
|
|
Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
Le sourire
Mme Dubois et Mme Vincent causaient sur le palier, quant vint à passer Mme Durand qui, avec amabilité, salua ses deux voisines, et descendit vivement l'escalier.
«Je voudrais bien savoir, dit Mme Dubois, ce qui fait que Mme Durand a toujours l'air heureux, et que ses enfants sont les premiers en classe, qu'ils ne semblent pas donner d'ennuis à leur mère et lui obéissent au doigt et à l'oeil.
- Je sais, répondit Mme Vincent, que Mme Durand raconta un jour à mon mari, que depuis qu'elle avait trouvé la joie, tout allait bien.
- La joie, risposta Mme Dubois, qu'est-ce qu'elle entend par cela? Mais voici qu'elle remonte, si nous lui demandions qu'elle nous explique cela.
- Voyons Mme Durand, il paraît que tout va bien chez vous depuis que vous avez trouvé la joie, comment cela s'est-il fait? - Eh ? bien Mesdames, vous savez, répliqua Mme Durand qu'autrefois tout allait bien mal chez nous, on se levait de mauvaise humeur, on se disait des paroles blessantes, les enfants se querellaient sans cesse entre eux, ils arrivaient en retard à l'école, mon mari se plaignait de tout, et moi je me sentais découragée, à bout de force.
Un jour, à l'ouvroir où je porte mon travail, une dame remarqua combien j'avais l'air triste et accablée. Elle me dit: «Qu'est-ce que vous avez Mm, Durand?» Alors, je lui racontai tout ce que j'avais sur le coeur, comme quoi on n'arrivait à rien, que les enfants étaient paresseux, turbulents, que mon mari était mécontent et de mauvaise humeur. Alors cette dame me dit: «Il faut apprendre à sourire, à être joyeuse».
- Etre joyeuse, lui dis-je, mais je n'ai rien pour l'être, puisque tout va si mal chez nous.
- Essayez donc, continua cette dame, de croire au contraire que tout va aller bien: en rentrant, au lieu de commencer par gronder, commencez par sourire, vous verrez que les enfants seront si étonnés, que de surprise ils seront sages. Puis le matin, vous vous lèverez le sourire aux lèvres, impossible de dire une parole dure et blessante, si l'on sourit».
Ma foi, en partant, j'ai réfléchi qu'il ne serait pas difficile d'essayer ce remède et qu'il ne coûterait pas cher !
Donc, en ouvrant la porte, les enfants étaient dans la chambre, à crier, à se taquiner; au lieu de dire: «Taisez-vous donc, vous ne pouvez jamais être sages et raisonnables», je leur dis: «Allons, montrez-moi un peu vos figures, que je voie votre mine», et je leur donnai à chacun un bon baiser, en ajoutant: «Qui veut venir m'aider à faire la soupe?» Jamais vous n'avez vu personne de plus surpris que les enfants; ils me regardaient tout effarés comme si j'étais malade. Marie sauta à mon cou en murmurant tout bas à mon oreille: «Tu sais maman, j'ai encore été méchante à l'école». J'avais envie de lui donner une bonne claque, ma main se levait toute seule par habitude, quand je me suis rappelé ma résolution, alors, j'ai, souri en lui disant: «Cela me fait du chagrin, mais je sens que tu vas essayer de devenir sage», et je l'embrassai bien fort.
Que voulez-vous, je ne puis pas vous expliquer pourquoi ou comment cela s'est fait, mais depuis ce soir là, j'ai mis le sourire partout, et peu à peu tout a changé, je ne criais plus, je n'étais plus impatiente, je voyais que mes enfants obéissaient bien mieux quand je faisais appel à leur coeur qu'ils ne l'avaient fait quand je les bousculais et les secouais. Maintenant nous pratiquons tous le sourire, et cela nous a mis la joie dans le coeur. Vous voyez, Mesdames, c'est bien simple, tout le monde peut essayer»; et ce disant, Mme Durand salua d'un bon sourire ses voisines et monta bien vite chez elle pour mettre tout en ordre avant la rentrée de ses enfants et de son mari !
|
|
|