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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURAtmosphère de pardon Les évangiles sont tout imprégnés de l'idée du pardon. Par sa vie et par sa mort, Jésus-Christ nous a apporté la certitude du pardon de Dieu, mais il ne s'est pas borné à cela. Ses enseignements sur ce sujet sont nombreux et d'une précision absolue. Quelques-unes des paraboles y sont consacrées. Souvenons-nous en particulier que lorsque Pierre lui demanda: Combien de fois pardonnerai-je à mon frère lorsqu'il péchera contre moi ? Sera-ce jusqu'à sept fois ? Jésus lui dit: «Non pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à septante fois sept fois». Respire-t-on cette atmosphère de pardon dans les familles chrétiennes ? Demandons-nous si les enfants en observant notre conduite, en écoutant nos conversations reçoivent dans nos maisons les enseignements que les disciples de Jésus ont reçu de leur maître à cet égard ? Quelquefois, nous oublions que pardonner ce n'est pas pactiser avec le péché ! La faute qui a été pardonnée n'est pas amoindrie pour cela, mais elle cesse d'être un obstacle aux bons rapports qui seront rétablis entre l'offenseur et l'offensé. N'en est-il pas ainsi quand Dieu nous dit: «Tes péchés sont pardonnés» et non pas: «Tu n'as pas péché»? Notre Père Céleste use d'indulgence envers nous comme nous devons user d'indulgence envers nos semblables. Mais, est-ce ce que nous faisons quand nous renvoyons sans pitié un serviteur coupable; quand nous boudons parce que notre mari ou notre femme a manqué d'égards envers nous ou parce qu'il a oublié de faire ce que nous lui avions demandé? Le nom de certaine personne, prononcé devant nous, suffit parfois pour déchaîner notre mauvaise humeur. «Ne me parlez pas de X, je ne lui pardonnerai jamais». Or, X ne nous a peut-être jamais rien fait à nous-mêmes, mais il a prononcé des paroles malheureuses, il a obtenu la place que nous désirions ou, moins encore, nous avons cru discerner à son attitude qu'il cherchait à nous nuire. Peut-on se dire chrétien et rester des mois, des années sans adresser la parole à un parent ou à un voisin qui nous a offensés? Que doivent penser les enfants quand ils découvrent tout-à-coup qu'ils ont un oncle, une tante, un frère peut-être, dont on ne leur a jamais parlé. Que cette rupture ait été causée par une faute grave entachant l'honneur de la famille, par la légèreté, la paresse, l'amour du plaisir de l'offenseur, ou que des questions d'intérêt ou d'héritage soient en jeu, peu importe; si nous ne pardonnons pas franchement, joyeusement, en toutes occasions, nous montrons par là que la miséricorde de Dieu à notre égard n'a pas produit une assez profonde impression sur notre coeur. N'oublions pas que Jésus a pardonné à ceux qui l'ont mis au rang des malfaiteurs. Si nos enfants nous entendent parler de personnes qui, au point de vue ecclésiastique, politique, social, ont des opinions différentes des nôtres, ont-ils l'impression que l'esprit de pardon domine chez nous, ou bien les mots acerbes, les jugements méchants leur permettent-ils de croire que l'on peut traiter sans pitié ceux qui ne pensent pas comme nous ? Quelle est notre attitude vis-à-vis des ennemis de notre pays. Notre patriotisme consiste-t-il à envenimer les plaies saignantes, à reporter sur les hommes de notre génération les fautes qu'ont commises leurs devanciers, à envelopper dans une même réprobation les chefs, qui sont responsables et ceux qui n'ont fait qu'obéir à l'ordre donné ? Oh que nous sommes loin de Jésus disant: «Rendez à César ce qui est à César». César c'était l'empereur romain, le vainqueur du peuple juif! Qu'on ne dise pas: c'est impossible, un bon patriote ne peut pas pardonner. «Si vous ne pardonnez pas aux hommes, notre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses» (Math. 6. 14). Dirions-nous peut-être en répétant l'oraison dominicale: Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés; seulement ceux qui nous ont offensé notre famille, notre église, notre pays, nous ne leur pardonnerons jamais ! Plaçons-nous plutôt en face de l'admirable tableau de Burnand représentant le père de l'enfant prodigue. Il abrite ses yeux de la main et scrute au loin l'horizon pour y découvrir celui auquel il a dès longtemps pardonné. En contemplant ce beau et calme visage, laissons-nous envahir par l'amour intense. Seul l'amour peut vaincre la haine. Peut-être n'aurons-nous jamais la joie de dire à ceux qui nous ont offensés: «Je te pardonne», mais notre vie et la vie de nos bien aimés sera illuminée par la paix qui remplira notre coeur et nous pourrons ensemble: «prier pour ceux qui nous maltraitent et qui nous persécutent» (Math. V. 44). |
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