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Soumission volontaire

Comment obtenir la soumission volontaire chez les petits enfants ? Par des défenses ?

Dans une école où j'ai enseigné autrefois, le chemin qui conduisait du jardin à la salle de jeux passait devant l'entrée béante de la cave, tout près de l'escalier. C'était, depuis des années, le chemin habituel des enfants. Or, je m'avisai de songer que les enfants pourraient bien tomber dans la cave. Après les avoir fait mette en rang dans le jardin, je les avertis:

«Mes enfants, faites bien attention de ne pas tomber dans la cave.

- Dans quelle cave ?

- Où est la cave ?

- Qu'est-ce qu'il y a dedans?»

Les questions s'entrecroisent. Tous les enfants se dirigèrent ou plutôt se précipitèrent, curieux, vers l'escalier de la cave, et, l'après-midi, l'un d'eux tomba de plusieurs marches. Nous fûmes obligés de faire mettre au plus vite une porte devant l'escalier.

Qui était coupable ? Les enfants désobéissants ?

Non, mais tout simplement, cette défense inutile qui avait piqué leur curiosité.

Dans un autre établissement, je faisais souvent jouer mes petits avec de petites pierres, de tout petits galets plats et ronds, de la grosseur d'un pfennig. On dessinait ainsi des figures. Une de mes collègues eut alors l'idée d'un danger possible: les enfants pouvaient avaler les pierres. Aussitôt, j'avertis les enfants et leur défendis absolument de mettre les pierres à la bouche. Cette fois, sur 36 enfants, 12 mirent des pierres à la bouche. Il fallut renoncer à cette occupation pour six mois au moins. Et pourquoi ? Parce que les enfants étaient désobéissants? Non; parce qu'on leur avait indiqué un autre usage des petites pierres.

Quand la maman quitte la pièce en disant à sa petite fille: «Ne va pas vers la fenêtre ouverte, ne grimpe pas sur la chaise», il faut que l'enfant soit déjà rquablement élevée ou qu'elle ait bien peur, pour qu'elle obéisse.

On peut dire qu'une interdiction provoque précisément la tentation de désobéir, chez un enfant actif à l'esprit vif et imaginatif. Il suffit que je dise à un enfant de ma salle qui se tient mal: «Ne mets pas tes pieds sur la table», pour que deux ou trois éprouvent immédiatement le besoin d'essayer la chose.

Si l'on voulait bien examiner tous les cas de désobéissance, on ne trouverait que très rarement de la désobéissance directe. Presque toujours, on y verrait la manifestation d'un penchant, d'un défaut quelconque, curiosité espièglerie, étourderie, etc. Qu'on dirige alors ses efforts contre ce défaut, au lieu de s'en prendre à la désobéissance. Si nous avons cependant à défendre ou à ordonner quelque chose, gardons un ton bienveillant qui éveille des impressions joyeuses; les sensations pénibles provoquées par un ton menaçant paralysent toujours la volonté et portent atteinte au sentiment de la dignité personnelle.

Si vous avez à donner un ordre, dites-le sans ambages, nettement, en deux mots si possible, mais d'un ton enjoué. Une fois l'ordre compris, ne vous laissez pas entraîner à le répéter. C'est donner à l'enfant l'idée d'attendre une troisième, une quatrième répétition, et, chaque fois, nous devons hausser le ton; l'ordre devient un commandement, une contrainte, une menace à laquelle l'enfant cède finalement, mais à contre-coeur. Si l'enfant n'obéit pas à un ordre clair, exprimé d'un ton bienveillant, mais ferme, prenez patience un instant. Cet instant a, pour nous-mêmes, une grande valeur éducative. Nous prenons le temps d'examiner le cas et de nous ressaisir. Et, par cette attente, nous montrons à l'enfant que nous avons confiance qu'il obéira, nous fortifions sa volonté débile. S'il s'agit d'un enfant de volonté particulièrement faible, encourageons-le du regard, tout en attendant. Si nous avons affaire à un espiègle, il répondra à notre attente en attendant lui-même, pour voir jusqu'où ira notre patience. Celui-là, mieux vaut ne pas le regarder. J'ai plusieurs enfants de ce genre. Après leur avoir donné un ordre, j'ai l'air de m'occuper d'autre chose. L'enfant nous respecte ainsi davantage. Si nous sommes obligés toutefois de répéter un ordre, prenons une autre forme, sans modifier l'ordre lui-même. Ne retirons jamais un ordre; non seulement ce serait une défaite pour nous, mais l'enfant lui-même en souffrirait, car il doit apprendre à se soumettre à la volonté d'autrui, tant qu'il ne sait pas gouverner la sienne.









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