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Beauté et Elégance
Rien n'est simple comme une femme bien élevée; la grâce est féminine, l'affectation ne l'est pas. Aux yeux de cette candeur parfaite, de cette simplicité absolue qui pratique l'oubli de soi sans y penser, les questions qui se rapportent à la figure ou à la toilette sont loin d'être aussi compliquées qu'on se l'imagine en général.
La beauté est belle, tout simplement. S'irriter contre la beauté, c'est s'en prendre à un don de Dieu. Pourquoi la beauté, que nous admirons dans les oeuvres de Dieu, nous deviendrait-elle tout d'un coup odieuse ou indifférente lorsqu'il la met sur son gracieux visage? Pourquoi forcer et fausser les choses? Pourquoi appeler le bien mal? L'Ecriture nous tient un langage très différent: elle parle de la beauté des femmes et ce n'est pas pour la maudire. Ceux qui la maudissent seraient surpris si je leur présentais ici les nombreux passages où elle est louée.
Ne nous laissons donc pas aller à cette fausse spiritualité qui renverse l'Evangile sous prétexte de le perfectionner. La beauté n'est pas plus un mal que la santé, que la force, que l'esprit, que le talent ou que la richesse. Faire un bon usage des dons de Dieu, résister aux tentations que nos privilèges font souvent naître, voilà notre métier de chrétiens; ceci est tout autre chose que de souhaiter la maladie ou la laideur, que de transformer l'ignorance en sainteté et la pauvreté en vertu. Les apôtres ne nous ont point donné de tels exemples.
On peut être belle avec simplicité de coeur, sans feindre de l'ignorer ou de s'en affliger, ou d'y être entièrement indifférente; être belle ainsi, c'est l'être deux fois....
La coquetterie n'entre pas dans les familles chrétienne. Là tout est trop sincère, pour que les affectations, les prétentions puissent y vivre longtemps. Sous l'oeil de sa mère, sous le regard de son Dieu, la jeune fille ne saurait adopter un rôle dépourvu de dignité. Les tendresses sérieuses qui font appel à son coeur ne laissent pas de place aux sentiments factices. Sa beauté est illuminée de candeur.
Est-elle laide, elle l'est aussi avec simplicité. Elle sait que d'autres sont plus belles; elle les admire, elle ne dit pas, elle ne pense pas que ce soit chose indifférente. Ces éloges naïfs de la beauté ont dans sa bouche une bonne grâce touchante. Elle n'a ni illusions ni découragements. Ceux qui l'aiment telle qu'elle est lui ont appris à vivre dans la vérité; or la vérité seule fait du bien. Et voilà une jeune fille qui paraît, qui devient charmante; la splendeur du dedans se trahit. Vous connaissez ces globes d'albâtre au travers desquels rayonne une lumière: qui s'inquiète des détails extérieurs du globe? On ne voit que la douce clarté.
Au sein des familles chrétiennes, les questions de toilette ne sont pas plus difficiles que les questions de beauté. Se mal mettre n'est pas une vertu; j'ai presque envie de dire c'est un vice. En tous cas, il y a là un oubli de ce que nous nous devons à nous-mêmes. Il est un soin de notre personne, une recherche de la saine élégance, qui s'accordent à merveille avec l'instinct du beau que Dieu a mis dans notre coeur.
Les jeunes filles bien élevées s'occupent de leur toilette avec simplicité (laissez-moi répéter encore ce mot, que rien ne remplacerait); elles s'en occupent, et ne s'en préoccupent pas. Le devoir, car c'en est un, est relégué à un rang légitime. Qu'elles soient pauvres ou riches, il n'importe, la véritable élégance tire parti de tout et elle s'inquiète peu de la splendeur plus ou moins grande des ajustements. Elle est élégante, l'ouvrière qui, vêtue d'étoffes communes, sait y mettre son goût, son adresse, son exquise propreté; elle n'est pas élégante, la dame à la mode qui marche surchargée de broderies et de bijoux, dont les robes coûtent de grosses sommes et ne durent que quelques jours, mais qui manque de distinction.
L'élégance est chose relevée, qui tient à l'âme et au sentiment de l'idéal. Une mère est chargée d'enseigner cela à sa fille. Par son propre exemple, par son comme il faut, par le soin irréprochable de sa mise, par son absence de recherche et d'ostentation, par son oubli d'elle-même, elle l'instruit mieux encore que par ses paroles. Elle met de la largeur dans ce qui concerne la toilette de sa fille, afin qu'elle soit en mesure de s'habiller selon sa condition et qu'elle y pense le moins possible. Si elle vient parfois à y penser trop, et cela arrivera, la mère l'avertit tendrement. Et ce qui ne l'avertit pas moins, c'est le milieu où elle vit. Là on approuve ce qui lui sied et on affecte pas de n'en rien dire; pourtant on ne s'arrête pas longtemps à ce grave sujet. Si les misérables propos du monde venaient à absorber ses pensées, si elle était entraînée un moment à analyser et à comparer des toilettes, si les futilités sottes et malsaines lui montaient au cerveau, elle se sentirait reprise en rencontrant au logis un ensemble de choses sérieuses et bonnes: des tendresses, des devoirs, des travaux. La famille, quand elle est ce qu'elle doit être, combat victorieusement les tentations de la parure comme celle de la beauté.
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