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Réflexions d'un père

C'est peut-être un défaut de l'éducation française d'être trop développée dans le sens négatif, dans le sens de l'arrêt des impulsions. Une intervention douce, il est vrai, mais perpétuelle dans les actions et les pensées de l'enfant finit par l'envelopper d'une trame qui entrave ses pensées et ses actes.

A notre époque, c'est du moyen inverse qu'il faut user le plus souvent. L'encouragement cordial et simple favorise l'initiative, il pousse à l'activité et à l'effort tandis que le blâme les paralyse.

Il faut avoir soin de traiter l'enfant comme un être raisonnable et éviter de rire de ses idées, on ne sait pas le mal que la moquerie peut faire et l'influence néfaste qu'elle a dans les écoles.

Nous devons chercher à obtenir l'obéissance de l'enfant en lui demandant un minimum d'effort, en lui donnant des habitudes. Pour cela, faisons avec lui les choses que nous désirons lui voir faire régulièrement; surveillons-le jusqu'à ce que la routine soit acquise.

Il ne faut pas confondre un ordre et une observation. Si vous avez simplement dit à un enfant qu'il était mauvais pour lui de faire telle ou telle chose; par exemple, qu'en laissant traîner sa poupée elle pourrait être cassée, il faut ensuite le laisser libre de faire ses expériences. Si vous lui avez montré qu'il serait gentil de partager son gâteau, cela suffit, il faut le laisser se décider à son idée, quitte à lui dire ensuite, s'il y a lieu, que vous êtes attristé par son égoïsme, mais sans l'en punir.

Par contre, si vous avez donné un ordre, l'enfant doit savoir qu'il ne peut ni résister, ni transiger, mais que la punition suivrait de suite la désobéissance.

Il y aurait grand profit à s'inspirer des moyens employés pour dresser les chiens et les chevaux, lorsqu'on veut habituer un enfant à l'obéissance. Sans doute, il ne s'agit pas de dresser les enfants à accourir à un coup de sifflet, quoique cela puisse être commode quand on promène une bande nombreuse dans une foule, mais les procédés pour faire obéir les animaux sont intéressants, parce qu'ils demandent plus d'efforts de la part de l'éducateur que du sujet.

Si l'on usait d'autant de méthode avec les enfants qu'avec les petits chiens, on aurait moins de soucis et de déboires. Causons donc des petits chiens: on commence par leur demander des choses instinctives: suivre leur maître quand il court en sifflant et en montrant au besoin un morceau de sucre. Puis, rejoindre leur maître immobile et ainsi de suite progressivement en observant les règles suivantes; demander très peu à la fois et quitter le dressage avant que l'attention se fatigue. Après chaque obéissance, il faut donner une récompense qui peut être toute petite, une seule caresse par exemple. Après un insuccès recommencer et s'il se renouvelle infliger une légère punition, puis laisser reposer un instant avant de reprendre l'exercice. Dès qu'on a de nouveau un petit succès donner une récompense et ne plus rien demander pour le moment.

De même pour les enfants ne leur donner des ordres que quand on est sûr de pouvoir être obéi; en cas de doute joindre à la parole un acte qui la confirme. Par exemple, prendre l'enfant par la main en lui disant «viens faire ceci».

On peut faciliter l'obéissance en décomposant les ordres: un enfant lit un livre amusant et doit aller faire ses leçons; si vous lui dites: «va faire tes leçons» il faudra qu'il soit étonnamment sage pour obéir immédiatement sans résistance; mais si vous vous approchez et dites en tendant la main «donne-moi ton livre», puis: «lève-toi», puis: «va faire tes leçons», il obéira bien plus aisément. Il y a un autre avantage. C'est que vous engagez une partie plus facile à gagner. Si l'enfant n'obéit pas au premier ordre «donne-moi ton livre», vous pouvez le lui prendre et conserver votre autorité, s'il se fâche, vous êtes encore libre de ne pas engager la deuxième bataille, d'attendre qu'il soit calmé pour lui commander de faire ses leçons, ou même de ne pas le lui commander en vous bornant à dire: «Je te rendrai ton livre quand tu auras fini tes leçons».

On peut aussi dire à un enfant qu'il devra avoir commencé à faire telle chose avant qu'on ait compté 10 ou 20; mais il faut compter sans s'arrêter, et que l'enfant soit certain qu'il sera puni s'il n'obéit pas à temps, même s'il s'en faut d'un instant seulement. Cela a l'avantage d'accorder un peu de temps de réflexion à l'enfant tout en lui donnant un ordre précis. On peut citer le cas d'un garçon soumis à ce régime pour lequel les mots: «Je vais compter» devenait une menace à laquelle il s'empressait d'obéir en disant: «non, non, ne pas compter».

Les ordres doivent être aussi simples et courts que possible; quand on ajoute des explications loguement motivées, des paroles persuasives, elles constituent un aveu d'impuissance que l'enfant sent parfaitement et qu'il exploite merveilleusement. Il pourra formuler des objections, engager une conversation, faire dévier la question et pendant ce temps ne tenir aucun compte de votre pire ordre; s'il obéit ensuite c'est par condescendance, il se croit le maître de la situation.

Cela ne veut pas dire qu'il ne faille pas causer avec les enfants de ce qu'ils doivent faire, et renoncer il s'adresser à leur raison et à leur coeur; il est essentiel au contraire de s'entretenir avec eux, d'échanger avec eux ses idées, de leur faire comprendre leur devoir, de développer leur réflexion; seulement à ces moments-là, il ne faut plus commander.

Si l'on se voit obligé de recourir trop souvent aux punitions, il faut se demander si l'on n'a pas donné trop d'ordres, ou exigé de l'enfant des efforts au-dessus de sa portée.

Le cheval auquel on veut faire sauter un obstacle trop élevé se bute et refuse d'avancer; l'on n'obtient ensuite son obéissance qu'au prix des plus grands efforts.

La nécessité de tenir jusqu'au bout quand ou s'est engagé, montre combien il est important de limiter son programme d'éducation à ce qui est le plus essentiel.

Enfin, si nous sommes parvenus à rendre notre enfant obéissant, il faut user de cet avantage à son profit, et ne pas en abuser pour notre commodité.









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