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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Respect de la personnalité !

Connaissez-vous un spectacle plus digne de pitié que celui de ce cher petit poupon que sa nourrice force à sauter et à rire du matin au soir? Pauvre enfant ! Qui vous dit que toutes vos grimaces ne le fatiguent pas horriblement? Si son cerveau ébranlé n'est plus capable de résister à la fatigue qu'on lui impose il n'a aucun moyen de se plaindre, car, dès qu' il pleure, on redouble de bruit et de mouvement autour de lui. Accordez donc à ce petit être le calme auquel il a droit, non seulement parce qu'il faut respecter le besoin de repos de toute créature humain mais aussi parce qu'en l'entourant de distracions continuelles, vous lui enlevez la possibilité de se développer par lui-même.

On ne saurait assez blâmer les mères qui se font esclaves du bien-être de leurs enfants et des soins physiques qu'ils réclament, mais nous n'approuverions guère plus celles qui n'accorderaient pas à cette importante partie de l'éducation, l'attention nécessaire. Il faut respecter le sommeil de l'enfant, ne pas l'interrompre inutilement ou brusquement, éviter de placer la lampe de manière que la lumière lui tombe dans les yeux; sa nourriture doit être simple, sans doute, mais suffisante et préparée avec soin. Si le corps n'est pas l'âme, il en est l'enveloppe, ne l'oublions pas.

Evitons tout ce qui peut nuire au développement moral de nos enfants. Ainsi, ne provoquons pas chez eux à tout propos des éclats d'une joie intempestive, des explosions d'une tendresse ou d'une répulsion exagérée. Qu'ils soient libres de rire ou de pleurer quand bon leur semble. En un mot, laissons-leur à chacun leur vie propre, respectons leurs impressions, personnelles.

Ce qui s'applique ici aux enfants encore au berceau doit s'appliquer à bien plus forte raison à ceux qui, avec les années, ont déjà acquis une certaine individualité.

"Quel bonheur ! s'écriait une fillette de douze ans; avec un temps si beau nous ne rencontrerons pas Madame D. chez elle." "Tais-toi donc, repris sa mère: on voit bien que tu es encore à l'âge où l'on dit tout ce que l'on pense." N'était-ce pas donner à comprendre à cet enfant qu'il arrive un moment dans la vie où l'on parle autrement que l'on ne pense? Cette mère n'aurait-elle pas mieux fait de dire à sa fille: "Louise, ce que tu dis là n'est pas aimable; on garde de pareilles remarques pour soi, elles peuvent faire de la peine." De cette manière Louise aurait su qu'il ne faut pas dire étourdiment tout ce qui vous passe par la tête, et néanmoins elle aurait gardé sa vie propre, son individualité. Ainsi élevés, nos enfants ne deviendraient pas des êtres superficiels, sans originalité, n'ayant d'autres idées que celles qui ont cours dans le public; ils auraient leur opinion, à eux, alors même qu'ils sauraient, par égard pour ceux qui les entourent, ne l'énoncer que lorsque la vérité les y obligerait.









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