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Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
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Utilitarisme

A notre époque nous courons tous plus ou moins le risque de devenir des gens utilitaires (si nous ne le sommes pas déjà). Il en résultera que nos enfants le seront aussi en s'inspirant de notre exemple. Dans leurs rapports avec autrui ils rechercheront de préférence ceux ou celles dont ils auront à attendre quelquechose d'agréable ou d'utile.

Ne savons-nous pas par expérience que lorsque nous avons un renseignement à demander, une requête à adresser, nous trouvons le temps d'écrire une longue lettre, alors que nous n'adressons qu'une carte à l'ami ou au parent qui a le droit d'attendre de nous mieux que cela.

Ne prenons-nous pas la peine de nous déplacer lorsque nous avons quelque avantage à rencontrer la personne qui pourrait nous tirer d'embarras ? Faisons-nous ce même effort pour ceux auxquels nous n'avons à témoigner que de l'amitié ?

Gardons-nous un souvenir reconnaissant du service rendu lorsqu'il n'y a plus rien à attendre de celui qui s'est montré obligeant envers nous dans telle occasion ?

Ce sujet de réflexions opportunes est livré aux lectrices du journal. Le récit suivant tiré de l'ouvrage de Ch. Wagner, Par le Sourire, est assez suggestif pour nous convaincre qu'il est nécessaire de veiller sur le penchant à l'utilitarisme.

«Un jour il m'arriva ceci: L'histoire est vieille, je peux la raconter.

»Nous faisions une excursion à 15 ou 20 personnes dont une demi-douzaine d'enfants. Parmi ces derniers il y avait une petite fille, qui, dès le matin, insista plusieurs fois pour être portée.

»Je lui rendis ce service de bon coeur et la transportai par monts et vallées, tantôt assise sur mes épaules, tantôt pendue dans mon dos.

»A un moment donné tout de même je trouvai fatigant de continuer à faire le cheval, d'autant plus que celle que je portais avait de bonnes jambes. Je déposais donc ma cavalière sur le gazon avec un sourire.

»Elle me répondit par une moue !!

»A partir de ce moment elle alla marcher à côté d'autres personnes de la société et ne voulait même plus me donner la main.

»Tout le monde ayant vu à quel point cette enfant et moi nous avions fait bon ménage depuis l'aurore fut étonné de ce changement et quelqu'un demanda à la petite fille: «Pourquoi ne veux-tu plus lui donner la main?» Réponse «Il est très méchant, il ne veut plus me porter».

»Il y a beaucoup de gens de cette espèce dans le monde. Ils se font remorquer, porter, servir, gâter et lorsque la chose a vraiment assez duré, ils n'ont pas même l'idée de remercier; ils réclament, s'érigent en victimes, se plaignent de notre dureté de coeur» !

Telle était aussi la petite fille qui trouvait toujours que le jeu avait assez duré lorsque c'était son tour de tirer le char.

Veillons à cela, chères lectrices.









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