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Chagrins d'enfants

Combien je les trouve légitimes, combien je les respecte, ces chagrins d'enfants ! Bien maladroite, la mère, bien peu sage, le père qui, sous prétexte de «détester les pleurards» cherchent à détruire dans le coeur de l'enfant cette sensibilité qui est le commencement inconscient de la sympathie, de la tendresse et d'autres qualités ou vertus précieuses pour la vie.

Prenons un exemple: Rose a découvert dans la platebande un fraisier en fleurs. Elle ne le dit à personne, car dans sa petite tête elle a tout un plan arrêté : elle surveillera cette plante, la soignera, et en portera le premier fruit à sa mère. Et d'avance elle se réjouit de la surprise, de la joie de celle-ci. Or, depuis quelques jours, l'objet de sa tendre sollicitude a fait de grands progrès; la fraise est bien formée et commence même à prendre des couleurs; et aujourd'hui Rose compte la cueillir, car ces deux derniers jours de pluie, qui l'ont empêchée de visiter sa petite amie, l'auront sans doute mûrie à point. Doucement, elle écarte les feuilles; mais, ô déception ! sa belle fraise est presque entièrement rongée par une limace. Désolée, la filette court à sa mère, se jette à son cou et lui raconte, en sanglotant, son chagrin à son attente trompée. La mère en rit, se moque de sa petite nigaude qui pleure pour une fraise rongée, comme s'il n'y en avait pas d'autres; elle exhorte l'enfant à garder ses larmes par une meilleure occasion, en ajoutant d'un ton consolateur : « Du reste, je n'y tiens pas, à ces premières fraises : elles sont trop froides pour l'estomac ».

Pauvre enfant ! je pleurerais volontiers avec toi, pas tant pour la fraise rongée que pour la douche d'eau glacée jetée sur ton petit coeur aimant et déçu.

Quelques années plus tard, cette mère se plaint du manque d'affection de son enfant, la traite d'égoïste et de fille ingrate. Qu'elle se souvienne plutôt de la fraise rongée et d'autres incidents semblables, et qu'elle se dise que l'oeuvre destructrice de la limace dans ce fruit jeune et tendre, n'est que l'image de sa propre oeuvre de destruction dans le coeur candide et sensible de son enfant; et sa pauvre consolation: « Je n'y tiens pas, à ces fraises » se dressera en jugement contre elle.

Pauvre mère ! pourquoi n'avoir pas su jadis sympathiser au chagrin de sa petite au lieu de s'en moquer? Pourquoi ne pas lui dire : « Petite Rose, je comprends ton désappointement; je suis touchée de ce que tu as pensé a me faire plaisir. Mais ne te désole pas. Viens me montrer ta fraise; nous chercherons le limaçon, et nous l'ôterons de là, pour qu'il ne te prépare pas de nouvelles déceptions ». Puis, très simplement, expliquer à l'enfant que bien souvent, dans la vie, le Seigneur permet de telles déceptions que nous devons accepter avec soumission et avec courage.

Point n'est besoin de se désoler ni de se décourager avec l'enfant en face d'une difficulté. Ce ne serait guère un servie à lui rendre, ni une marque de réelle sympathie qu'on lui donnerait. Ce serait tomber dans l'autre extrême. L'enfant est plus logique, il réclame plus et mieux de nous. Instinctivement il s'attend à ce que nous lui témoignons une sympathie qui le remonte, et non pas que nous nous complaisions avec lui dans son chagrin. N'oublions pas que les mécomptes, les désappointements et les chagrins d'enfants, sont proportionnellement aussi douloureux que les nôtres, et que par conséquent la manière dont on leur vient en aide, n'a pas moins d'importance pour eux que pour nous. Le chagrin à propos de la fraise rongée représente pour nous une «grande épreuve», une «déception amère», telle que pour la supporter nous avons besoin de toute notre énergie et de toute notre foi. Accordez donc à ces petits coeurs sensibles le secours et la sympathie qui leur sont si nécessaires, et vous verrez briller ces yeux d'enfants d'un éclat tout nouveau, d'une confiance plus entière en vous. Vous aurez désormais un puissant moyen, - infiniment plus puissant que la moquerie pour former leur caractère, pour leur apprendre à chercher la «cause» de leur douleur, à y remédier et à trouver la vraie source de la force pour supporter joyeusement les contrariétés de la vie.

Il y a cependant un chagrin, un sentiment de tristesse que nous aimerions rencontrer chez nos enfants, et dont l'absence nous afflige parfois. C'est la tristesse, ou plutôt le deuil à l'occasion du départ pour le ciel d'un être chéri. On se demande quelquefois dans ces occasions : « Mais cet enfant ne comprend-il pas? pourquoi ne pleure-t-il pas avec nous? n'a-t-il point de coeur? Ici encore, je prendrai la défense de l'enfant. Non, il ne comprend pas: vous lui avez de tout temps parlé du ciel comme du lieu le plus désirable, de la présence de Jésus comme du plus grand bonheur. Vous lui avez décrit les anges comme les êtres les plus enviables, en robes blanches, avec des palmes et des harpes à la main. Peut-être même lui avezvous dit qu'il trouverait au ciel David, Daniel et d'autres héros dont les histoires les ont charmés et enthousiasmés. Je sais pour ma part que mes garçons se réjouissent de demander à Daniel s'il n'a pas eu peur dans la fosse aux lions, à David de leur raconter l'histoire de Goliath, etc. Et vous vous étonnez que vos enfants ne s'associent pas à vos pleurs ? Là aussi les enfants sont plus logiques que nous. Puis, pour eux, les mystères et les terreurs de la mort n'existent pas. La mort, c'est l'entrée au ciel. Je répéterais volontiers le mot de mon petit garçon qui, à l'âge de 3 ans, voyant passer un corbillard me dit : « Maman, j'aimerais bien être là dedans ». Sa soeur, plus âgée de 3 ans, lui répond : « Mais, tu sais, on est mort, quand on est là dedans ». Sans se déconcerter, le petit homme réplique : «Oui, mais au moins on est avec Jésus ».

Ne les jugeons donc pas trop sévèrement ces chers petits ; mais voyons plutôt si nous ne pouvons pas prendre d'eux quelques leçons et devenir « comme des enfants ».









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