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Heureuse mère

On demandait à une mère comment elle s'y était prise pour élever si bien ses enfants ? C'est tout simple répondit-elle: Je me suis efforcée de penser à eux plutôt qu'à moi, et alors les bonnes idées me sont venues à mesure.

Quand ils étaient tout petits, je n'exigeais guère que deux choses: l'obéissance et la droiture, mais j'y tenais! Les enfants sont légers; ils ont la mémoire courte pour ce qui ne leur plaît pas, et aussi ils ne peuvent pas penser à trente-six choses à la fois. J'en tenais compte en leur donnant peu d'ordres, en leur faisant peu de défenses; mais je punissais quand on avait désobéi le sachant et le voulant ou si l'on ne disait pas la vraie vérité. Je fermais les yeux sur tel ou tel petit méfait d'étourderie par exemple ou de maladresse pour ne pas user mon autorité; mais une désobéissance positive ou le plus petit mensonge ne passaient pas inaperçus. En second lieu, je ne laissais pas oisifs leurs petits doigts, et, si je permettais des jeux innocents, je voulais aussi que l'on pensât aux autres, et, que l'on apprît à se rendre utile dans la maison, éplucher des châtaignes, essuyer les cuillères, mettre une assiette ou deux sur la table, une pour papa, une pour maman, bercer un plus petit... c'étaient autant de choses qui leur faisaient plaisir à faire, parce qu'ils s'imaginaient alors être très utiles.

Puis, je cherchais à rendre joyeux le retour du père à la maison. Pauvre papa bien fatigué, il faut vite lui tirer une chaise vers la table et lui donner un gros baiser sur chaque joue ! C'est l'enfant qui doit caresser le premier, qui doit apprendre à passer ses petits bras autour du cou de son père et de sa mère; après cela, rendez-lui tendrement ses caresses, afin que son coeur s'ouvre avec joie. Mais n'en faites pas un égoïste en le prévenant toujours; qu'il apprenne à faire les avances.

Quand je priais avec mes tout petits, ajoutait la mère, je leur faisais répéter, mot après mot, une prière très courte et très simple, et je leur faisais aussi ajouter la demande qui venait à leur petit coeur, - sans jamais sourire de leur naïveté. - Ils apprenaient ainsi tout jeunes à être en rapports personnels et directs avec Dieu.

Quand vint l'école, je me mis à prendre garde aux petits camarades et à la rentrée immédiate après la classe. La première désobéissance de mon aîné à cet égard fut sévèrement punie et il ne retomba dans cette faute que bien longtemps après, où deux jours de réclusion furent un remède souverain.

Ne croyez pourtant pas que je fusse une mère impitoyable ! Non, si je voulais sauver mes enfants des tentations de la rue, c'est-à-dire des flâneries dans la rue, je savais fort bien que l'enfant doit bouger et ne doit pas être mis en cage. Je gardais, pour les miens, les courses à faire pour les achats du ménage et, comme l'enfant aime à jaser, je leur permettais de faire ces courses en compagnie de tel petit voisin qui m'inspirait confiance.

Oh ! ce furent des moments difficiles que ceux où il fallut avertir ces petits des dangers concernant la probité, la pureté ! C'est alors que l'on se sent faible et que l'on craint de ne pas dire les choses comme il faut ! Je me rappelle un jour où je ne pouvais pas cesser de prier en balayant, en relavant, en raccommodant; parce que j'avais la pensée qu'il fallait parler le soir même ! Et, en effet, c'était le moment !

C'est une chose merveilleuse comme Dieu avertit les mères des dangers que courent leurs enfants, et comme il leur donne courage! Quant à moi, je puis bien dire qu'il m'a parlé, oui, qu'il m'a parlé et qu'il a mis la main à mon écheveau quand il était embrouillé !

Une fois, mon aîné était entré en apprentissage depuis huit jours chez un maître-charron très habile. Ne voilà-t-il pas qu'en rentrant le soir il me raconte que son patron l'a conduit au café et lui a fait boire un verre d'une chose si forte que cela lui a coupé les jambes! Heureusement que Charlot n'était qu'à l'essai chez ce patron et que nous avons pu l'en retirer. Le métier lui plaisait et le patron était bon enfant: ce ne fut pas aisé de consoler le garçon, et deux mois se passèrent avant que nous ayons pu trouver un bon charron qui voulût prendre un apprenti. Celui que nous trouvâmes enfin, - nouvellement établi, - avait moins de vogue que l'autre; mais avec lui, notre fils ne risquait pas de prendre l'habitude du café.

Ce fut bien une autre affaire quand, un soir, Charles ne rentra qu'à minuit et demie! Nous croyions qu'on nous le rapporterait sur un brancard, ayant au moins une jambe cassée ! (C'était en janvier et l'on glissait à chaque pas sur les trottoirs gelés). Et bien, c'était un camarade qui l'avait entraîné à aller au théâtre ! Malheureusement je n'avais jamais parlé à Charles des dangers du théâtre, croyant qu'il n'aurait jamais l'idée d'y aller. Quand il revint, il fut confus et triste de nous avoir effrayés, et nous le laissâmes aller se coucher sans lui rien dire d'autre que: nous reparlerons de cela! En effet, au premier moment de liberté, je m'efforçai de lui faire entendre que le spectacle est une mauvaise école et qu'un chrétien ne doit pas y mettre les pieds. Il ne me comprit qu'à moitié au premier moment; mais ce qu'il avait vu et entendu lui trottant par la tête et lui donnant de mauvaises pensées tout le lendemain et bien des jours encore, il me dit enfin qu'il me comprenait et ne retournerait plus au théâtre.

La cigarette eut son tour. Qu'y avait-il de mal à fumer? Tous les garçons ne fumaient-ils pas! Non, lui dis-je, et remarque quels sont ceux de tes camarades qui s'en abstiennent; tu me diras ensuite ce que tu en penses. Charles ouvrit les yeux et bientôt il eut constaté que c'étaient justement ceux qui ne buvaient pas et dont la conduite générale était régulière. Tu as bien vu, mon garçon, lui répondis-je: c'est que le cigare monte au cerveau et donne la soif. Il n'est pas si innocent qu'on le croit: la fumerie peut devenir une passion et le chrétien ne doit subir aucun esclavage.

Maintenant notre Charles s'affermit de plus en plus dans la bonne voie où, grâces à Dieu ! il voit marcher son père, et il est gai comme un pinson, toujours chantant, toujours sifflant; mais sachant aussi réfléchir et... prier. Vois-tu, mère, me disait-il l'autre soir, je n'ai pas tout ce que je pourrais désirer, mais je suis heureux pourtant ! Ce qui le réjouit, c'est d'avoir une bonne conscience et une bonne confiance: il grandit dans la grâce et dans la connaissance de son Dieu... Tellement que c'est lui qui nous remonte quand l'ouvrage est rare ou que les forces font défaut. C'est comme si les rôles étaient renversés. Oh ! combien alors je remercie Dieu et je le bénis!

Une larme vite essuyée, une larme de joie, accompagna ces paroles, et je me dis: l'heureuse mère !









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