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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURChrist l'éducateur par excellence Bien loin de nous, la pensée d'élever les enfants dans les principes d'une piété austère et encombrée de formes religieuses et de pensées de sacrifice - ce n'est absolument pas là ce que nous désirons, ni ou nous en voulons venir. Non, ce qu'il faut à l'enfant, c'est la joie, c'est la vie, c'est une douce et constante gaîté; c'est là, l'atmosphère qu'il faut à l'homme à tous les âges ... et nous ne le comprenons pas assez, nous, femmes ... c'est l'atmosphère qu'il faut à l'âme humaine - et le Christ l'a compris. - Que les mères, que les éducateurs le comprennent comme lui. Qu'ils ne soient tous jamais plus austère, dans le cercle de la famille et avec leurs élèves que Lui ne l'était avec ses disciples. - Lui ? Il se bornait à vivre avec eux en la présence de Dieu dans la vérité, la paix, la sérénité, dans une douce joie qui attirait à Lui; il les enseignait, mais dans le temps opportun, il les laissait sous l'influence d'une vraie liberté, veillant sur eux pour les mettre en garde contre le mal - mais sans les obséder jamais, et proportionnant tous ses enseignements à leurs forces morales. Il leur tendait une main miséricordieuse au moment de défaillance. Il leur adressait une parole, un regard de consolation, de pardon, d'encouragement, s'ils avaient succombé. Voilà les caractères que nous devons revêtir, si nous voulons être réellement mères dans toute l'acception de ce beau titre, et pouvoir dire, nous aussi, à notre dernière heure: J'ai accompli l'oeuvre que tu m'avais donnée à faire. Ces caractères incontestables du véritable éducateur touchent précisément aux grandes difficultés que présente l'éducation morale, aussi, les reprendrons-nous un à un, au point de vue pratique. Ce n'est pas par étroitesse d'esprit et sous l'empire de la partialité ou d'un préjugé religieux, que je prends le Christ comme type de l'éducateur par excellence; j'ai cherché très loin ce type sans le rencontrer dans sa perfection, et, comme je le pressentais dès l'abord, j'ai dû forcément revenir au Maître de Nazareth, comme à la source de la vraie lumière pour le sujet que j'étudie. Une des premières choses qui m'ont frappée dans Christ, considéré comme régénérateur de l'humanité, c'est les éléments dont il s'entoure pour commencer son oeuvre gigantesque. Il est rare que nous ayons au nombre de nos élèves des intelligences comme celles d'un Platon et d'un Xénophon, d'un Euclide de Mégare et d'un Aristippe, cette brillante jeunesse qui dévorait les enseignements de Socrate. Par contre, les caractères comme ceux d'un Thomas, d'un Pierre, d'un Judas; - des intelligences simples et douces comme celles d'un Matthieu ou d'un Jean, abondent autour de nous; et c'est ordinairement à ce genre d'éléments moraux que nous avons à faire. En lisant les Evangiles, on se demande avec perplexité si les Douze ont entrevu clairement et compris, dès son vivant, la valeur de leur Maître. En tous cas, leur enthousiasme, leur dévouement pour Lui, est singulièrement modéré - soit que nous les trouvions préoccupés de leur seul salut dans la barque qui va sombrer - ou que nous les trouvions endormis au jardin des Oliviers, ou lâches devant les juges, ou timides au pied de la croix. En vérité, je crois n'exagérer rien en pensant qu'il y a peu d'instituteurs qui, en pensant à l'attachement des disciples pour le Christ, ne se disent: «Mes élèves valent certainement ceux-là.» Les disciples étaient des hommes de tous les jours, pris au hasard dans la foule des médiocrités: ignorants, flegmatiques, intéressés, présomptueux, lâches, fourbes, violents. - Leurs qualités se résument dans St-Jean, ce coeur doux et timide comme celui d'un agneau. Eh bien! Trois années passées dans l'intimité de Jésus ont suffi pour jeter dans ces coeurs si peu intéressants les germes vigoureux de toutes les vertus nobles, saintes et sublimes. Pensons-y, trois années!... Trois années à peine et le Christ avait non seulement élevé, mais il avait transfiguré ses disciples. Leurs épîtres nous le prouvent assez et le récit de leur vie le proclame encore plus haut. Ces brebis bêlantes sont devenues, sous l'influence de Jésus, des lions majestueux, terribles à la cause du mal. Ces carrières, commencées dans toutes les défaillances de la médiocrité et de la faiblesse d'âme, se sont terminées dans le triomphe éclatant et l'enthousiasme du martyre pour une cause qui semblait perdue. N'est-ce pas dire que les apôtres ont atteint le développement parfait des forces morales les plus sublimes qui puissent devenir le partage de l'être humain? Ce qui précède ne justifie-t-il pas pleinement la concentration de notre sujet autour d'un seul type: le Christ. |
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