Le vendredi saint m'inspirait, sans que je susse pourquoi, une respectueuse émotion; et cependant, tout en assistant à ces solennités, je ne pouvais y participer du fond de mon âme, toujours mélancolique, toujours pleine de vagues aspirations. Nul ne pouvait les connaître, car je ne m'ouvrais à personne; mais si je n'exprimais pas mes pensées et mes sentiments intimes, je profitais parfois de mes loisirs pour les confier au papier. Le vague de ma religion, l'impossibilité d'aller à l'église, mon ignorance complète de l'histoire sainte, tel était le résumé des pensées renfermées dans ces pages. Mais, ce qui me manquait réellement, je ne le savais pas encore. Mme Dapping, trouvant un jour ces pages dans mon tiroir, les montra à un professeur de l'établissement. Il les considéra comme des rêveries passagères; si elles provenaient d'un sentiment durable, pensait-il, on le découvrirait tôt ou tard. A ce propos, je conseillerais à tous les parents, à tous les éducateurs, de ne pas négliger des manifestations analogues, mais bien plutôt de les étudier soigneusement; une telle étude les éclairerait souvent sur leur mission auprès de la jeunesse. |
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