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L'Exemple

L'exemple des camarades ne s'impose pas avec autorité comme celui des parents, mais il séduit le coeur et le passionne facilement. L'enfant met au-dessus de tout la bonne opinion qu'auront de lui les compagnons de ses jeux et de ses études; il a une peur terrible de leurs moqueries.

Permettez-moi, sur ce point, de rappeler une anecdote qui semble caractéristique.

Un petit garçon avait fait consciencieusement son devoir pendant toute une semaine. Son père, pour le récompenser, voulut le mener à la promenade. Mais il fallait nécessairement passer devant la maison d'école, et l'heure approchait où les élèves moins sages, après avoir été punis par la retenue, allaient quitter leur prison. L'enfant préféra rester chez lui plutôt que de s'exposer à les rencontrer sur son chemin. «Ils se moqueront de moi», répétait-il sans cesse. - « Eh ! non, lui disaient ses parents, si quelqu'un a le droit de regarder les autres de haut, c'est celui qui n'a pas encouru la punition et qui mérite au contraire les éloges de son maître !» Mais dans le monde des enfants les choses ne se considèrent pas à ce point de vue. Les camarades sont plus nombreux, donc ils ont raison (1).

Les parents ont beau faire. Les enfants auront toujours un respect absolu pour l'opinion de leurs camarades et même à voir les choses de près, on peut affirmer qu'ils croient plus à la sagesse des bambins de leur âge qu'à l'expérience des personnes mûries par les luttes de la vie. Le jeune homme s'imagine que les vieillards ne comprennent plus le monde, que leurs idées sont passées de mode, surannées, et qu'un siècle nouveau n'est bien jugé que par ceux qui n'ont pas encore de la barbe au menton. L'histoire de Roboam qui suivait l'avis de ses amis préférablement à celui des conseillers de son père, est une histoire bien vieille, mais qui se renouvelle tous les jours.

Quand un enfant est envoyé pour la première fois à l'école, il traverse habituellement une période de crise. Les spectacles nouveaux qui frappent ses yeux exercent, sur sa manière de voir et de sentir, une perturbation profonde dont il n'est pas facile de comprendre toute l'intensité. On ne tarde pas à voir poindre en lui l'habitude du mensonge, l'esprit de ruse, le goût pour les polissonneries (2).

Le désir légitime de faire des progrès, de remplir son devoir, cède la place au plaisir de briller, à l'ambition d'obtenir les première places et de remporter des couronnes. Ce danger sérieux est bien connu des parents et quelques-uns essaient de le conjurer en conservant aussi longtemps que possible leur fils à l'ombre du toit paternel. Vain espoir! A quelque moment qu'on ajourne la crise, il faut qu'elle ait lieu, et d'ordinaire elle est d'autant plus dangereuse qu'elle a été plus retardée.

Quelquefois l'influence des camarades agit dans un sens favorable, mais c'est le cas le moins fréquent.

Surveillez aussi le choix des amis, en dehors de l'école. Vous ne pouvez pas imposer à vos enfants des relations que vous leur aurez vous-mêmes choisies, parce que le coeur à peu près seul détermine les sympathies et les répugnances; mais vous avez le droit de rompre toute liaison qui vous paraîtraît dangereuse.

Défiez-vous des amis que vous ne connaissez pas; faites naître des occasions pour introduire sous votre toit les jeunes gens avec lesquels votre enfant s'est lié: vous les jugerez ainsi par vos propres yeux, vous écarterez les mauvais, vous retiendrez les meilleurs, et, comme les meilleurs ont aussi des défauts, vous ne craindrez pas, à l'occasion, de leur adresser quelques avertissements ainsi que vous le feriez pour vos propres enfants.

Il faut aussi surveiller de très près l'influence des personnes plus âgées avec lesquelles les jeunes gens se trouvent en contact. S'agit-il de voisins? Ne laissez pas votre enfant fréquenter ceux qui ne vous inspirent qu'une confiance limitée, lors même qu'ils chercheraient à se l'attacher par des prévenances ou de petits cadeaux. S'agit-il de prendre des domestiques, de recevoir des pensionnaires ? donnez une grande attention au caractère des personnes qui vous sont présentées et n'obéissez pas exclusivement à vos convenances ou à vos intérêts. Laissez le moins possible vos enfants en contact avec ces étrangers, que vous ne connaissez pas jusqu'au fond et qui dissimulent devant vous leurs côtés défavorables. Avez-vous enfin le malheur d'habiter un appartement près duquel se trouvent des personnes sans moeurs ? Il n'y a pas à balancer. Quittez, quittez un logement qui présente des dangers sérieux, lors même qu'à d'autres égards il vous offrirait de nombreux avantages. Vous le fuiriez s'il était malsain, si une maladie contagieuse s'était déclarée dans le voisinage, si une industrie insalubre corrompait l'air que vous respirez; là contagion morale est pire encore. Le moment est venu de mettre en pratique l'ordre du Sauveur: «Si ton oeil t'est une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi. Si ton bras t'est une occasion de chute, coupe-le».


(1) Le refus de l'enfant n'était-il pas dicté par un sentiment de délicatesse ?
(Réd.).

(2) Cette affirmation et quelques autres du même genre nous paraissent un peu absolues (Réd.)









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