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Frères et soeurs

Je ne vois pas dans ce monde de spectacle plus douloureux que la division d'une famille, plus navrant que celui de l'indifférence entre des frères et des soeurs, et pourtant, on le rencontre à chaque pas !

Combien de fois, en présence de cette déplorable manifestation de l'égoïsme et de la légèreté du coeur de l'homme, j'en ai cherché la cause dans la première éducation. Il me semble qu'en général les parents ne sont pas assez pénétrés de l'importance et de la force du lien fraternel; au lieu de tendre de tout leur pouvoir à le resserrer, bien souvent ils contribuent à son relâchement.

D'abord sous prétexte d'émulation, ils ne craignent pas d'exciter entre leurs enfants de petites rivalités qui, après avoir porté, dans la première portion de la vie, sur la manière de réciter une fable ou de tricoter une paire de jarretières, pourra bien devenir plus vive et même acerbe, lorsqu'il s'agira du succès d'une carrière ou de la possession d'une fortune.

Je voudrais que dans une famille, quoique chaque enfant eût sa part bien distincte de travail, de responsabilité et même de propriété, la somme des jouissances et des peines fût, si j'ose m'exprimer ainsi, un terrain communal. Que l'un d'eux ne fût pas puni pour une faute personnelle sans que tous s'en affligeassent. Qu'il n'y eût pas un plaisir ou un succès pour l'un sans que tous s'en réjouissent; je voudrais qu'il y eût de la part des aînés pour les cadets, ce sentiment de protection dévouée qui fait trouver tout simple mille petits sacrifices, je voudrais surtout qu'il existât entre eux une confiance illimitée, un besoin de se communiquer les impressions de leurs coeurs aussi bien que les petits événements de leur vie; je voudrais que le support, la générosité, fussent si naturels entre eux, qu'ils ne méritassent jamais le nom de dévouement.

Il me semble que c'est à la mère qu'il appartient surtout de disposer le coeur de ses enfants aux affections durables et profondes: il faut d'abord qu'elle sache habilement rendre ces petits êtres nécessaires les uns aux autres, retirant au besoin son appui, afin qu'ils soient obligés de se prêter une aide mutuelle, suggérant à propos à l'un le petit service qui doit assurer une jouissance à l'autre, et sachant aussi, quoiqu'en restant toujours sur l'arrière-plan, signaler ce bienfait à celui qui en est l'objet, afin que le dévouement provoque la reconnaissance. Mais pour faire vibrer toutes ces cordes, bien plus délicates dans le coeur de l'enfant que dans celui de l'homme fait, il faut user de beaucoup de tact et de prudence. J'ai vu d'excellentes mères faire presque intervenir l'autorité lorsqu'il s'agissait de sacrifice ou de support volontaire, et obtenir ainsi l'acte extérieur, mais accompli avec une répugnance visible. J'en ai connu d'autres qui, par une tendresse trop agissante, paralysaient presque l'initiative chez leurs enfants; se plaçant toujours entre eux pour suppléer à la complaisance de l'un, à la générosité de l'autre, elles favorisaient la paresse du coeur en cherchant à rétablir l'équilibre dans les jouissances de la famille, sans qu'il en coûtât le moindre sacrifice à aucun des membres.

Ne jamais punir lorsqu'une délation fraternelle révèle le coupable, est un moyen de faire comprendre combien nous déplaît cette façon d'agir, trop fréquente parmi les enfants; il n'est pas rare même qu'ils cherchent à rejeter leurs fautes les uns sur les autres; aussi gardez-vous d'encourager ou de provoquer les rapports, témoignez au contraire à leur endroit la plus grande répugnance, et l'enfant, certain de n'être pas écouté lorsqu'il se fera dénonciateur, deviendra moins attentif aux fautes de ses frères et tâchera peut-être plus tard de les couvrir du voile de la charité.

Les fêtes de famille, auxquelles les enfants attachent en général une grande importance, sont d'heureuses occasions d'éprouver leur affection réciproque, car il est bien rare qu'à côté de beaucoup de plaisir elles ne provoquent pas quelques petits sacrifices. Aux étrennes, aux jours de naissance, on se fait des cadeaux mutuels mais pour que ces cadeaux aient vraiment toute leur valeur, ne faut-il pas qu'ils soient le résultat du travail ou des épargnes de ceux qui les font?

C'est seulement dans ces conditions que les fêtes de famille manifestent et développent l'affection mutuelle des enfants; elles ont aussi l'avantage de graver dans leurs coeurs une succession de doux souvenirs, se rattachant au foyer paternel, et le vieillard, en se les rappelant, dira entre un soupir et un sourire: «C'était un heureux temps».

Oh ! qu'il est heureux, l'homme qui peut s'écrier, en parlant des jours de son enfance: heureux temps !









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