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La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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La science maternelle. (Suite et fin)

A mesure que j'avance dans la vie, je comprends mieux que la plupart de nos contestations avec les enfants sont inutiles et que la patience et le tact obtiendraient ordinairement le même résultat, sans que parents et enfants soient obligés d'entrer en lutte. Les parents les plus sages et les plus heureux en éducation me semblent être ceux qui prennent cette règle à coeur et réduisent les contestations à leur minimum, inclinent la branche au lieu de la briser, détournent le cours du torrent au lieu de l'arrêter.

C'est la méthode que nous employons pour les animaux domestiques. Une demi-douzaine d'hommes se pressent dans la rue autour d'un cheval entêté, frappant, criant, jurant sans pouvoir faire avancer la bête d'un pas. S'il vient à passer un homme expert, qui aime les chevaux et connaisse leur nature, il lui suffira de s'approcher et de flatter un peu l'animal pour que celui-ci devienne doux et obéissant. Il en est ainsi des mères sages qui par une petite diversion réussissent à changer le cours des pensées de l'enfant obstiné. Ce n'est pas de l'indulgence ni de la faiblesse ; c'est du bon sens et de l'amour bien compris.

Mais, demandez-vous, les punitions doivent-elles être absolument bannies dans l'éducation des enfants? Je crois que ceux qui sont traités comme je viens de l'indiquer, en auront rarement besoin, mais quand la punition devient nécessaire, il faut s'efforcer de la mettre en relation intime avec la faute commise. «Ce qu'un homme sème, il le moissonnera aussi »; telle est essentiellement la pensée de Dieu au sujet de la punition.

Une dame qui a beaucoup écrit sur l'éducation, fait à ce sujet l'observation suivante : «Nous ne pouvons assez reconnaître la valeur de cette punition qui est le fruit même de la faute commise. Elle répond au besoin inné de justice que l'enfant possède à un très haut degré, et elle ne provoque ni révolte, ni esprit de vengeance. C'est de cette manière que la nature nous enseigne quelques-unes de ses lois. En effet, l'enfant met-il sa main sur le tuyau brûlant du poële, la nature n'emploie aucun moyen extraordinaire pour l'avertir, le blâmer ou le punir. Elle le laisse subir les conséquences de son étourderie : il se brûle... et cela suffit. S'il veut recommencer, il se brûle de nouveau ; mais il comprend vite la leçon, et désormais il évitera le feu. La mère ne peut-elle pas en tirer instruction; ne peut-elle pas, de mille manières, avec calme et sérénité, enseigner à son enfant que toute violation des lois divines entraîne avec elle sa punition ? »

Je crois qu'il faut parler aux enfants et raisonner avec eux. Il vaut bien mieux, quand c'est possible, leur faire comprendre un principe que de les gouverner par la crainte. Nous employons quelquefois cette expression : « enfant déraisonnable », mais si on se donne la peine d'arriver par la sympathie jusqu'au coeur de l'enfant, en essayant de se mettre sur son propre terrain, on découvrira bientôt que l'enfant est l'être le plus raisonnable du monde. Une mère sympathique qui se donne la peine d'expliquer les choses à ses enfants d'une manière simple, en se mettant à leur portée, pourra facilement les gouverner, leur faire aimer ce qu'elle aime, et haïr ce qu'elle réprouve.

Pour en venir là, elle a en main une arme puissante dans l'imagination des enfants. C'est un fait que les enfants vivent pour la plupart dans un monde de fictions. Ils sont rarement eux-mêmes, mais personnifient tour à tour, avec une persévérance remarquable, chacun de ceux dont ils ont entendu parler. Anges, fées, personnages de la Bible, rois, reines, jusqu'aux oiseaux et aux fleurs, entrent dans leur imagination pour y jouer un rôle qu'ils prennent quelquefois beaucoup plus au sérieux que les réalités qui les entourent. Une mère sage saura mettre à profit cette disposition pour
présenter à ses enfants un noble idéal et de sages préceptes, éveillant ainsi en eux un ardent désir d'accomplir dans leur propre vie les grandes et belles actions de ces modèles imaginaires.

Par exemple: un enfant, manifeste des sentiments d'égoïsme ou de cruauté. Si la mère gronde, menace ou frappe, elle n'arrivera à aucun résultat. Mais si elle fait passer devant l'imagination de l'enfant quelque héros doué des qualités opposées, faisant ressortir la distance qui sépare le dévouement de l'égoïsme, la vraie bonté de la méchanceté, elle créera dans son coeur l'amour du bien et le désir d'agir comme l'idéal présenté à son imagination.

Quand je désire inspirer une bonne action à ma petite fille, je lui raconte l'histoire d'une fillette qui fit précisément ce que j'aimerais qu'elle fit elle-même. Et généralement quelques minutes après elle s'écrie : « Grand'maman, sais-tu ce que je vais faire ? » Elle me mentionne alors exactement la chose que je lui ai présentée. Elle est persuadée que l'idée est d'elle. Et, dans mi certain sens, cela est vrai, car par le procédé rapide de l'assimilation, naturel à l'esprit de l'enfant, elle a déjà fait de mes sentiments les siens.

Il est plus facile de répondre avec vivacité, de gronder avec colère ou même de donner un coup que de raisonner avec un enfant et de lui faire comprendre avec douceur ce qu'on attend de lui. Oui, c'est plus facile, et cela prend moins de temps, mais hélas! que de blessures irréparables sont ainsi faites à ceux que nous prétendons aimer!

L'âme de l'enfant est extrêmement impressionnable un regard irrité, un ton brusque et la mauvaise humeur suffisent pour lui causer beaucoup de mal. Oh ! que Dieu donne à toutes les mères de comprendre à temps combien l'âme de l'enfant est délicate et sacrée.

C'est la mère qui doit être, qu'elle le sache ou non, la plus grande, la plus forte et la plus durable autorité pour l'enfant. D'autres influences se font sentir accidentellement : la sienne est continuelle, et c'est par l'opinion que les hommes ont des femmes qu'on peut juger des mères qui les ont élevés. C'est pourquoi je dis aux mères : Donnez à vos enfants le meilleur de vous-mêmes ; donnez-leur votre temps et vos pensées; entretenez-vous avec eux. Nous avons souvent l'air de croire que les « moments perdus » de notre vie sont suffisants pour nos enfants. Les mères riches se pourvoient volontiers de bonnes et d'institutrices auxquelles elles abandonnent le précieux privilège d'élever leurs enfants. Il semble que pourvu qu'on les leur amène bien sages et bien habillés pour passer avec elles quelques minutes après le repas, leur tâche maternelle est accomplie. Quel triste état de la société dénotent de telles habitudes.

Une mère, dont, j'ai entendu parler, prit la résolution, à la naissance de son premier-né, de consacrer au moins une heure chaque jour à ses enfants. Durant cette heure, toute son attention était employée à entrer dans leurs plans, à comprendre leurs différents caractères et à exercer sur eux une bonne influence. Affaires, invitations, visites, tout était mis de côté à ce moment-là. «J'ai un engagement !» telle était sa réponse inexorable. Ses fils et ses filles grandirent, et elle fat toujours leur meilleure amie. Ils lui communiquaient tous leurs projets, lui racontaient tous leurs plaisirs, tous leurs chagrins, sûrs de trouver en elle sympathie et conseils. Son approbation était tout pour eux. Du commencement à la fin elle fut leur guide; eux, à leur tour, furent, après Dieu, sa suprême consolation. Qui oserait dire que cette heure consacrée à ses enfants fût du temps perdu, et qu'elle regrettât le plaisir dont elle s'était privée pour être fidèle à sa résolution.

« Prends cet enfant et élèvele pour moi » tel est le commandement de Dieu à toute femme qui a charge d'enfants. Demandons-lui donc de nous préparer pour notre tâche. Si l'amour maternel peut, même sans être éclairé, produire des effets merveilleux dans l'humanité, n'opérera-t-il pas des miracles, s'il agit en pleine connaissance de cause.

Avant de conclure, je voudrais dire quelques mots à celles d'entre nous qui ont déjà élevé leurs enfants et qui peut-être, en regardant en arrière, reconnaissent qu'elles ont commis de graves erreurs, et qui en moissonnent les tristes fruits dans la vie de leurs bien-aimés. Pour elles, il y a une parole qui est pleine de consolation : « Tu me tiens serré par derrière et par devant ». (Ps. 139).

Nous pouvons facilement voir que le Seigneur va devant nous ; mais sommes-nous aussi persuadés qu'Il est derrière nous? Il y est pourtant, réparant nos brèches, redressant nos torts. La mère est toujours derrière son petit enfant pour tout mettre en ordre. A-t-il fait un noeud à son cordon de soulier, par exemple, il accourt vers elle, et elle ne lui répond pas : « Tu as fait le noeud, c'est à toi de le défaire » ; mais elle le console et répare sa petite sottise. C'est ce que le Seigneur fait pour nous. Etant derrière nous, voyant toutes nos erreurs et connaissant toute notre ignorance, il fait servir ces choses mêmes à notre bien et à celui de nos enfants, si nous Lui remettons tout avec une entière confiance.

Confiance! que ce soit le mot final de notre science maternelle. Quoique vous fassiez, ou ne fassiez pas, ayez la conviction d'avoir confié vos enfants à Dieu.

Il y avait autrefois dans les châteaux forts une retraite impénétrable où l'on cachait en cas de danger les femmes, les enfants et les trésors. « Dieu est notre retraite » ; nous devons nous retirer auprès de Lui et cacher nos enfants dans son sein. Qu'ils sachent que nous les avons remis à Sa garde, qu'ils le comprennent par toute notre manière d'agir envers eux. Vivons devant eux d'une vie de foi, afin que lorsqu'ils s'éloigneront de la maison paternelle, ils se souviennent de leur mère, non comme d'une personne impatiente et irritable, mais comme d'un idéal de douceur, de patience, de paix intérieure et de sérénité.

J'ai entendu un pasteur raconter l'histoire de sa vie. Quoique sa mère eût été bonne et pieuse, il se laissa entraîner pour un temps loin du droit sentier ; mais tout au fond de son coeur était gravée une douce et pure image qui finit par réveiller sa conscience en le ramenant aux pieds du Seigneur.

Quelle sorte d'image allons-nous imprimer dans la mémoire et le coeur de nos enfants? Voilà pour nous une question importante.

J'ai connu une pauvre femme qui avait un fils en prison et dont la vie n'était qu'un long malheur, une constante angoisse à son sujet. Elle pensait que c'était son devoir d'être inquiète dans un cas pareil. Mais un jour le Saint-Esprit lui rappela d'une manière particulièrement impressive ce commandement : «Ne vous inquiétez de rien. » Elle ne, l'avait jamais remarqué auparavant ce mot rien; mais alors il lui apparut avec une telle force qu'elle considéra comme un pêché de s'inquiéter désormais de quoi que ce fût, même de son fils. Ce mot rien, renfermait tout, même la prison. Immédiatement elle s'écria : « Seigneur, mon fils est à toi. Je te le remets, je ne puis pas en prendre soin moi-même! Toi seul en est capable et je te l'abandonne. Je ne veux plus m'inquiéter à son sujet.» Elle tint parole : l'inquiétude n'entra plus jamais dans son coeur. Et le Seigneur, fidèle comme toujours, garda ce qui lui avait été confié et sauva le jeune homme. Dans la prison même, qui avait été la terreur de sa mère, il se convertit, et il en sortit pour rendre témoignage à sa foi par une vie consacrée au service de Dieu.

Que le Seigneur enseigne à toutes les mères à lui confier leurs enfants.









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