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Il faut croire en l'enfant
On a parfois reproché à l'éducation chrétienne de tuer la vie en empoisonnant l'âme de scrupules.
Se borner à éveiller chez l'enfant le sentiment de la coulpe et de la condamnation, ce serait l'enfoncer dans un désespoir stérile, et assombrir inutilement pour lui les années les plus joyeuses de la vie. Mais il ne faut pas oublier que, pour nous, le sentiment de la délivrance est une idée-force incomparable, qui inonde l'âme de joie et qui décuple l'énergie. Jésus apporte la délivrance; si vous proclamez cela comme le résultat de votre expérience, vos enfants le comprendront et ils ont dans cette certitude la force d'obéir.
Pour que votre effort soit pleinement efficace, il faut que vous sachiez discerner, sous l'empreinte du péché, l'image divine, et que vous ayez foi en elle. L'Amour divin croit en vous: de même, vous devez croire en vos enfants. On nous dit que l'art de l'éducateur se résume dans la suggestion c'est-à-dire dans ce procédé qui consiste à modifier un être en le persuadant qu'il est ou qu'il peut devenir autre qu'il n'est. Mais pour user efficacement de la suggestion, il faut, au contact de l'amour de Jésus, avoir repris foi en l'humanité.
Jésus croyait en l'humanité. Il sauvait ceux qui étaient perdus, en les voyant tels qu'ils étaient dans la pensée de Dieu, et en les persuadant de le devenir. A sa voix, les aspirations vers le Bien, jusqu'alors assoupies ou découragées, s'éveillaient, reprenaient courage, se rassemblaient, recommençaient la lutte, et remportaient la victoire.
La divine pédagogie de Jésus se gardait de déclarer la nature humaine irrémédiablement perdue. Pour lui, pas de déchéance fatales. Il découvrait l'étincelle divine partout, et il la réchauffait au souffle de sa tendresse. Les êtres déchus, à son approche, sentaient renaître en eux les énergies morales qu'ils croyaient abolies. Du premier coup d'oeil, Jésus discernait dans leur âme ce qu'elle avait été, ce qu'elle devait être, ce qu'elle serait. Et il leur montrait, du même geste qui pardonnait les péchés, le chemin de la croix, ouvert à leur repentir. Il guérissait leur âme en l'invitant à l'héroïsme. En Lévi, le péager il avait aperçu Matthieu, l'apôtre; en Marie-Madeleine, il avait aperçu la messagère de Pâques, et il disait à la pécheresse: «Tes péchés te sont pardonnés», et il disait au péager: «Suis moi»! A ses disciples, pauvres Galiléens ignorants, il disait: «Vous êtes le sel de la terre. Vous êtes la lumière du monde». Et voici que, par un merveilleux prodige, ces hommes sont devenus ce qu'il avait dit qu'ils seraient: le sel de la terre, la lumière du monde, et la vocation qu'il leur a adressée a fait de ces pécheurs des apôtres et des martyrs!
Voilà comme il faut être. Il faut croire à ce quelque chose de grand qui est au fond de toute âme humaine, et il faut en donner conscience à ceux qui possèdent ce trésor et qui ne s'en doutent pas.
Nietzche a dit un jour une grande parole, qui est une parole chrétienne: «Ne repousse pas le héros qui est dans ton âme!» Il ne faut pas décourager le héros qui est dans l'âme de vos enfants; il faut lui faire crédit, et le persuader d'être. Supposer le vice, a-t-on dit, c'est souvent le produire. Inversément, croire au bien, c'est souvent le créer. En somme, l'éducation a pour but de dégager l'homme nouveau, l'espérance de Dieu qui est en chacun de nos enfants, cette âme «naturellement chrétienne» qui est captive des instincts séculaires. Oeuvre de destruction, sans doute, mais avant tout de rénovation, dans laquelle il faut tenir compte, et de la réalité du péché, et des possibilités infinies que recèle l'âme humaine, fille de Dieu égarée, déchue, mais qui ne saurait renier ses origines.
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