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L'importance des commencements
Au moment de la dentition, l'enfant porte instinctivement à ses gencives tous les objets qui tombent sous sa main; ses mâchoires commencent à s'exercer avant même que les dents aient paru. Secondez-le dans cet apprentissage que la nature lui inspire; donnez-lui quelque chose à mâcher, par exemple une croûte de pain dur. Cette croûte ne sera d'abord pour lui qu'un jouet, peut-être un soulagement à l'irritation des gencives; mais peu à peu il en amollira, il en détachera, il en avalera quelque chose, et il finira par conquérir ainsi une nouvelle et salutaire alimentation.
Dès que les dents sont venues, il est nécessaire de leur donner un exercice régulier et suffisant, un exercice qui mette en oeuvre toute leur puissance; c'est la condition de leur force, de leur santé, de leur durée futures. Gardez-vous bien alors de nourrir votre enfant uniquement de bouillies ou de potages! Que chaque jour une bonne partie de son alimentation consiste en croûte de pain ou autres corps durs, que cette habitude se prolonge pour lui jusqu'à l'âge mûr, et ses dents fortifiées par un constant exercice lui épargneront une cause fréquente de souffrances, de privations et de maladies.
Avec la variété des mets commencent les jouissances du goût, les préférences, la tentation de manger lorsque le besoin n'existe pas. Les parents sont heureux d'abord de pouvoir par quelque friandise procurer à leur enfant un plaisir qui leur semble innocent; mais il est rare qu'ils n'aient pas à déplorer plus tard un penchant qu'ils ont eux-mêmes excité. La gourmandise est dans la vie de l'homme la première manifestation de la sensualité, et cette manifestation peut amener et favoriser toutes les autres; ce serait déjà une raison pour attribuer à ce vice naissant une importance qui lui est généralement refusée; mais la gourmandise produit souvent par elle-même de funestes conséquences, soit pour le corps, soit pour le caractère: la débilité de l'estomac, l'intempérance, l'envie, la dissimulation, la désobéissance, les larcins; aussi doit-on, dès le commencement, éviter avec soin tout ce qui pourrait contribuer à l'exciter.
La gourmandise est beaucoup plus facile à prévenir qu'à corriger; une fois développée, elle est stimulée plus encore peut-être par ce qu'on refuse à l'enfant que par ce qu'on lui accorde. Veillez donc à ce que celui-ci n'attache pas une grande importance à ce qui se mange; vous y parviendrez par votre exemple, par vos discours, par votre conduite. Ne lui faites pas remarquer entre les mets des différences qu'il n'observe point lui-même; ne lui vantez pas le bonbon que vous lui donnez; ne lui en apportez pas exprès pour lui faire plaisir ou pour le récompenser; ne lui offrez des friandises qu'alors que d'autres en prennent autour de lui; mais aussi donnez-lui, autant que possible, de tout ce qu'il vous voit manger. Si, malgré tous ces soins, vous voyez sa gourmandise se développer, écartez les occasions qui pourraient l'exciter; efforcez-vous de soustraire à sa vue et même à sa pensée tout ce qui serait susceptible d'éveiller ses désirs.
Déjà vous l'avez assis par terre sur un tapis, avec les jouets qui conviennent à son âge; non point des joujoux de luxe qui ne lui donneraient que l'habitude de la destruction, mais des morceaux de bois de diverses formes, propres à servir de matériaux de construction; ou bien encore les premiers objets venus, pourvu qu'ils ne soient ni dangereux à manier, ni susceptibles d'être gâtés. (à suivre).
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