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Apprendre à obéir
Il est une obéissance de nécessité qu'on nous enseignera partout; l'obéissance de conscience doit nous être enseignée par notre père et par notre mère. Cette obéissance, active et non passive, provenant du devoir et non de la crainte ou du calcul, elle naît d'elle-même au sein des familles.
Qui fera, si ce n'est elle, l'éducation de notre volonté ? Qui lui donnera des habitudes de respect et de soumission? Qui saura, tout en s'adressant à notre spontanéité, tout en nous invitant à comprendre et à réfléchir, tout en respectant nos scrupules de conscience, nous incliner humbles et confiants, libres de la vraie liberté, sous le joug de l'autorité légitime ? Ceux dont les droits sur nous ont le caractère de l'évidence.
Le temps de la jeunesse appartient à l'autorité. C'est le plan de Dieu, et quiconque le change s'en trouve mal. Les vies où la période de l'autorité a été supprimée s'en ressentiront jusqu'au bout. Il nous est bon d'avoir plié, d'avoir renoncé à notre sens propre, d'avoir fait taire nos préférences. L'obéissance est une grande leçon.
J'entends l'obéissance filiale, celle qui est unique au monde, qui n'abaisse pas, qui n'affaiblit pas, qui redresse au contraire et qui fortifie, celle qui fait des hommes après avoir fait des enfants.
Des hommes, des enfants, il n'y en a pas tant qu'on le croit. Les hommes véritablement hommes ont été d'ordinaire véritablement enfants; ceux qui ont appris à commander avaient appris à obéir.
Lorsqu'on n'a pas appris à obéir dans son enfance, on apprend, hélas à obéir dans son âge mûr. Triste obéissance que celle-là: L'obéissance aux évènements, à la force, au succès, à l'opinion ! Les fils soumis sont les fermes citoyens; il n'est rien de tel que d'avoir fléchi à propos, pour ne pas fléchir à tout propos; de même que la dépendance vis-à-vis de Dieu est le fondement de l'indépendance vis-à-vis des hommes, de même la soumission à la juste autorité des parents sert de base aux fortes résistances que rencontrent les autorités injustes. Personne ne s'avilit en obéissant à son père (1), en sacrifiant une préférance à un devoir; les âmes ainsi exercées, ainsi forgées, sont celles qui comprennent le mieux la dignité humaine. Le devoir, qui nous apprend a courber la tête, nous apprend aussi à la relever...
Il y a une sévérité dure et sèche qui ferme le coeur , celle-là ne fait jamais de bien. Il y a une fermeté stoïque et tendre, qui exclut l'idolâtrie, qui ne caresse pas nos défauts et qui sait nous affliger, nous exposer peut-être, à force de nous aimer virilement; celle-là nous est nécessaire.... Par elle s'opère (chose rare !) l'éducation de la volonté; par elle se découvre à nous le côté austère de la vie, qui est aussi le côté élevé; par elle nous échappons à l'impuissance des gens blasés, nous acquérons du nerf, du ton, et au travers de chutes nombreuses nous pouvons avancer vers un but dont nous avons compris la grandeur.
(1) Il est des parents indignes auxquels leurs enfants doivent parfois refuser d'obéir. Réd.
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