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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
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RETOURCaprices Trop souvent je vois arriver à l'école une maman traînant par le bras un enfant qui crie et se débat. Il est pourtant sage à l'ordinaire, mais à la maison, on n'a pas fait ce qu'il voulait, on l'a peut-être frappé, et le voilà qui hurle et se roule par terre. Je lui adresse quelques paroles et s'il ne s'apaise pas laisse le petit braillard à terre. Je détourne alors l'attention des autres élèves en les appelant à la fenêtre: "Regardez ce remorqueur, ou bien ce nuage ou cet oiseau". Tous se précipitent et l'enfant en colère, qu'on ne plaint ni ne gronde, s'arrête de crier, un peu étonné. Secoué encore de petits sanglots, il se glisse près des autres et je ne lui accorde, pas plus maintenant qu'auparavant, d'attention spéciale. Ce procédé agit, la plupart du temps, extraordinairement vite, et il a, de plus, l'avantage que l'enfant n'oublie pas la leçon. Jamais encore un même écolier n'a essayé de scènes de ce genre plus d'une ou deux fois. On a presque toujours partie gagnée, quand on oppose à l'enfant un calme et une assurance imperturbable; rien ne s'impose plus sûrement à sa volonté. Cette sorte de suggestion est non seulement permise, mais tout indiquée. L'éducation morale de l'enfance s'appuie précisément sur sa grande suggestibilité. Plus je suis calme avec ma troupe, plus j'obtiens de calme; et si je parle de plus en plus doucement, les enfants cessent bientôt de crier ou de parler trop fort. Mais il arrive que des petits soumis à une bonne direction se montrent néanmoins capricieux. Chez beaucoup d'entre eux, il faut en chercher la cause dans un état maladif. Des enfants dociles deviennent parfois capricieux au cours d'une maladie. Que de fois n'entendons nous pas les mères excuser ainsi leur enfant: "Il a été longtemps malade, ça l'a rendu difficile". Il nous est aisé de comprendre et d'excuser les caprices d'un enfant malade, car nous aussi les grands, nous nous sentons moins maître de nous lorsque nous souffrons physiquement que lorsque nous sommes en bonne santé. Mais nous ne devons pas plus tolérer les caprices d'un enfant malade ou affaibli, que nous ne devons nous laisser aller nous-même à la mauvaise humeur. La difficulté est grande, car les excès de colère peuvent faire du mal à l'enfant énervé par la fièvre; la meilleure ressource est de distraire, de prévenir les occasions, d'égayer le petit malade au lieu de l'irriter. Souvent, la cause remonte à une maladie ancienne. Un enfant actuellement bien portant, mais qui a eu des convulsions autrefois, est souvent capricieux. L'irritabiité nerveuse a persisté, et n'est pas en état de dominer ses impressions qui se manifestent violemment. Quelquefois, il s'agit de nervosité transmise par hérédité. Il n'est pas rare de trouver chez les enfants de ce genre, outre cette humeur fantasque, de mauvaises tendances, par exemple l'habitude de se ronger les ongles..... Respirer profondément est un excellent moyen pour arrêter les mouvements trop vifs de la sensibilité. On devrait faire faire régulièrement des exercices respiratoires aux enfants capricieux. La circulation se régularise, la tête se décongestionne, les battements du coeur s'apaisent et le trouble nerveux qui est souvent la cause du caprice disparaît. On peut essayer ce moyen sur soi-même. Quiconque a eu à faire à des personnes capricieuses, susceptibles, aura sûrement à coeur de combattre cet insupportable défaut chez les enfants. |
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