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L'éducation de la conscience

Combien différents sont les humains dans leurs dispositions extérieures et intérieures, dans leurs habitudes et leurs goûts, dans leurs besoins et leurs désirs ! Mais plus profonde encore que toutes ces diversités qui nous sautent aux yeux est la différence dans le degré de développement de leur conscience. Cette voix intérieure est mystérieuse et cachée, c'est elle qui indique d'une manière sensible le chemin du bien et du mal. Qu'est-elle? d'où vient-elle? Qui l'expliquera? Chez l'un elle est une puissance dominatrice qui régit la vie d'une manière presque tyrannique; chez l'autre elle n'est qu'un faible sentiment gênant et passager dont il ne se rend pas bien compte. Chez l'un c'est une aiguille aimantée qui tremble au moindre courant électrique; chez l'autre une lourde barre de fer que l'orage même ne peut ébranler.

D'où viennent ces différences? Plus j'y pense, plus il me semble évident que la conscience est susceptible d'éducation, de développement; que c'est une faculté qui peut s'éteindre si elle n'est pas fortifiée du dehors on plutôt d'En-Haut. Que de fois on se demande: Cet homme n'a-t-il pas de conscience? Un pauvre vient à vous, vous dépeint éloquemment sa misère en racontant une histoire touchante. Vous sentez que c'est inventé. Mais lui n'a aucune idée qu'il ment, et que ce chemin est mauvais; peu lui importe, pourvu qu'il reçoive un don: il est nécessiteux et tout moyen lui est bon. Si on cherche à le convaincre qu'il veut arriver à ses fins d'une manière déloyale, il regrette, avec un sourire dissimulé, d'avoir été démasqué et craint de ne rien recevoir, mais jamais il n'est honteux du péché, du mensonge en lui-même. Vous secouez la tête en pensant : Où est sa conscience?

On se plaint de la négligence et de l'infidélité de certains domestiques. Et ce n'est pas sans raison. A quoi cela tient-il? Ils n'ont pas de conscience. Sinon comment passeraient-ils cent fois devant un désordre sans le voir, comment feraient-ils leur travail seulement à moitié et perdraient-ils tant de temps à bavarder ? Comment se feraientils répéter tant de fois la même chose? La surveillance de la conscience serait plus sévère que celle de leurs maîtres s'ils étaient habitués à l'écouter. Mais elle peut se perdre chez l'enfant déjà. J'ai entendu parler d'une petite Léa qui était assise à côté de sa mère, comme celle-ci était occupée à faire péniblement ses comptes, les comparant avec l'état de sa caisse et trouvant toujours un déficit de 5 francs. Elle réfléchissait profondément. - « As-tu inscrit les petits pains de vendredi passé? » suggérait Léa. - « Oui ». - « Ce sont peut-être tes cerises de hier? » - «Ce n'est pas cela non plus y ».Léa réfléchissait le doigt sur la bouche.

Enfin la mère ferma le livre : «Impossible, dit-elle, d'éclaircir la chose ». Quelques semaines après seulement, on découvrit que Léa avait pris ces 5 francs et les avait dépensés chez le pâtissier. Où était sa conscience?

Mais comment faut-il maintenir la conscience en éveil? Comment soigner cette plante délicate pour qu'elle ne meure pas, mais qu'elle vive? Je crois que ce devoir incombe à la mère, c'est même la partie principale de la grande oeuvre que Dieu lui a confiée. C'est un danger de notre époque de tolérance qu'une mère, bien qu'attentive et aimante, néglige, sans s'en apercevoir, ce sérieux devoir. Il y a des enfants très gentils et aimables qui n'ont pas la plus petite idée du bien et du mal et ne connaissent pas même cet affreux mot : péché! Il semble à la vigilante mère que ce mot, employé en leur présence, ternirait leur innocence enfantine. Quelle est donc la limite nécessaire entre ce qu'on petit faire ou ce qu'on doit éviter? « Maman n'aime pas ça. Hélène, ne fais pas cela, ce n'est pas gentil. Comme c'est vilain de parler comme cela, Charles ». Tels sont les motifs qui sont présentés aux enfants. Plus tard, on leur parle de ce que disent « les gens », de ce que pense « le public » ou de ce qui se fait dans le monde ». Malheureusement on sait qu'alors ils en viennent à ne plus s'inquiéter de ce que disent et Maman, et les gens, et le monde!

Une semblable éducation n'est que pour l'apparence si ce n'est rien de pire. On peut ainsi réprimer des défauts manifestes, tels que la désobéissance, la gourmandise, la mauvaise humeur, mais on n'arrive pas jusqu'au fond du coeur, où sont les racines du mensonge, de l'égoïsme, de l'envie, de la volonté propre.

L'idée de ce que Dieu veut et de ce qu'il défend ne s'approfondit que peu à peu. Quand votre petit enfant se débat parce qu'il n'obtient pas ce qu'il veut, arrache à son frère ses jouets, donne des tapes de colère, jouit tout seul de ce qu'on lui a donné, ment pour échapper au blâme, accuse méchamment ses frères et soeurs, sa mère a l'occasion de lui dire : « Ceci est mal, cela déplaît à Dieu, c'est du péché devant Lui ! »Dès qu'elle place le commandement divin au-dessus du sien, involontairement la voix de la conscience se réveille chez l'enfant. En joignant ses mains le soir, il se rappelera ses fautes de la journée et s'adressant à Dieu il dira tout naturellement: « Pardonne-moi tout ce que j'ai fait de mal aujourd'hui. » Plus l'enfant apprendra à reconnaître le mal, plus sa conscience sera sensible quand la tentation reviendra. Un moyen très simple d'éveiller et de diriger la conscience dans le bon chemin est de raconter l'histoire sainte. Involontairement l'enfant applique la leçon à son propre cas. Il faut la lui raconter de bonne heure, aussitôt qu'il peut écouter, cela fait plus que cent avertissements et punitions. Je voudrais encore recommander quelque chose aux mères: c'est de punir différemment suivant la nature de la faute. Ne punissez pas ce qui a été fait par ignorance ou négligence aussi sévèrement qu'une désobéissance au commandement de Dieu. Une mère me racontait dernièrement un exemple frappant quoique un peu exagéré. Elle couchait un soir sa petite fille qui lui faisait beaucoup de peine par son penchant au mensonge Elle l'avait souvent pressée de ne jamais prier Dieu le soir sans lui avoir auparavant avoué ce qu'elle avait sur la conscience. Ce soir-là, la mère savait qu'Anna avait dit un mensonge, et elle espérait que l'enfant avouerait sa faute avant de faire sa prière. Quand Anna fut au lit, elle cacha en sanglotant sa figure dans ses coussins. La mère pensait avec satisfaction : « Cela va venir. » Mais l'enfant dit seulement en pleurant: « Ah, maman, c'est affreux, j'ose à peine l'avouer, j'ai perdu aujourd'hui mon mouchoir neuf.» Ce fut tout. Indignée, la mère infligea à sa fillette une sévère punition: « C'est ce que tu mérites, s'écria-t-elle, pour parler d'un mouchoir quand tu as dit aujourd'hui un mensonge. »

La mère avait raison de montrer clairement à son enfant que perdre un mouchoir et dire un mensonge sont deux choses et qu'elle n'admettait pas un repentir plus grand pour une étourderie que pour un péché!

On a beaucoup gagné, quand l'enfant peut se vaincre au point d'avouer un tort, de reconnaître un péché. Un homme qui peut faire cela a surmonté le plus grand obstacle de sa route, car il a donné le coup de mort à l'orgueil.

Notre temps a tellement besoin d'hommes ayant la conscience éclairée et droite ! La morale vague et les lois éthiques dont on écrit tant, ne forment pas une race vaillante et intègre, mais seulement des êtres égoïstes, ambitieux, avides de plaisir comme nous en voyons tous les jours autour de nous. Mais chez les enfants ce don de Dieu, la conscience, est encore pur et sans tache. C'est pourquoi, mères, soignez cette délicate petite plante, développez-la, faites-en un arbre solide, inébranlable. Cette éducation leur préparera une vie employée au service de la droiture, du devoir et de l'amour.

Commencez de bonne heure, le plus tôt sera le mieux.









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